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Quelle issue en Egypte ?

[MAHMOUD KHALED / AFP]

Pro et anti-Morsi se sont une nouvelle fois fait face, hier au Caire, sur fond de tensions autour de la nomination du Premier ministre.

L’Egypte était hier soir à nouveau plongée dans l’incertitude. La nomination d’un Premier ministre de transition se faisait de plus en plus attendre, alors que le nom de Mohamed El Baradei avait pourtant été annoncé la veille. A ce flou politique s’ajoutait la crainte que l’instabilité ne s’aggrave dans le pays alors que militants pro et anti-Morsi se sont une nouvelle fois massivement rassemblés au Caire. 

Scandant des slogans hostiles au chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi, des centaines de milliers de supporters du président islamiste déchu ont investi plusieurs lieux du Caire, dont la place Rabia al-Adawiya. Dans le même temps, le camp des libéraux ralliait la place Tahrir, lieu clé de la révolte, à l’initiative de la coalition Tamarrod, qui avait appelé «à la mobilisation du peuple égyptien sur toutes les places (d’Egypte) afin d’achever la révolution du 30 juin».

Un face-à-face qui faisait craindre de nouvelles violences alors que 37 personnes avaient été tuées vendredi.

 

Les salafistes négocient

Selon une source proche du dossier, si les tractations sont si longues, c’est parce qu’il est difficile de convaincre le parti salafiste al-Nour d’accepter le choix de Mohamed El Baradei pour assurer la transition au sein des institutions. Mais le parti semblait susceptible de se laisser convaincre en échange de ministères au sein du gouvernement de transition. 

Respecté sur le plan international, Mohamed El Baradei, prix Nobel de la paix et ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), est en effet loin de faire l’unanimité en Egypte. «On ne peut pas parler de réconciliation nationale et ensuite nommer l’opposant le plus virulent de M. Morsi Premier ministre», a déclaré la semaine dernière un haut responsable d’al-Nour, Nader Baqqar. Certains, même dans l’entourage de El Baradei, craignent ainsi que la nomination de ce dernier ne pousse les salafistes à se rallier aux Frères musulmans.

 

La crainte d’une guerre civile reste vive dans le pays

Quel que soit le résultat des tractations, l’avenir de l’Egypte s’écrit en pointillés. Au niveau international, les appels au calme se sont multipliés, motivés par la crainte de nouvelles violences. «Le risque d’une explosion de violence est réel, estime Pierre Vermeren, auteur de Idées reçues sur le monde arabe (éd. Le Cavalier Bleu).

Il y a déjà eu une centaine de morts ces derniers jours.» Ainsi, le président russe, Vladimir Poutine, a même évoqué lors d’une visite au Kazakhstan, hier, la menace d’une guerre civile tant les deux camps semblent inconciliables. L’instabilité actuelle constitue en effet un terreau favorable aux débordements. 

Une situation qui pourrait avoir de graves répercussions sur une économie égyptienne déjà en crise et en partie dépendante de l’aide internationale des Etats-Unis ou bien encore du FMI. 

«Il faut qu’un calendrier soit mis en place très vite, estime Pierre Vermeren. Ce système politique transitoire doit conduire aux institutions stables dont le pays a besoin.» 

 

Egypte : 16 pro-Morsi tués lundi matin lors de tirs des forces de l'ordre

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