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Bethléem espère la manne touristique après des années noires

L'église de la Nativité et la place de la Mangeoire décorées pour Noël, à Bethléem le 24 décembre 2012 [Hazem Bader / AFP/Archives] L'église de la Nativité et la place de la Mangeoire décorées pour Noël, à Bethléem le 24 décembre 2012 [Hazem Bader / AFP/Archives]

Après une sombre décennie, Bethléem a bénéficié récemment d'un afflux record de pèlerins, surtout à Noël, mais la première destination touristique de Palestine reste prisonnière du mur de séparation israélien qui la coupe de Jérusalem toute proche.

"Bethléem, une de nos principales attractions touristiques, est encerclée par 27 colonies. En conséquence, nous sommes entourés de hauts murs, de clôtures et de checkpoints intimidants qui dissuadent les touristes", déplore la ministre palestinienne du Tourisme, Rola Maayah.

"On pourrait développer le tourisme, attirer des gens du monde entier, mais ce n'est pas possible à cause de l'occupation (israélienne)", explique-t-elle.

Depuis 2002, Israël a érigé en Cisjordanie une barrière de sécurité --baptisée "mur de l'apartheid" par les Palestiniens-- qui sépare Bethléem de la Ville sainte, éloignée de moins de 10 km, et des localités palestiniennes avoisinantes.

L'extension des implantations juives à proximité contribue à dessein à isoler encore la ville berceau du christianisme, accusent les Palestiniens.

Pourtant, depuis son classement au Patrimoine mondial de l'UNESCO en juin 2012, salué comme une victoire diplomatique "historique" par les Palestiniens, Bethléem espère un bond touristique, crucial pour l'économie locale.

Car dans cette cité de 25.000 habitants, où presque un sur quatre est au chômage, le revenu de deux foyers sur trois dépend de l'industrie du tourisme.

Bethléem, le lieu de la naissance de Jésus selon la tradition chrétienne, a reçu plus de deux millions de personnes en 2011 et 2012, des foules record après des années 2000 difficiles en raison de la deuxième Intifada.

"Il y a eu un bond sensible du tourisme en Palestine en 2012, avec une hausse de 18% du nombre de visiteurs", relève Rola Maayah. Un peu plus de la moitié sont des étrangers.

Avec 3.800 chambres, Bethléem représente près de la moitié de la capacité hôtelière de la Cisjordanie. Toutefois, le taux d'occupation (65% à 70%) est inégalement réparti durant l'année.

'Bethléem n'est pas un musée'

Foud Twal, le patriarche latin de Terre Sainte, porte une statue de l'enfant Jésus dans l'église de la Nativité à Bethléem pendant la messe de Noël, le 25 décembre 2012 [Abed al-Hashlamoun / Pool/AFP/Archives]
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Foud Twal, le patriarche latin de Terre Sainte, porte une statue de l'enfant Jésus dans l'église de la Nativité à Bethléem pendant la messe de Noël, le 25 décembre 2012

"Nous sommes remplis à l'avance pour les fêtes chrétiennes mais il y a beaucoup de chambres vides pendant le reste de l'année", admet Fairouz Khoury, directrice adjointe de la chambre de commerce de Bethléem.

"Nos visiteurs devraient savoir que Bethléem, ce n'est pas seulement la Nativité", souligne Vera Baboun, une Palestinienne catholique, à la tête de la mairie depuis 2012, qui regrette que la plupart d'entre eux ne s'attardent pas.

Les pèlerins -- en majorité des Russes, des Américains et des Polonais -- descendent des cars, visitent à la queue leu-leu la Basilique de la Nativité, l'une des églises les plus anciennes et sacrées de la chrétienté, et repartent aussitôt. Rares sont ceux qui passent plus de quelques heures en ville.

"Cette année notre devise est +Venez à la maison pour Noël+, ce qui veut dire: prenez le temps de vous balader à pied dans les ruelles de la Vieille ville, de parler aux habitants, aidez-les à vivre ici", plaide Vera Baboun, la première femme à administrer la cité. "Bethléem n'est pas un musée", a-t-elle proclamé dans ses voeux de Noël.

Les guides touristiques palestiniens dénoncent aussi le traitement de faveur accordé selon eux à leurs concurrents israéliens.

Ces derniers sont quelque 150 à pouvoir venir à Bethléem, qui est une zone autonome palestinienne, tandis que 42 Palestiniens seulement sont homologués pour opérer en Israël et à Jérusalem-Est, précise la chambre de commerce.

"Ils prennent plus de 80% du marché", se plaint Mohammed Awadallah, un guide palestinien.

Une petite fille mange de la barbe à papa devant la crèche de l'église de la Nativité, le 24 décembre 2012 [Hazem Bader / AFP/Archives]
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Une petite fille mange de la barbe à papa devant la crèche de l'église de la Nativité, le 24 décembre 2012

Les autorités israéliennes, qui courtisent aussi assidûment le lucratif marché des pèlerins chrétiens, récusent les accusations de discrimination.

"Nous faisons tout notre possible pour que chaque chrétien puisse visiter les lieux saints", assure le ministre israélien du Tourisme Uzi Landau.

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