En direct
A suivre

Viol collectif et punitif en Inde : les hommes ont fui le village

Des suspects du viol collectif sont emmenés par la police, près de Subalpur en Inde le 23 janvier 2014 [ / AFP] Des suspects du viol collectif sont emmenés par la police, près de Subalpur en Inde le 23 janvier 2014 [ / AFP]

Les hommes désertaient vendredi Subalpur, village de l'est de l'Inde, théâtre du viol collectif d'une jeune femme de 20 ans ordonné par le conseil des anciens, qui a suscité l'indignation des défenseurs des droits des femmes.

 

Treize hommes ont été arrêtés après le viol en réunion de cette femme en représailles d'une relation amoureuse qui aurait "déshonoré" sa communauté, installée dans une poignée de huttes en terre au milieu de palmiers et de rizières.

La victime a été emmenée dans la nuit de mardi à mercredi dans une cabane de chaume et violée à plusieurs reprises.

Ses voisins décrivent une charmante jeune femme qui prévoyait de se marier avec son compagnon musulman.

"Elle était charmante et bien élevée", déclare Laxmi Murmu, une voisine de 45 ans vivant à proximité.

"Le garçon avait promis de se marier bientôt avec elle. Mais le conseil du village s'y opposait parce que le garçon est un musulman", ajoute-t-elle.

Selon la police du district, une région située à cinq heures de la capitale de l'Etat Kolkata (Calcutta), la foule s'est formée devant chez elle après le crime et a menacé de nouvelles violences si elle décidait de parler.

 

"Conséquences terribles"

 

"Les membres du conseil de village l'ont menacée de conséquences terribles si elle décidait de déposer plainte" a déclaré Kazi Mohammad Hossain, un responsable de la police de Labphur, à l'AFP.

Des suspects du viol collectif sont emmenés par la police, près de Subalpur en Inde le 23 janvier 2014 [ / AFP]
Photo
ci-dessus
Des suspects du viol collectif sont emmenés par la police, près de Subalpur en Inde le 23 janvier 2014
 

"Les villageois ont encerclé sa maison mais mercredi après-midi, elle a réussi à s'échapper et est venue porter plainte au poste de police".

"Elle boitait et saignait lorsqu'elle est arrivée", a-t-il expliqué.

La plupart des hommes avaient fui le village lors de la visite de l'AFP vendredi matin, laissant seuls femmes et enfants, peu enclins à parler des événements de la nuit de mardi.

Une douzaine de policiers se tenaient à l'entrée de la petite cabane en bambou et toit de chaume où s'est déroulée l'agression sexuelle. Selon les voisins, cette structure servait de cuisine au chef du village.

A l'intérieur, un journaliste de l'AFP a trouvé un lit de fortune en bois, une moustiquaire et des ustensiles de cuisine.

 

Défaillances dans la prévention des crimes sexuels

 

Ce crime a mis à nouveau en lumière les défaillances de l'Inde dans la prévention des crimes sexuels, alors que le viol en réunion en décembre 2012 à New Delhi d'une étudiante, morte de ses blessures, avait déclenché des manifestations de colère dans tout le pays.

A Subalpur, selon ses voisins, la jeune femme tranquille vivait avec sa mère et travaillait comme ouvrière agricole, payée une misère.

Selon la voisine Laxmi Murmu, le conseil de village régente la vie quotidienne du village, n'hésitant pas à punir tout forfait, comme un vol.

Les anciens siégeant à ce conseil avaient initialement condamné la famille de la victime à une amende de 25.000 roupies (300 euros) pour cette liaison interdite, une somme dont elle ne pouvait s'acquitter vu son peu de moyens, selon la police.

Ces conseils de village, composés des habitants les plus âgés, exercent une influence importante sur la vie sociale dans les régions rurales, en particulier dans le nord de l'Inde. Leur influence est dénoncée par les ONG de défense des droits des femmes.

Les relations amoureuses sont un sujet très sensible dans ces zones rurales, où les relations sexuelles avant le mariage sont taboues et les mariages fréquemment arrangés au sein d'une même caste ou d'un même groupe religieux.

La victime était toujours hospitalisée vendredi, selon un responsable de l'hôpital local de Suri Sadar.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités