En direct
A suivre

Deux bronzes rares bientôt restitués à la Chine

Le PDG du groupe PPR, François-Henri Pinault, le 30 mars 2013 à Rennes [Damien Meyer / AFP/Archives] Le PDG du groupe PPR, François-Henri Pinault, le 30 mars 2013 à Rennes [Damien Meyer / AFP/Archives]

Deux pièces rares issues du pillage du Palais d'Eté de Pékin, à l'origine d'une vive polémique lors de leur mise aux enchères en 2009 à Paris, vont être restituées à la Chine par la famille Pinault, a-t-on appris vendredi auprès d'un porte-parole du groupe PPR.

Son PDG, François-Henri Pinault, dont la famille a racheté les deux pièces -deux têtes d'animaux en bronze de l'époque de l'empereur Qianlong (1736-1795)- à la collection de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, a annoncé ce geste au président chinois Xi Jinping lors du dîner d'Etat donné jeudi à Pékin à l'occasion de la visite du président François Hollande, a indiqué ce porte-parole qui ne souhaite pas être nommé.

La Chine avait engagé, sans succès, une action en justice en 2009 contre la maison d'enchères Christie's pour l'empêcher de proposer, lors de la vente de la collection d'art d'Yves Saint Laurent, ces deux pièces, issues du sac du Palais d'Eté de Pékin en 1860.

Pierre Bergé avait refusé de les restituer à la Chine, après avoir décidé de disperser aux enchères la totalité de l'exceptionnelle collection d'oeuvres d'art réunie pendant près de 50 ans avec son compagnon Yves Saint Laurent, décédé l'année précédente.

La tête de rat et la tête de lapin avaient été adjugées en février 2009, pour 14 millions d'euros chacune, à un acheteur anonyme qui participait par téléphone à l'enchère.

Le mois suivant, il s'était identifié publiquement comme Cai Mingchao, expert auprès du Fonds des trésors nationaux, fondation de droit privé chargée de racheter à l'étranger les oeuvres d'art chinoises pour le compte du régime.

Il avait annoncé que le prix de la vente ne serait pas réglé.

"La famille Pinault a depuis racheté ces deux pièces", a déclaré à l'AFP le porte-parole, sans vouloir préciser pour quel montant, mais "pas celui auquel elles étaient parvenues lors des enchères".

"Hier (jeudi) soir, François-Henri Pinault, lors du dîner d'Etat avec (le président chinois) Xi Jinping, lui a annoncé son intention d'en faire don à la Chine", a-t-il ajouté.

Le PDG de PPR fait partie de la délégation d'une soixantaine de patrons qui accompagne François Hollande pour sa première visite en Chine.

Vendredi matin, François-Henri Pinault s'est entretenu des modalités de la restitution avec les responsables de l'Administration d'Etat pour l'héritage culturel (SACH), une procédure qui pourrait prendre quelques mois.

Le 18 octobre 1860, durant la seconde guerre de l'opium, le haut commissaire britannique en Chine, Lord Elgin, avait ordonné la destruction du palais et de ses jardins impériaux, en représailles aux tortures et à la mort de prisonniers.

Le saccage par les soldats français et britanniques du "Versailles chinois", édifié par les empereurs Yongzheng et Qianlong, a représenté pour les Chinois une humiliation encore vivace aujourd'hui.

Les deux bronzes, de 30 cm de haut et de 40 cm de large, ornaient une clepsydre du palais qui disposait de 12 têtes, celles des animaux du zodiaque chinois. Cinq autres têtes ont été acquises ces dernières années dans des ventes aux enchères par des millionnaires privés chinois, et exposées dans un musée de Pékin.

En 2007, le milliardaire des casinos de Macao, Stanley Ho, avait déboursé 8,8 millions de dollars pour la tête de cheval, offerte à la Chine, qui a salué un "geste patriotique".

Cinq têtes n'ont pas été localisées.

La Chine a pour politique de ne pas acheter les objets qui lui ont appartenu.

La famille Pinault est aussi propriétaire de Christie's via la holding Artemis.

PPR, qui sera rebaptisé Kering à partir du 18 juin, est un groupe diversifié qui se recentre actuellement autour du luxe et de la mode sportive, plus porteurs que la grande distribution, dont il se désengage.

Il détient Gucci, Bottega Veneta, Yves Saint Laurent, Balenciaga, Alexander McQueen, Boucheron, Puma, Volcom ou encore Cobra.

En Chine, où les marques du groupe jouissent d'une forte notoriété, PPR a racheté à la fin de l'année dernière le joaillier Qeelin, qu'il compte développer en Asie.

PPR a réalisé en 2012 un chiffre d'affaires de près de 10 milliards d'euros et vise 24 milliards d'euros à l'horizon 2020.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités