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Plaidoyer du pape en faveur des jeunes et des seniors

Le pape François embarque le 22 juillet 2013 vers Rio de Janeiro [ALBERTO PIZZOLI / AFP Photo]

Le pape François, en route pour le Brésil en plein chambardement religieux et colère sociale, a insisté sur "le risque" de voir une génération entière de jeunes sans travail tout en fustigeant "la culture du rejet" des vieux.

"La crise mondiale ne fait rien de bon pour les jeunes. Nous courons le risque d'avoir une génération qui n'a pas eu de travail, or du travail provient la dignité de la personne", a souligné le premier pape sud-américain de l'histoire devant les journalistes qui l'accompagnent dans l'avion pour Rio.

François, qui prêche depuis son élection pour une "Eglise pauvre pour les pauvres", arrive dans un pays où les jeunes ont manifesté massivement en juin, parfois violemment, contre l'indigence des services publics et la corruption.

"Le sens de mon voyage est d'encourager les jeunes à vivre insérés dans le tissu social avec les personnes âgées", a poursuivi le pape argentin critiquant "la culture du rejet des vieux, alors qu'ils donnent la sagesse de la vie".

Pour le pontife âgé de 76 ans, les jeunes "sont l'avenir de leur peuple mais pas seulement eux". "A l'autre extrême de la vie, les personnes âgées ont la sagesse de la vie, de l'histoire, de la patrie et de la famille, nous en avons besoin", a-t-il relevé.

Auparavant, le pape avait salué un à un chacun des 70 journalistes embarqués avec lui et leur a confié qu'il n'aimait pas donner d'interview. Avant son départ, il avait d'ailleurs assuré qu'il ne ferait pas de déclaration dans l'avion. Mais, se comparant au prophète Daniel dans la fosse aux lions, Jorge Bergoglio a plaisanté, estimant que les journalistes n'étaient pas si "féroces". Le pape les a même appelés à "collaborer" avec lui "pour le bien des jeunes et des personnes âgées".

Il s'agit du premier voyage à l'étranger de ce Jésuite argentin depuis qu'il a succédé en mars à Benoît XVI à la tête d'une Église en crise, minée par les scandales de pédophilie.

"J'arrive au Brésil dans quelques heures et mon coeur est déjà plein de joie car je serai bientôt avec vous pour célébrer les 28èmes Journées mondiales de la Jeunesse" (JMJ), a tweeté le pape après son départ.

Jusqu'à 1,5 million de jeunes pèlerins du monde entier sont attendus à cette occasion.

Au Brésil, plus grand pays catholique au monde, il va tenter de revigorer une Église affaiblie et déboussolée par la forte poussée des Églises évangéliques pentecôtistes, omniprésentes et très actives dans les grandes villes et leurs périphéries déshéritées.

Il est attendu vers 16H00 (19H00 GMT) à l'aéroport international de Rio, où il sera accueilli par la présidente Dilma Rousseff.

Le souverain pontife, qui a renoncé à la papamobile blindée, saluera la foule dans le centre de Rio à bord d'une jeep découverte.

Durant son séjour, il se rendra dans une favela et dans une unité hospitalière pour toxicomanes au crack. Il rencontrera des détenus.

Des athées et les militants d'Anonymous Rio, ont appelé à manifester dès son arrivée contre les dépenses publiques engagées pour les JMJ (plus de 30 millions d'euros).

Anonymous, l'un des fers de lance de la fronde sociale de juin, a convoqué pour vendredi une seconde manifestation sur la plage de Copacabana, en plein Chemin de croix des JMJ.

"Ce n'est pas contre l'Église catholique. Ce sera un cri de plus contre la corruption et pour des services publics dignes", a expliqué le groupe sur Facebook.

Le Vatican affiche sa tranquillité. Mais les autorités sont sur les dents. 30.000 policiers et militaires vont veiller à la sécurité du pape et des JMJ, la "plus grand opération sécuritaire de l'histoire de Rio".

Sur place, des milliers de jeunes pèlerins arborant les drapeaux de leurs pays ont envahi joyeusement dès dimanche la promenade de la célèbre plage de Copacabana. La samba des kiosques se mêlait aux airs religieux des haut-parleurs. Des joggeurs bodybuildés slalomaient torse nu entre de débonnaires nonnes argentines.

"Nous avons un pape jésuite éternellement simple et humble qui est en train de révolutionner l'Église catholique", se félicitait Antonio Prada, un Vénézuélien de 27 ans.

Pour Adilson Sena, 60 ans, loueur de chaises pliantes et de parasols, "nos dirigeants devraient être plus proches du pape et investir plus pour le pays".

"Le gouvernement a érigé une façade pour montrer le meilleur du Brésil. Mais derrière cette façade, les gens meurent à l'hôpital", soulignait Edina Maria Perreira Lima.

Cette cuisinière à la retraite est contente que le pape vienne apporter un message de paix. Même si, comme désormais 28% des Brésiliens, elle a rejoint une Église évangélique, parce qu'on "y parle plus de Dieu alors que les catholiques parlent plus de ses Saints".

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