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Vatileaks : un complice présumé du majordome devant la justice

Paolo Gabriele, l'ancien majordome du pape, quitte le tribunal après le verdict dans son procès, le 6 octobre 2012 à Rome [ / Osservatore Romano/AFP/Archives] Paolo Gabriele, l'ancien majordome du pape, quitte le tribunal après le verdict dans son procès, le 6 octobre 2012 à Rome [ / Osservatore Romano/AFP/Archives]

Un informaticien du Vatican, complice présumé du majordome du pape comparaît à partir de lundi devant le tribunal du petit Etat, dans le second procès "Vatileaks", scandale retentissant sur les fuites de documents confidentiels.

Ce procès sera rapide, car Claudio Sciarpelletti, 48 ans, qui travaillait à la Secrétairerie d'Etat --gouvernement du Saint-Siège-- et est accusé de complicité de recel, a joué un rôle considéré "plutôt marginal par la magistrature", avait annoncé le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi.

Même si le Vatican insiste sur le rôle secondaire de l'informaticien, ce second procès pourrait apporter des éclaircissements sur les éventuelles complicités dont aurait bénéficié le majordome Paolo Gabriele. Le procès de ce dernier, circonscrit aux circonstances du vol de documents, n'avait pas permis d'élucider cet aspect.

Gabriele, qui purge une peine de 18 mois de prison pour "vol aggravé", est cité à comparaître comme témoin. Sa déposition est très attendue.

C'est une mystérieuse enveloppe blanche découverte dans un tiroir de son bureau qui a éveillé les soupçons des enquêteurs sur Sciarpelletti. Ce pli portait au verso le timbre bleu de l'office d'informations et de documentations de la Secrétairerie d'Etat et au recto l'inscription "Personnel P. Gabriele". Il contenait des photocopies de certains documents confidentiels publiés dans le livre "Sua Santita" du journaliste Gianluigi Nuzzi qui a déclenché l'affaire, en révélant intrigues et tensions dans les plus hautes sphères du Saint-Siège.

Sciarpelletti, interpellé puis aussitôt relâché en mai, s'est abondamment contredit lors de ses interrogatoires. Il a affirmé que Gabriele lui avait donné cette enveloppe pour lui "demander son avis" sur son contenu, mais qu'il ne l'avait pas ouverte, par manque d'intérêt, et l'avait "oubliée".

Il a ensuite déclaré que cette enveloppe lui avait été donnée par un autre, identifié comme W, pour la remettre au majordome. Il a aussi évoqué une deuxième enveloppe, donnée par un certain X.

Versions changeantes

Sur leurs relations, Gabriele et Sciarpelletti ont donné des versions changeantes, allant de la simple relation de travail à la réelle amitié, avec échanges de confidences et sorties en famille.

Selon la sentence de renvoi du juge d'instruction, il n'y a pas eu de "concertation entre les deux accusés", d'où la décision de limiter le chef d'accusation de Sciarpelletti à complicité.

Salué comme un signe d'ouverture du Vatican, le procès du majordome, bouclé en une semaine début octobre, a toutefois été perçu comme une volonté de limiter les dégats dans une affaire plus vaste. Pour le site Vatican Insider, "les comptes ne sont pas bons" dans cette affaire.

Alors que d'autres enquêtes se poursuivent au Vatican, la Secrétairerie d'Etat a jugé que la sentence contre Gabriele "mettait un point final à une affaire triste qui a eu des conséquences très douloureuses".

Selon elle, "les diverses conjectures sur l'existence d'un complot et de l'implication d'autres personnes se sont révélées, à la lumière de la sentence, infondées".

Cette prise de position a été perçue comme une intrusion du pouvoir régalien dans le cours de la justice, dans un Etat fonctionnant encore comme une monarchie absolue, où les pouvoirs restent confondus.

Autre mystère: la Cour n'a pas cherché à se procurer le rapport rédigé par le groupe de cardinaux qui a mené une enquête parallèle sur l'affaire. Ce rapport, resté secret, a été remis à Benoît XVI fin juillet.

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