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L'arrivée de Sandy paralyse le nord-est des Etats-Unis

Une station du métro new-yorkais fermée et protégée avec des sacs de sable, le 29 octobre 2012 [Andrew Burton / Getty Images/AFP] Une station du métro new-yorkais fermée et protégée avec des sacs de sable, le 29 octobre 2012 [Andrew Burton / Getty Images/AFP]

Transports en commun à l'arrêt, vols annulés, écoles fermées: le Nord-Est des Etats-Unis s'est retrouvé paralysé lundi avant le chaos annoncé par l'arrivée de l'ouragan Sandy sur les côtes, bouleversant la campagne électorale à huit jours de la présidentielle.

Dans cette région la plus densément peuplée du pays, 50 millions de personnes risquent d'être affectées, que ce soit par les inondations prévues en raison des pluies diluviennes ou des coupures de courant provoquées par la chute d'arbres sous l'effet des bourrasques.

Le président américain Barack Obama, qui a appelé ses compatriotes à prendre "très au sérieux" le danger, a annulé un déplacement en Floride afin d'être à la Maison Blanche pour "surveiller les préparatifs" à l'ouragan Sandy.

Interrompre sa campagne à un moment crucial lui permet d'endosser le costume présidentiel et de rappeler qu'il est le "Commander in chief", loin de l'inertie reprochée à George W. Bush lors de l'ouragan Katrina qui avait dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005. Le candidat républicain Mitt Romney poursuit lui ses réunions dans les Etats clés de l'Ohio, de l'Iowa et du Wisconsin.

L'ouragan devrait atteindre la côte dans la nuit de lundi à mardi à proximité de Cape May, au sud du New Jersey.

L'oeil de l'ouragan se trouvait lundi à 08H00 (12H00 GMT) à 505 kilomètres au sud de New York et s'orientait vers le nord-ouest, sa vitesse de déplacement s'accélérant à 40 km/h, selon un bulletin du Centre américain de surveillance des ouragans (NHC).

Les vents se sont renforcés à 140 km/h et se faisait sentir jusqu'à près de 800 kilomètres de là.

La pression atmosphérique a encore chuté, tombant à 946 hectopascals, une pression jamais observée sous ces latitudes quand la pression normale est de 1.015 hectopascals, selon le relevé d'un avion chasseur d'ouragan, a précisé selon le NHC.

Trois-mâts en perdition

Selon les services météorologiques, ce n'est pas tant la vitesse des vents que l'étendue massive de la tempête, sa faible vitesse de déplacement, et sa confluence avec un front froid venu du Canada qui la rendent particulièrement dangereuse.

Sur la côte atlantique, l'océan était blanc d'écume et la pluie balayait à l'horizontale, montraient les télévisions qui ont dépêché des hordes de journalistes vêtus de cirés.

En mer, la tempête a déjà provoqué la perte d'un trois-mâts, le HMS Bounty, réplique de la célèbre frégate anglaise dont l'équipage s'était mutiné au XVIIIe siècle.

Sur une équipe de 16 personnes, 14 ont été récupérées dans la matinée, deux étaient toujours portées disparues.

La compagnie Amtrak a suspendu toutes ses liaisons ferroviaires et routières sur la côte tandis que près de 9.000 vols intérieurs et internationaux ont été annulés dans les aéroports de la zone, selon le site internet spécialisé flightaware.com.

New York, la vibrante ville la plus peuplée du pays, était anormalement calme lundi matin.

A l'angle de la 6e avenue déserte et de la 23e rue, David Blythe, qui habite Brooklyn, est venu acheter un café et une banane pour son petit déjeuner, dans une des rares enseignes ouvertes. Pour être sûr de pouvoir travailler, il a pris un hôtel à Manhattan pour plusieurs jours, à moins de 10km de chez lui. "J'ai des réunions que je ne pouvais pas manquer", explique-t-il.

Dans l'immeuble résidentiel voisin du "Caroline" sur la 23e rue, tous les employés ont été réquisitionnés pour trois jours, pour assurer la sécurité des résidents. Ils ne rentreront pas chez eux. Albert Mustaj, est l'un des portiers en gants blancs. Il sourit quand on lui demande s'il a peur. "Je viens du Montenegro", explique-t-il. "j'ai vu pire".

Metro, bus, écoles et même Wall Street ont fermé pour la journée. Dans les zones inondables bordant l'East et l'Hudson River à Manhattan, à Brooklyn et Staten Island, le maire Michael Bloomberg a ordonné l'évacuation de 375.000 habitants de zones inondables.

Mais malgré l'ouverture de 76 abris dans des écoles de la ville, nombre d'habitants semblaient préférer se barricader chez eux, souvent après avoir fait des stocks de vivres.

Au sud de Manhattan, les eaux avaient déjà monté dans la matinée de près d'un mètre, s'approchant dangereusement de la hauteur d'eaux enregistrée en août 2011 lors du passage de l'ouragan Irene qui avait laissé 47 morts sur son passage et 10 milliards de dollars de dégâts.

Dans les Etats côtiers du nord-est, les gouverneurs ont également appelé à évacuer les zones littorales. "Ne soyez pas stupides, partez", a enjoint le gouverneur du New Jersey, Chris Christie.

Pour certains, c'est déjà trop tard: à Atlantic City, surnommée le "Las Vegas de l'Est", la résidente d'un hôtel, Aubrey Whelan, montrait sur Twitter les photos de la station balnéaire sous les eaux.

A Boston, comme à Philadelphie ou Washington, le scénario est semblable. Les écoles sont fermées, les transports publics interrompus. Dans la capitale fédérale, les fonctionnaires et employés du district de Columbia ont été appelés à rester chez eux et nombre de commerces garder portes closes.

Habituellement congestionnée, Washington avait des allures de ville fantôme.

Sandy devrait se faire sentir loin dans les terres. Les montagnes de Virginie occidentale devraient se couvrir d'un mètre de neige tandis que les vagues du lac Michigan à plus de mille kilomètres de l'Atlantique pourraient atteindre 10 mètres de hauteur, selon la météo nationale (NWS).

L'ouragan a déjà laissé au moins 66 morts après son passage dans les Caraïbes. Six ou sept Français sont par ailleurs portés disparus en mer entre la Martinique et la Dominique depuis dimanche soir, selon le ministère des Transports, qui a précisé que la houle était forte après le passage de Sandy.

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