En direct
A suivre

Un jésuite élu pape ou la revanche d'une congrégation sur l'Histoire

[OSSERVATORE ROMANO / POOL / AFP]

Les 115 cardinaux réunis en conclave à Rome ont élu Jorge Mario Bergoglio, un jésuite. C'est la première fois qu'un membre de cette influente congrégation devient pape, mais c'est aussi une belle pirouette de l'Histoire. Au XVIIIe siècle, le Vatican avait purement et simplement supprimé ce qu'on appelle la Compagnie de Jésus.

"Perinde ac cadaver",  littéralement, "comme un cadavre". Voilà la formule consacrée qui caractérise l'obéissance absolue des jésuites au pape. Un principe fondateur de l'ordre qui l'a conduit à accepter sans broncher sa suppression pure et simple par Clément XIV à la fin du XVIIIe siècle.

Autant dire qu'avec l'élection de Jorge Mario Bergoglio, les jésuites tiennent leur revanche sur l'Histoire. D'autant plus qu'ils n'ont pas toujours bonne réputation au sein de l'Eglise. Et ce depuis toujours. Ainsi les médias surnomment volontiers de "pape noir" le Supérieur général de la Compagnie de Jésus. Une référence à son habit, autant qu'à l'influence supposée des jésuites au Vatican et qui entretient les fantasmes.

 

Des controverses précipitent sa chute

Fondée sur le discernement, la Compagnie de Jésus a connu ses heures de gloires au XVIe. A l'époque les jésuites endiguent le protestantisme en Europe, développent un réseau de collèges et sont en premières lignes pour évangéliser l'Asie et l'Amérique Latine.

Mais leurs controverses avec d'autres courants de pensée précipitent leur chute. Leur rivalité notoire avec les dominicains par exemple est telle au début du XVIIIe que le pape doit imposer le silence aux deux parties. Leurs relations avec les franciscains ne sont guère meilleures.

Qui plus est, leur fidélité inconditionnelle au Saint-Siège les rend suspects pour les monarques en quête d'absolutisme. Et à partir de 1760, ils sont expulsés du Portugal, de France puis de l'Espagne. Les Bourbons font carrément pression sur le pape pour qu’il supprime la Compagnie.

 

Un conclave scelle leur sort

Leur sort empoisonne le conclave de 1769 et oriente les délibérations. Et le nouveau pape, Clément XIV signe en 1773 le bref "Dominus ac Redemptor" qui supprime la Compagnie de Jésus dans le monde entier.

Pie VII procèdera à la restauration universelle de la Compagnie en promulguant le décret "Sollicitudo omnium ecclesiarum" en 1814, à la faveur des évolutions politiques majeures qui traversent l'Europe.

En 40 ans, la Compagnie de Jésus aura perdu 90% de ses effectifs, passant de 23.000 à 2.000 membres. Encore un peu, et c'est un pillier de l'Eglise qui disparaissait.

Aujourd'hui, les jésuites sont un peu moins de 20.000 à travers le monde, dont un petit tiers vient d'Amérique du Sud, là ou François Ier a fait ses armes.

 

Et aussi sur DirectMatin.fr

Qui est François Ier ? Cinq points à retenir

François Ier a donné sa première bénédiction

L'argentin Bergoglio élu pape sous le nom de François Ier

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités