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La justice place l'ex-président pakistanais Musharraf en résidence surveillée

Pervez Musharraf quitte le tribunal   le  17 avril 2013 à Rawalpindi [Aamir Qureshi / AFP] Pervez Musharraf quitte le tribunal le 17 avril 2013 à Rawalpindi [Aamir Qureshi / AFP]

L'ancien président Pervez Musharraf a été placé vendredi en résidence surveillée par la justice pakistanaise, qui avait la veille ordonné son arrestation pour le renvoi illégal de juges lorsqu'il était au pouvoir, une première pour un ancien chef des armées.

Cette décision est une humiliation de plus pour le "Général Musharraf", au pouvoir de son coup d'Etat en 1999 à sa démission en 2008, et qui était revenu récemment d'exil pour participer aux élections législatives du 11 mai en disant vouloir sauver le pays de l'insécurité chronique et de la crise économique.

"Le général Musharraf a été placé en détention préventive pour deux jours et restera dans sa ferme" des environs d'Islamabad, a déclaré à l'AFP un porte-parole de son parti, l'APML (All Pakistan Muslim League). Cette décision a été confirmée par un magistrat à Islamabad.

M. Musharraf s'était présenté la veille, jeudi matin, à une audience pour la prolongation de sa liberté sous caution qui lui avait été accordée à son retour dans l'affaire du renvoi de juges.

Mais le tribunal avait refusé sa demande et ordonné son arrestation, le juge en charge de l'affaire estimant que M. Musharraf avait répandu "la peur dans la société", "l'insécurité chez les magistrats" et "le terrorisme à travers le Pakistan" lorsqu'il était au pouvoir.

Une première pour ce pays abonné aux coups d'Etat militaires: jamais la justice n'avait jusque là ordonné l'arrestation d'un ancien chef d'état-major de l'armée, considérée comme l'institution la plus puissante du pays.

Une voiture de police le 19 avril 2013 devant la résidence de Musharraf à Islamabad [Aamir Qureshi / AFP]
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Une voiture de police le 19 avril 2013 devant la résidence de Musharraf à Islamabad
 

L'ancien président avait toutefois échappé à l'arrestation en quittant immédiatement le tribunal sous la protection de ses gardes du corps, pour s'enfuir dans son 4x4 noir devant des policiers ahuris.

Il était retourné dans sa villa dans la banlieue de la capitale Islamabad. Ses avocats avaient alors annoncé qu'il feraient appel de la décision du juge vendredi auprès de la Cour suprême, en affichant leur optimisme.

M. Musharraf s'est finalement mis en règle vendredi matin en se présentant à nouveau devant la justice, qui a prononcé sa détention préventive mais l'a laissé repartir chez lui, actant de facto sa mise en résidence surveillée.

Dans un communiqué, Pervez Musharraf s'était dit jeudi victime d'une "vendetta". Si la justice ne lève pas le mandat d'arrêt, "cela pourrait mener à des tensions non nécessaires entre les différents piliers de l'Etat et même peut-être déstabiliser le pays", avait-il prévenu, suggérant un possible nouveau conflit entre la justice et l'armée, deux rivaux qui ont souvent bousculé le pouvoir politique dans l'histoire agitée du pays.

Outre l'affaire des juges, Pervez Musharraf est mis en cause par la justice dans plusieurs affaires, notamment les meurtres du chef indépendantiste de la province du Baloutchistan (sud-ouest) Akbar Bugti et de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto.

Des avocats pakistanais tentent aussi de convaincre la Cour suprême de le juger pour "haute trahison" pour avoir imposé l'état d'urgence en 2007 alors qu'il régnait sur la seule puissance musulmane dotée de l'arme nucléaire.

Pervez Musharraf le 15 avril 2013 à Islamabad [Aamir Qureshi / AFP]
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Pervez Musharraf le 15 avril 2013 à Islamabad
 

M. Musharraf avait indiqué plus tôt cette semaine qu'il était prêt à purger une peine de prison en cas de condamnation dans l'une de ces affaires.

L'ancien président, qui prône un renforcement de l'armée pour rétablir l'ordre et la croissance dans le pays, espérait se porter candidat aux élections législatives du 11 mai, un test crucial pour ce pays coutumier des coups d'Etat. Mais un tribunal pakistanais a exclu cette semaine sa candidature en estimant qu'il avait plusieurs fois "violé la Constitution" lorsqu'il était au pouvoir.

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