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Tunisie : Ali Larayedh en passe de devenir Premier ministre

Le Premier ministre tunisien sortant Hamadi Jebali (d) et le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, le 21 février 2013 à Tunis [Fethi Belaid / AFP] Le Premier ministre tunisien sortant Hamadi Jebali (d) et le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, le 21 février 2013 à Tunis [Fethi Belaid / AFP]

Le parti islamiste tunisien Ennahda a choisi le ministre de l'Intérieur Ali Larayedh comme candidat au poste de Premier ministre pour sortir le pays d'une profonde crise politique déclenchée par l'assassinat d'une figure de l'opposition début février.

"Il est officiellement le candidat d'Ennahda comme Premier ministre", a indiqué vendredi à l'AFP Mouadh Ghannouchi, le fils de Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste.

Mouadh Ghannouchi a précisé que son père, dont il est le directeur de cabinet, et Ali Larayedh devaient se rendre à la présidence tunisienne pour soumettre cette candidature.

Le chef de l'Etat Moncef Marzouki doit encore accepter cette nomination pour que l'actuel ministre de l'Intérieur puisse s'atteler à la formation du gouvernement.

Visiblement détendus et souriants, le chef d'Ennhada et Ali Larayedh se sont présentés devant quelques photographes triés sur le volet au domicile des Ghannouchi. Ils n'ont fait aucune déclaration.

La candidature de M. Larayedh, 57 ans, a été décidée dans la nuit de jeudi et vendredi par le conseil de la Choura, parlement interne du parti islamiste.

Le chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, le 21 février 2013 à Tunis [Fethi Belaid / AFP]
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Le chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, le 21 février 2013 à Tunis
 

Prisonnier torturé sous le régime tunisien déchu de Zine El Abidine Ben Ali, puis ministre de l'Intérieur après la révolution de 2011, Ali Larayedh est considéré comme un homme de dialogue appartenant au courant modéré de son parti.

Le futur Premier ministre aura quinze jours à compter de sa nomination par la présidence pour former son équipe qui devra obtenir la confiance de l'Assemblée nationale constituante (ANC).

Avec 89 députés, Ennahda peut réunir assez facilement les voix de 109 élus sur 217. Le parti a néanmoins promis de bâtir la coalition la plus large possible pour sortir de la crise politique dans laquelle le pays est plongé depuis l'assassinat de l'opposant anti-islamiste Chokri Belaïd le 6 février.

Le Premier ministre sortant et numéro 2 d'Ennahda, Hamadi Jebali, a démissionné en début de semaine après avoir échoué à former un gouvernement de technocrates face à l'opposition de son propre parti islamiste.

M. Jebali a fait ses adieux aux Tunisiens jeudi soir dans une allocution télévisée. Il a mis en garde son successeur et l'ensemble de la classe politique, estimant que seul un gouvernement neutre est à même de sortir le pays de la crise.

"Je ne pouvais pas accepter des formules (de gouvernement) vouées à un échec prévisible car notre peuple attend des solutions claires et urgentes et ne peut plus attendre", a-t-il dit après avoir refusé d'être reconduit à son poste malgré sa démission.

"Je demeure convaincu que la seule formule valable est celle d'un gouvernement neutre", a encore déclaré M. Jebali qui avait le soutien de l'opposition laïque et d'une large part de la société civile.

Le futur Premier ministre aura quinze jours à compter de sa nomination pour former son équipe qui devrait être constituée de personnalités politiques et de technocrates.

Le parti islamiste s'oppose à l'idée d'un cabinet apolitique arguant du fait qu'il a la légitimité pour gouverner après avoir remporté les élections d'octobre 2011.

La vie politique tunisienne est paralysée depuis l'assassinat de Chokri Belaïd. Selon M. Larayedh, qui s'est exprimé jeudi sur le sujet, des suspects ont été arrêtés mais il n'a donné aucune indication sur leur identité.

La famille du défunt accuse les islamistes au pouvoir d'être responsables du meurtre, ce que Ennahda dément.

Outre cette crise, le pays fait face aux frustrations sociales qui dégénèrent régulièrement en violences, le chômage et la misère ayant été au coeur de la révolution qui a renversé Ben Ali en janvier 2011.

La rédaction de la Constitution est aussi dans l'impasse faute de compromis sur la nature du futur régime ce qui bloque l'organisation de nouvelles élections.

Sans oublier l'essor de la mouvance islamiste jihadiste responsable de nombreux coups d'éclats ces deux dernières années. Une importante cache d'armes --roquettes RPG, des Kalachnikovs, des munitions et des explosifs-- a ainsi été découverte dans la nuit de mercredi à jeudi.

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