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Les "cadeaux" de Merkel pour gagner un 3e mandat

La chancelière allemande Angela Merkel arrive, le 23 juin 2013 à Berlin, à un meeting de la CDU [Johannes Eisele / AFP]

Sur la scène européenne, la chancelière allemande Angela Merkel se fait le chantre de la rigueur budgétaire. Mais sur la scène politique allemande, elle a fait siennes des promesses résolument sociales, comme la hausse des allocations familiales ou bien la mise en place d'un salaire minimum, à l'approche des élections législatives.

En Allemagne, les politologues appellent cela la "démobilisation asymétrique", en d'autres termes "occuper le terrain du camp adverse, pour finalement dire que ses propositions ne sont pas acceptables," explique le politicologue allemand Gero Neugebauer. En reprenant à son compte des idées adverses légèrement édulcorées, la CDU, le parti conservateur d'Angela Merkel, démobilise purement et simplement l’électorat du camp adverse, le SPD (Sociaux démocrates)

En 2009, la CDU avait gagné les élections en poussant des coins dans l'électorat du SPD. En 2013, la chancelière allemande semble vouloir mettre en place la même stratégie pour prolonger son bail à la tête de l'Etat allemand les quatre prochaines années.

 

Des idées piquées au SPD

Le meilleur exemple de cette stratégie remonte à ce dimanche. La CDU présentait son programme pour les élections législatives du 22 septembre prochain. Un petit livret de 130 pages dans lequel elle "pique" allégrement des propositions au parti rival.

On y retrouve pêle-mêle la promesse d'une hausse des allocations familiales, un relèvement des retraites des mères de famille, la révision du mode de calcul de l'impôt sur le revenu pour favoriser les familles avec enfants et même la mise en place d'un salaire minimum.

Or l’encadrement des loyers est une des principales revendications de la gauche allemande. En proposant la même chose, la CDU espère bien couper l'herbe sous les pieds du SPD, pariant que les nuances de la proposition conservatrice avec celle du SPD apparaîtront comme secondaires pour nombre d'Allemands.

Idem pour les allocations familiales. Le SPD propose de les relever… en prenant pour modèle la politique familiale française. Quant à Angela Merkel, elle explique que la famille constitue "le cœur de notre société", d'où l'importance qu'elle veut y accorder en cas de réélection.

Pour le salaire minimum, pas question de le généraliser au pays tout entier. Avec la CDU, il relèverait de la responsabilité des partenaires sociaux et de chaque branche. On est loin du SMIC à la française.

Au total, la presse allemande a évalué ces promesses à 28 milliards d'euros… Une note salée que la CDU et la chancelière assurent pouvoir absorber sans augmenter les impôts et en maintenant le cap de la rigueur budgétaire. En conférence de presse, elle assurait que ce programme électoral ne comprenait "pas de nouvelle charge supplémentaire ni pour les citoyens et citoyennes ni pour le monde économique".

 

Appliquées si... 

Mais à toutes ces promesses, la chancelière a mis un bémol, comme pour rassurer aussi son électorat : "Le projet (...), ce sont des finances solides, stopper le déficit budgétaire, rembourser les dettes et investir pour l'avenir", a aussitôt après la présentation du programme souligné la chancelière au cours d'une conférence de presse. 

Caricaturée partout en Europe comme la "chancelière de l’austérité", dans son pays Angela Merkel mérite plus que jamais son surnom de "Mutti" ("Maman" en langue allemande).

 

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