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Au Cachemire indien, un pèlerinage menace un coin de l'Himalaya

Des déchets s'accumulent sur les pentes conduisant au sanctuaire Amarnat, dans le Cachemire indien, le 18 août 2013 [Tauseef Mustafa / AFP/Archives] Des déchets s'accumulent sur les pentes conduisant au sanctuaire Amarnat, dans le Cachemire indien, le 18 août 2013 [Tauseef Mustafa / AFP/Archives]

Chaque été pendant deux mois, des centaines de milliers de pèlerins hindous se rendent dans une grotte de l'Himalaya, un site sacré à 3.800 mètres d'altitude dans le Cachemire indien. Et laissent en repartant quantité d'ordures et de déchets organiques.

Le sanctuaire Amarnath, un des sites les plus vénérés par les hindous, flotte au milieu des nuages. A la fin de la saison estivale des pèlerinages, le lieu porte les stigmates de l'afflux des visiteurs: bouteilles vides, sac en plastique et matières fécales ponctuent les chemins escarpés.

Des ordures tombent dans les glaciers et sont emportées vers les vallées à la fonte des neiges, souillant les eaux que boivent les populations en bas, soulignent les défenseurs de l'environnement.

"Il y a plus de 53 glaciers dans cette zone", explique le professeur Shakil Ramshoo, qui dirige le département des sciences de la Terre à l'université du Cachemire. "Des quantités énormes de matière fécale et les déchets des multiples gargotes vont directement dans les eaux, détériorant leur qualité".

Le gouvernement et les organisateurs du pèlerinage assurent améliorer chaque année le dispositif de protection des lieux.

La direction du sanctuaire indique que les opérations de nettoyage se poursuivent deux mois après la fin du pèlerinage, et deux systèmes de traitement des eaux usées ont été construits près des deux principaux camps de base, au début de la marche.

Des pélerins sur le sentier conduisant au sanctuaire Amarnath, un des sites les plus vénérés par les hindous, dans le Cachemire indien, le 18 août 2013 [Tauseef Mustafa / AFP/Archives]
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Des pélerins sur le sentier conduisant au sanctuaire Amarnath, un des sites les plus vénérés par les hindous, dans le Cachemire indien, le 18 août 2013

Des centaines de toilettes préfabriquées sont installées le long des sentiers pendant l'été, mais très peu sont spécialement conçues pour éviter que les matières organiques glissent vers les cours d'eau. Les pluies, violentes, emportent les ordures laissées à l'air libre, et les dispersent.

Les tensions au Cachemire, région à majorité musulmane et théâtre de nombreux heurts, n'arrangent rien.

En 2008, le transfert d'une parcelle de terrain aux gérants du sanctuaire, pour y construire des infrastructures d'accueil, a fait dire aux musulmans que les hindous s'emparaient d'un bout de la région. Les habitants sont descendus dans la rue et le transfert a été annulé.

"Nous devons mieux adapter" les structures d'accueil, déclare Navin Choudhary, qui dirige le conseil chargé de gérer le sanctuaire. "Nous sommes bien décidés. (Préserver) l'environnement sur cette zone est très important".

Des pèlerins viennent du monde entier pour se recueillir à Amarnath et admirer ce site unique, doté de stalagmites de glace qui symbolisent Shiva. C'est dans cette grotte que le dieu de la destruction a révélé à sa compagne Parvati les secrets de la vie et de l'immortalité, selon la tradition hindoue.

Les stalagmites sacrées se forment chaque année dans la grotte mais la plupart fondent avant la fin de la saison des pèlerinages.

"Toutes les difficultés et les soucis disparaissent lorsqu'on visite cet endroit. C'est pourquoi tout le monde vient ici", explique Shopinder Achariya, qui se rend sur le site tous les ans depuis 2001.

Les pèlerins n'ont été "que" 350.000 cet été à gravir les chemins, contre 620.000 l'an dernier. Les autorités attribuent cette chute à une mousson violente et à des heurts communautaires, qui ont effrayé les fidèles.

Les plus fortunés se rendent sur place en hélicoptère, depuis Sonmarg et Pahalgam, deux bases touristiques à proximité. Les vols des appareils, ajoutés à la chaleur émise par les milliers de pèlerins chaque jour, contribuent à l'accélération de la fonte des glaciers dans cette zone à l'écosystème délicat.

"N'importe quel jour pendant la saison du pèlerinage, quelque 30.000 personnes, dotées d'une chaleur corporelle de 37 degrés, se trouvent près des glaciers, accélérant ainsi leur fonte", déplore le professeur Shakil Ramshoo.

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