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Funérailles privées pour Andreotti

Des gardes présidentiels précèdent le cercueil de Giulio Andreotti, lors des funérailles le 7 mai 2013 à Rome [Filippo Monteforte / AFP] Des gardes présidentiels précèdent le cercueil de Giulio Andreotti, lors des funérailles le 7 mai 2013 à Rome [Filippo Monteforte / AFP]

Quelques centaines de personnes se sont pressées mardi à Rome pour assister aux funérailles privées de Giulio Andreotti, figure emblématique de la Démocratie chrétienne et pilier de la politique italienne d'après-guerre.

Conformément aux voeux de l'ex-Premier ministre, mort lundi à 94 ans, aucune cérémonie officielle n'a été organisée et aucun représentant du gouvernement actuel n'y participait.

Environ 300 personnes se sont toutefois massées aux alentours de la petite église San Giovanni dei Fiorentini, au coeur de Rome, pour applaudir le passage du cercueil et saluer les personnalités présentes, telles le bras droit de Silvio Berlusconi, Gianni Letta, oncle de l'actuel premier ministre, Enrico Letta.

Beaucoup de participants étaient des membres du "Gotha" romain et d'anciens de la Démocratie chrétienne, dont la fille d'Alcide De Gasperi, fondateur de la DC.

Dans l'assistance, un homme brandissait une pancarte: "tu es grand, Giulio. C'est la réalité. Ciao Giulio".

Funérailles de l'ex-Premier ministre Giulio Andreotti le 7 mai 2013 à Rome [Filippo Monteforte / AFP]
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Funérailles de l'ex-Premier ministre Giulio Andreotti le 7 mai 2013 à Rome
 

Un drapeau de l'équipe de foot locale, la Roma, était déployé près du cercueil.

L'avocate de l'ancien chef de gouvernement, Giulia Bongiorno, en larmes, attestait qu'"ayant vécu vraiment près de lui", elle avait pu être "témoin qu'il était un homme d'une très grande humanité".

Selon son ancien ministre Ciro Pomicino, "en dépit des légendes qui circulent en ville, Andreotti était le détenteur d'un pouvoir discret".

Une religieuse bénédictine, soeur Priscilla, affirmait pour sa part que l'ancien président du Conseil avait le coeur large: "sur l'homme politique je ne peux rien dire, mais comme homme il était un grand bienfaiteur".

Don Luigi, le curé qui a présidé aux obsèques, a souligné son caractère très pieux: "quand il allait à l'étranger, la première chose qui le préoccupait était de savoir où il serait possible de dire la messe".

Les funérailles sont restées fort modestes, au regard de celui qui fut l'homme politique le plus puissant d'Italie pendant des décennies, sept fois président du Conseil et 21 fois ministre.

Figure symbolique et très controversée de la Démocratie chrétienne, il fut surnommé l'"inoxydable" en raison de sa longévité politique, mais aussi le Pape noir, Belzébuth, le Divin Giulio ou le Richelieu italien en raison de son goût pour le secret et de son esprit retors.

Il était entré en 1946 au Parlement pour ne plus jamais le quitter, devenant sénateur à vie en 1991.

Un homme brandit une rose blanche, le 7 mai 2013 lors des funérailles de Giulio Andreotti, à Rome [Filippo Monteforte / AFP]
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Un homme brandit une rose blanche, le 7 mai 2013 lors des funérailles de Giulio Andreotti, à Rome
 

Andreotti, qui avait construit des liens étroits avec le monde arabe, l'Union soviétique et les Etats-Unis, a été jugé six fois pour association mafieuse et assassinat, et même condamné en première instance. Mais il a tantôt été acquitté, tantôt bénéficié de la prescription.

L'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi, lui-même l'objet de nombreux procès, s'est comparé à lui lundi, jugeant qu'ils étaient tout deux victimes de la même "persécution judiciaire". Mais, contrairement au Cavaliere qui évite tant qu'il peut de se rendre au tribunal, Andreotti participait à toutes les audiences de ses procès. "Il s'est défendu dans les procès et pas contre les procès", a répété mardi la presse italienne.

Le président Giorgio Napolitano est venu lui rendre hommage mardi, de même que plusieurs dirigeants de la Démocratie chrétienne, dissoute au début des années 1990 après une avalanche de procès pour corruption.

Même modestes, les cérémonies d'hommage ont suscité quelques polémiques en Italie.

A Milan, lors d'une minute de silence à l'assemblée régionale de Lombardie, l'un des membres, Umberto Ambrosoli, a discrètement quitté la salle. Son père, l'avocat Giorgio Ambrosoli, a été assassiné par la mafia en 1979.

Interrogé à ce propos, Andreotti avait lancé à l'époque: "il l'avait bien cherché".

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