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RDC : le gouvernement va discuter avec le M23

Un policier congolais armé d'un lance-roquette monte la garde devant l'aéroport de Goma, le 4 décembre 2012 en RDC [Phil Moore / AFP] Un policier congolais armé d'un lance-roquette monte la garde devant l'aéroport de Goma, le 4 décembre 2012 en RDC [Phil Moore / AFP]

Le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC) a annoncé mardi l'ouverture imminente, à Kampala, d'un "dialogue" avec le M23, alors que les experts de l'ONU ont renouvelé de graves accusations de soutien aux rebelles contre le Rwanda et l'Ouganda.

"Le dialogue va commencer d'ici un ou deux jours," a déclaré le ministre congolais de l'Intérieur, Richard Muyej Mangez, en visite à Goma, capitale de la riche province minière du Nord-Kivu (est) que les rebelles ont accepté d'évacuer en échange de l'ouverture de ces pourparlers.

"Nous dialoguerons avec quiconque impliqué dans la situation, (...) y compris le M23," a-t-il assuré. Un premier groupe de négociateurs doit, selon lui, quitter Kinshasa pour Kampala mardi. Un autre doit suivre mercredi.

"Nous avons fait en sorte que ce soit une équipe complète composée des animateurs de toutes les institutions", a précisé le ministre, indiquant que la société civile, l'assemblée nationale et le sénat de RDC y participeraient.

Il n'était cependant pas clair si le président Joseph Kabila prendrait lui-même part aux pourparlers.

Les rebelles avaient accepté la semaine dernière, aux termes d'une médiation des pays des Grands Lacs orchestrée par l'Ouganda, de se retirer de Goma, prise le 20 novembre, en échange d'ouverture de négociations avec le pouvoir de .

Le M23 est composé essentiellement d'ex-rebelles Tutsi congolais qui avaient été intégrés à l'armée régulière de RDC en 2009 après un accord de paix signé avec les autorités congolaises. Ils se sont mutinés il y a environ huit mois dans le Nord-Kivu, estimant que cet accord n'avait pas été pleinement respecté.

La rébellion est censée se retirer à au moins 20 km au nord de Goma, sur ses positions initiales. Mais, signe, aussi, de la difficile mise en oeuvre des termes de la médiation des Grands Lacs, elle est en réalité encore aux portes de la capitale du Nord-Kivu, postée à 3 km sur une colline stratégique surplombant une base militaire de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco).

Le ministre de l'Intérieur congolais Richard Muyej Mangez (g), le 4 décembre 2012 à Goma, en RDC [Phil Moore / AFP]
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Le ministre de l'Intérieur congolais Richard Muyej Mangez (g), le 4 décembre 2012 à Goma, en RDC
 

Accusations renouvelées contre Kigali et Kampala

Les mutins réclamaient surtout à l'origine de pouvoir rester en poste dans l'Est de la RDC pour protéger leur communauté, qu'ils disent menacée. Au fil de leur progression militaire, ils ont élargi leurs revendications à l'ouverture d'un dialogue politique en RDC entre régime, opposition et société civile.

Selon Kinshasa et l'ONU, la rébellion est soutenue par le Rwanda et l'Ouganda.

Kigali et Kampala démentent avec force. Mais lundi, le groupe d'experts du Conseil de sécurité de l'ONU a encore accusé les deux capitales d'avoir aidé militairement les rebelles dans leur récente offensive contre Goma.

Selon un rapport de ces experts dont l'AFP a obtenu une copie, les forces rwandaises ont fourni un "soutien direct" aux rebelles dès le lancement de leur offensive, tandis que l'Ouganda apportait surtout un appui "logistique", en particulier des équipements.

"Plus d'un millier de soldats rwandais sont venus du Rwanda pour aider le M23" dans sa marche vers Goma et 500 ont assisté les rebelles lors de la prise de la capitale du Nord Kivu, selon ce rapport.

Le ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, présenté par les experts de l'ONU comme le grand ordonnateur de ces opérations militaires, a jugé "totalement erronées" ces affirmations, mardi devant le Parlement rwandais. Il a mis au défi l'ONU "de présenter des preuves concrètes" d'une implication militaire rwandaise en RDC.

A Goma pendant ce temps, les autorités congolaises continuaient mardi de réinvestir les administrations abandonnées après l'arrivée des rebelles.

L'armée est revenue lundi dans Goma. Les responsables politiques de la ville et de la région -- maire, gouverneur... --, et des centaines de policiers sont également rentrés.

Des policiers congolais dans les rues de Goma, le 4 décembre 2012 [Phil Moore / AFP]
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Des policiers congolais dans les rues de Goma, le 4 décembre 2012
 

Mardi matin, le ministre de l'Intérieur a effectué une visite de la ville et de son aéroport, censé rouvrir jeudi. Il a expliqué être venu se "rendre compte des dégâts et rassurer la population et rétablir l'autorité de l'Etat".

Comme l'aéroport, la Banque centrale de Goma doit en théorie être de nouveau opérationnelle jeudi. Les banques commerciales ont d'ores et déjà ouvert mardi, apportant une bouffée d'oxygène à une ville en manque de liquidités sous la brève administration rebelle.

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