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Birmanie : le pouvoir disperse les opposants à une mine chinoise

Des moines boudhistes blessés lors de la dispersion d'une manifestation soignés le 29 septembre 2012 à l'hôpital de Monywa [ / AFP] Des moines boudhistes blessés lors de la dispersion d'une manifestation soignés le 29 septembre 2012 à l'hôpital de Monywa [ / AFP]

Les forces de l'ordre birmanes ont dispersé jeudi à l'aube des centaines de manifestants qui s'opposent à un projet chinois de mine de cuivre dans le nord du pays, utilisant notamment des canons à eau, a indiqué un militant à l'AFP par téléphone.

L'incident intervient alors que les Birmans sont de plus en plus nombreux à tester les nouvelles limites de leur liberté, après la dissolution de la junte et l'avènement d'un régime d'anciens militaires réformateurs, il y a un an et demi.

"Vers 3h00 du matin alors que nous dormions, la police anti-émeutes est entrée sur le site", a indiqué Yaywata, un moine bouddhiste, précisant que les manifestants, qui réclament notamment des compensations pour les terres réquisitionnées, s'étaient réfugiés dans un monastère.

Villageois, étudiants et moines veulent l'abandon de ce projet situé à Monywa, dans la Division de Sagaing (nord). Lors de premiers rassemblements en septembre, ils avaient affirmé à l'AFP que 3.200 hectares leurs avaient été confisqués sans consultation et parfois sans compensation. Le site est géré par une société mixte formée par le groupe chinois Wanbao et la société militaire Myanmar Economic Holdings, visée ces derniers mois par des accusations de corruption de la presse locale.

"Une trentaine de personnes, surtout des moines, ont souffert de brûlures", a affirmé le moine en affirmant que les autorités avaient fait aussi usage de gaz sans pouvoir en préciser la nature exacte. "C'est vraiment terrible de faire ça contre sa propre religion. Cela ne devrait pas arriver", a-t-il ajouté.

Le ministère de l'Intérieur, dans un communiqué diffusé par les médias d'Etat, avait ordonné aux manifestants de quitter leurs campements avant mardi sous peine de conséquences non précisées. Mais quelque 300 participants occupaient toujours les lieux.

Une commission parlementaire a été récemment créée pour permettre l'examen précis du dossier. La députée et chef de file de l'opposition, Aung San Suu Kyi, devait en principe se rendre dans la journée de jeudi à Monywa.

Les manifestations sont autorisées depuis quelques mois en Birmanie, qui a vécu une série de réformes spectaculaires.

Mais la police avait indiqué mardi avoir arrêté et inculpé pour diffamation contre l'Etat huit participants à une manifestation la veille à Rangoun contre ce même projet.

L'an dernier, le président Thein Sein avait surpris le monde entier et s'était attiré les louanges de l'Occident en suspendant un immense projet de barrage chinois très impopulaire dans le nord du pays, sous la pression notamment de l'opinion publique locale.

La Chine a profité des décennies de dictature militaire pour étendre une influence colossale sur le pays, en particulier son appareil économique.

Mais le changement de régime modifie la carte géopolitique et l'opposition à certains de ses grands projets se fait de plus en plus vive au sein des populations locales.

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