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L'essai nucléaire nord-coréen risque de geler toute initiative des Etats-Unis

Des personnes lisent les journaux pour obtenir des informations sur le 3e essai nucléaire nord-coréen, le 12 février 2013 à Tokyo [Kazuhiro Nogi / AFP] Des personnes lisent les journaux pour obtenir des informations sur le 3e essai nucléaire nord-coréen, le 12 février 2013 à Tokyo [Kazuhiro Nogi / AFP]

Le troisième essai nucléaire réalisé mardi par la Corée du Nord risque de geler toute velléité de discussions de la part des Etats-Unis, qui voyaient une lueur d'espoir dans l'arrivée au pouvoir de nouveaux dirigeants dans la région.

Cette nouvelle crise intervient alors que trois pays clés --la Chine, le Japon et la Corée du Sud-- ont vu ces derniers mois l'arrivée au pouvoir de nouveaux dirigeants désireux de trouver de nouvelles voies vis-à-vis de Pyongyang.

Lors de son premier mandat, le président Barack Obama ne s'est pas aventuré à tenter de régler le problème nord-coréen, se bornant à adopter une position de "patience stratégique" consistant à attendre et espérer un changement de la part du régime.

Washington comptait sur des idées neuves apportées par la nouvelle présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, mais ses appels à discuter avec le voisin du Nord lors de sa campagne risquent de demeurer des voeux pieux après cette nouvelle provocation du régime stalinien.

Les Etats-Unis tentaient de se coordonner avec Séoul, selon Kurt Campbell, haut responsable du département d'Etat pour l'Asie orientale qui quitte ses fonctions vendredi.

"Il est très clair qu'à mesure qu'ils avancent, ils veulent le faire en tandem avec les Etats-Unis pour tenter d'engager un dialogue de façon responsable et avec précaution avec le Nord", a-t-il déclaré le 29 janvier après des entretiens avec des diplomates sud-coréens à Séoul.

La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye et Kurt Campbell, haut responsable américain du département d'Etat pour l'Asie orientale, le 16 janvier 2013 à Séoul [Lee Jin-Man / Pool/AFP/Archives]
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La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye et Kurt Campbell, haut responsable américain du département d'Etat pour l'Asie orientale, le 16 janvier 2013 à Séoul
 

Mais, a-t-il prévenu, un essai nucléaire "pourrait avoir une conséquence profondément négative en ce qu'il créerait un environnement dans lequel il serait difficile de reprendre la voie diplomatique que nous espérons tous".

Barack Obama a dénoncé mardi cet essai nucléaire "provocateur" de la Corée du Nord, qui ne rend pas le pays "plus sûr". Il a appelé à une action internationale "rapide" et "crédible" de la communauté internationale et indiqué que les Etats-Unis allaient "renforcer l'étroite coordination avec (leurs) alliés et partenaires".

En Chine, principal allié de la Corée du Nord, les médias officiels ont été inhabituellement critiques des projets de Pyongyang de procéder à un troisième test, après ceux de 2006 et 2009.

"Ne jamais rater l'occasion de rater une occasion"

Le Global Times a ainsi mis en garde contre l'affaiblissement des relations sino-nord-coréennes en cas d'essai nucléaire, même si la plupart des experts doutent que Pékin préfère faire face à la perspective d'une Corée unifiée.

"La Corée du Nord a un don remarquable pour ne jamais rater l'occasion de rater une occasion. Ils l'ont fait quand l'administration Obama a tendu la main" en 2009, juge Charles Armstrong, directeur du Centre pour les études coréennes à l'université Columbia.

Selon lui, le scénario s'est reproduit avec la nouvelle présidente sud-coréenne. "Park Geun-Hye aurait pu être prête à faire quelque chose de très positif pour les relations Nord-Sud mais maintenant ça va être très difficile pour elle" de le faire, explique-t-il.

Quant aux Etats-Unis, ils préfèrent ne pas faire de la Corée du Nord un souci politique supplémentaire et préfèrent l'ignorer, estime-t-il.

Mais c'est une erreur selon lui: "La Corée du Nord ne va pas s'en aller. Plus ce problème est ignoré, plus l'arsenal nucléaire nord-coréen et le potentiel pour l'instabilité prennent de l'ampleur".

Duyeon Kim, spécialiste du nucléaire nord-coréen au Center for Arms Control and Non-Proliferation, est du même avis. Selon elle, "il est très difficile d'imaginer Washington ou Séoul discuter de sitôt avec la Corée du Nord", qui "joue l'offensive", en cherchant à se voir reconnaître comme Etat nucléaire.

Il y a un an, l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un avait soulevé un mince espoir à Washington, qui avait conclu avec le nouveau dirigeant nord-coréen un accord pour fournir à Pyongyang de l'aide alimentaire contre le gel des essais nucléaire et balistique.

Aujourd'hui, les responsables américains reconnaissent en privé que cet accord était une erreur parce qu'il ne se sont pas rendu compte que la Corée du Nord n'a pas été dissuadée de procéder peu après à un tir de missile balistique en avril 2012 pour marquer le centenaire de la naissance du fondateur du régime Kim Il-Sung.

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