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En Finlande, on partage au lieu de gaspiller la nourriture

Un enfant épluche une clémentine [Mychele Daniau / AFP/Archives] Un enfant épluche une clémentine [Mychele Daniau / AFP/Archives]

Contre le gaspillage, un immeuble finlandais organise le partage de la nourriture: Jukka Peltonen, un des habitants, vient d'acheter des clémentines mais, mauvaise surprise, elles sont trop acides à son goût, au lieu de les jeter, il les met à disposition de ses voisins dans un garde-manger communautaire aménagé spécialement

Partager les restes pour lutter contre le gaspillage alimentaire: depuis 4 mois les 200 habitants qui, comme lui, résident dans deux immeubles voisins de Roihuvuori, une banlieue résidentielle d'Helsinki., sont invités à cette expérience inédite, une initiative qui s'inscrit dans la ligne d'une multitude de projets lancés ces dernières années pour une consommation responsable.

Yaourts proches de la date de péremption, charcuterie encore emballée, fromage, pain, fruits et légumes, boissons : Les étagères accueillent toute sorte de victuailles.

Chacun est censé laisser une marque de son passage sur un registre accroché à la porte du placard, dans une pièce où la température est maintenue à 6 degrés en toutes saisons.

"On donne notre numéro d'appartement, on dit si l'on a pris ou déposé quelque chose, et on laisse un petit commentaire si on le souhaite", explique M. Peltonen, 51 ans, barbe finement taillée et casquette à la Gavroche sur la tête.

Une page Facebook précisant les stocks doit aussi être mise à jour.

Ce type de partage étant juridiquement peu codifié c'est sur la confiance que reposent les échanges entre résidents.

"Depuis la semaine dernière, on peut laisser des restes de plats cuisinés. Celui qui les dépose doit inscrire dans le registre les ingrédients que contient le plat. S'il raconte n'importe quoi, ou si quelqu'un tombe malade, le cuisinier sait bien qu'il sera tenu responsable", observe Jukka Peltonen.

Ce projet antigaspillage est né il y a deux ans dans la tête de Heikki Savonen, 44 ans. "Je me suis demandé pourquoi on ne créerait pas un Facebook de la nourriture, au niveau d'un quartier, ou même d'une ville, pour éviter le gaspillage", se souvient ce styliste qui fourmille d'idées. Il s'associe alors à l'Institut finlandais de recherche agroalimentaire (MTT).

Après avoir lancé l'idée sur l'internet, il finit par se rapprocher des habitants des immeubles de Roihuvuori. "C'était parfait. Avec 100 appartements, la taille était correcte. Et la population très diverse: des familles de classe moyenne, des personnes âgées et des étudiants vivant seuls", raconte Heikki Savonen.

Pour l'institut agroalimentaire, l'expérience est avant-gardiste. "Produire de la nourriture qui est ensuite jetée est un grand gâchis pour l'environnement", note Juha-Matti Katajajuuri, chercheur à l'institut. Les ménages finlandais jettent 130.000 tonnes de nourriture chaque année.

A Roihuvuori, la participation au projet peut encore progresser car, après quatre mois d'essais, seule une dizaine de personnes laissent régulièrement des commentaires sur le registre. "Restons réalistes. Tout le monde ne va pas s'en servir", reconnaît Jukka Peltonen. "Il y a aussi des utilisateurs secrets: ils se servent mais n'écrivent rien. Les personnes âgées, par exemple, ont parfois honte de prendre la nourriture des autres, et préfèrent donc ne pas le dire".

"L'été, les gens sortiront plus. Ils seront donc peut-être plus nombreux à participer", espère-t-il.

Difficile de dire à quel point les participants au système ont réduit leur facture au supermarché. Pour Heikki Savonen, un brin rêveur, là n'est pas le plus important. "A long terme, une telle initiative pourrait créer un sentiment de communauté. Les gens se croiseraient dans les couloirs de l'immeuble, et se diraient: tes pâtes d'hier soir, elles étaient super bonnes!"

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