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Le pape condamne le "lobby gay"

Le pape François sur son vol de retour des JMJ, en direction de Rome le 28 juillet 2013 [Luca Zennaro / AFP] Le pape François sur son vol de retour des JMJ, en direction de Rome le 28 juillet 2013 [Luca Zennaro / AFP]

"Qui suis-je pour juger" les homosexuels? Comme jamais auparavant dans l'histoire du catholicisme, le pape François a ouvertement abordé, avec des journalistes, la question de l'homosexualité, tout en condamnant tout "lobby gay" et sans infléchir la doctrine de l'Eglise.

Parlant dans l'avion qui le ramenait du Brésil, le pape argentin a répondu avec une grande franchise aux questions sur la présence d'homosexuels dans l'Eglise et dans son gouvernement central. Au Vatican, "ils disent qu'il devrait y en avoir", a-t-il dit.

Tout le monde le sait mais personne ne le dit : il y a dans le petit Etat, comme ailleurs, des prélats et des laïcs gays, compétents, professionnels.

"Le problème n'est pas d'avoir cette tendance, c'est de faire du lobbying. Lobbying politique, lobbying maçonnique, quel qu'il soit. On écrit tant sur ce lobby gay. Faire du lobbying, c'est le problème le plus grave selon moi. Et je vous remercie beaucoup d'avoir posé la question", a lancé François.

"Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?", a-t-il demandé.

"Le catéchisme de l'Eglise catholique explique si bien cela. On ne doit pas marginaliser ces personnes qui doivent être intégrées à la société".

Pour la première fois, un pape parle de ce sujet très chaud, avec simplicité, en public. Il reconnaît qu'il soulève des questions: c'est la nouveauté.

Ces propos ont été applaudis par des associations homosexuelles, qui y décèlent une évolution.

Mais s'il y a une évolution, ce n'est pas dans la doctrine - l'homosexualité reste un acte "désordonné" -, c'est dans le regard porté par les prêtres et les évêques. Moins un regard de juge qu'un regard qui ouvre sur l'espérance et l'avenir.

Dans la réponse à la même question, le pape a encore souligné que "tant de fois dans l'Eglise, on va chercher des péchés de jeunesse", en examinant le passé des gens.

Ces "péchés de jeunesse" sont totalement à distinguer "des délits" comme "les sévices sur mineurs", a-t-il précisé. Une distinction appréciée par des militants homosexuels qui y ont vu la fin d'un amalgame homosexualité-pédophilie, parfois fait dans les hautes sphères du Vatican.

"Des laïcs, des prêtres, des soeurs ont commis des péchés, se sont confessés et se sont convertis. Or, quand le Seigneur pardonne, il oublie tout". C'est pour cela que "nous n'avons pas le droit de ne pas oublier", a ajouté le pape.

Le catéchisme de l'Eglise catholique auquel se réfère Jorge Mario Bergoglio exprime le respect pour les personnes mais le rejet des actes, dans une dichotomie difficilement tenable. Il propose un modèle de chasteté tout en sachant très bien qu'il est un idéal.

Pour l'Eglise donc, l'homosexualité reste "intrinsèquement désordonnée" et ses actes "ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas". Les gays et les lesbiennes "doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse, sans discriminations", mais ils "sont appelés à la chasteté".

"Rien de nouveau sous la coupole", a souligné Aurelio Mancuso, militant homosexuel et catholique, président d'Equality Italia. "Après tant d'insultes reçues de la hiérarchie catholique, les paroles sont très importantes", concède-t-il, critiquant toutefois la référence au catéchisme, selon lequel l'homosexualité est "contraire à la loi naturelle".

Une partie de l'Eglise espère une évolution sur la question homosexuelle.

Non seulement les mouvements progressistes de gauche et les associations chrétiennes homosexuelles mais plusieurs évêques et cardinaux, qui ont pris position ces dernières années pour davantage de respect à l'égard des homosexuels.

L'ancien cardinal conservateur Bergoglio, dans ses propos mesurés, semble s'inscrire dans cette ligne : pragmatisme, respect, ce qui ne signifie pas approbation de cette forme de sexualité.

Et encore moins approbation du mariage homosexuel : "vous savez parfaitement la position de l'Eglise", a-t-il sèchement répondu à ce propos, refusant même d'entrer dans le débat. Un refus aussi catégorique que lorsqu'il était cardinal à Buenos Aires.

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