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Suisse : une fête techno dégénère

Un manifestant fait face à des policiers, le 25 mai 2013 devant le Parlement Fédéral à Berne [Fabrice Coffrini / AFP] Un manifestant fait face à des policiers, le 25 mai 2013 devant le Parlement Fédéral à Berne [Fabrice Coffrini / AFP]

Des scènes de guérilla urbaine opposant police et manifestants ont eu lieu à Berne, lors d'une fête techno, dans la nuit de samedi à dimanche, et fait plusieurs blessés, causé d'importants dégâts et une soixantaine d'arrestations.

Dans un communiqué publié dimanche matin, la police de Berne a indiqué que 61 personnes ont été interpellées et que 21 membres des forces de l'ordre ont été blessés.

Les participants à cette fête techno, appelée "Tanz dich Frei" (Libère-toi par la danse), avaient répondu à un appel sur Facebook d'un collectif anonyme, et étaient en grande majorité pacifiques, selon la police.

Selon la police, les troubles ont éclaté après les provocations d'une bande de jeunes cagoulés, habillés de noir.

Se réclamant du "Black Block", ils ont essayé de forcer des barrières de sécurité protégeant le Palais Fédéral, en se servant d'un char de la techno parade comme d'un bouclier, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.

Le mouvement du "Black Block" est constitué de jeunes anti-mondialistes qui manifestent souvent habillés de noir et masqués, contre les sommets du G8 ou du Forum de Davos. Depuis une quinzaine d'années, les militants du "Black Block" sont très présents en Suisse lors des manifestations du 1er mai à Zurich.

Selon la police suisse, ces mouvements d'extrême gauche, dont le "Black Block" est une branche, réunissent près de 2.000 membres actifs qui se définissent comme anarchistes-autonomistes et antifascistes.

La police suisse repousse des manifestants le 25 mai 2013 à Berne devant le Parlement Fédéral [Fabrice Coffrini / AFP]
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La police suisse repousse des manifestants le 25 mai 2013 à Berne devant le Parlement Fédéral
 

Samedi soir, la police a répondu aux attaques du "Black Block" avec des gaz lacrymogènes, et des tirs de balles en caoutchouc, ce qui a permis de disperser la foule.

Certains manifestants sont restés sur place, et ont envoyé des bouteilles et des fusées et des pétards sur les forces de l'ordre.

La fête avait pourtant bien commencé. Bravant la pluie et le froid, des milliers de jeunes avaient suivi le mot d'ordre lancé par Facebook et suivaient les chars équipés de haut-parleurs géants et diffusant de la musique techno.

Au moment des heurts, un groupe de militants encagoulés a lancé de la peinture rouge sur les bâtiments publics de la vieille ville, cassé des vitrines de magasins, avant de les piller. L'ambassade de Suède à Berne, située sur le parcours du cortège, a également été vandalisée.

Selon une première estimation, les dégâts représentent plusieurs centaines de milliers d'euros, et la jolie capitale suisse, connue pour ses arcades moyenâgeuses, ressemblait dimanche matin à un champ de bataille.

Les services de secours ont reçu plus de 50 appels, en majorité pour des manifestants rendus malades par l'alcool.

Un manifestant au milieu des gaz lacrymogènes lors des affrontements devant le Parlement Fédéral à Berne, le 25 mai 2013 [Fabrice Coffrini / AFP]
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Un manifestant au milieu des gaz lacrymogènes lors des affrontements devant le Parlement Fédéral à Berne, le 25 mai 2013
 

Dans un document publié dimanche sur leur page Facebook, les organisateurs ont rejeté la responsabilité des incidents sur les autorités bernoises, déclarant que beaucoup de manifestants avaient réagi pour se défendre.

"L'Etat montre ses intentions réelles, la protection du Parlement était plus importante que celle de milliers de personnes", a écrit le collectif, qui se déclare anti-capitaliste, et contre l'économie néo-libérale.

Avant même la manifestation, les organisateurs avaient lancé un appel aux extrémistes pour qu'ils s'abstiennent de venir. "C'est dommage que cet évènement n'ait pas pu se dérouler pacifiquement", ont-ils ajouté dimanche.

Les organisateurs ont déclaré que le droit de faire la fête est un droit fondamental. Ils ont aussi dénoncé l'embourgeoisement de certains quartiers de Berne, dont les loyers sont devenus trop élevés pour les "alternatifs".

Cette parade, qui en est à sa 3ème édition, est tolérée par les autorités mais n'a pas d'autorisation officielle.

L'édition 2012 de "Tanz dich Frei" avait attiré près de 20.000 personnes dans une ville qui compte 126.000 habitants. Des heurts avaient déjà éclatés entre les participants et les forces de l'ordre; la police de Berne avait alors reçu des renforts d'autres villes suisses.

Ces forces de l'ordre renforcées n'avaient pas seulement pour but d'assurer la sécurité de l'édition 2013, mais aussi celle aussi entourant la finale de la coupe suisse de football lundi dernier à Berne et la visite du Premier ministre chinois à Berne Li Keqiang vendredi dernier.

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