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Le Nobel de la paix consacre un "soft power" menacé

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, à gauche, avec l'ambassadeur de Norvège auprès de l'ONU, à Bruxelles, le 12 octobre 2012 [Thierry Charlier / AFP] Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, à gauche, avec l'ambassadeur de Norvège auprès de l'ONU, à Bruxelles, le 12 octobre 2012 [Thierry Charlier / AFP]

Le prix consacre le "soft power", la "diplomatie d'influence" de l'Union européenne, très engagée dans la promotion de la démocratie et dans l'aide au développement en dépit d'une faible visibilité et d'une tendance au repli.

Le a voulu récompenser "la plus importante réussite de l'UE: son combat couronné de succès en faveur de la paix et la réconciliation, et pour la démocratie et les droits de l'Homme".

Le Nobel en particulier la politique d'élargissement de l'UE qui, depuis les années 1980, est parvenue à intégrer, en échange de réformes démocratiques, d'anciennes dictatures comme la Grèce, l'Espagne et le Portugal. Elles ont été suivies par les ex-pays communistes d'Europe centrale et orientale, rejointes l'an prochain par la Croatie.

Même la simple perspective d'adhésion a contribué à renforcer la réconciliation dans les Balkans ou la démocratie en Turquie, estime encore le comité Nobel.

De fait, la Turquie est "un bon exemple" de cette influence positive, confirme Katinka Barysch, chercheuse au "Centre for European Reform" à Londres. "Le pays a été transformé: il a aboli la peine de mort et a fait de grandes réformes, en particulier quand il a été stimulé pour ouvrir les négociations" en vue d'une adhésion en 2004, souligne-t-elle.

Ces dernières années toutefois, remarque Mme Barysch, "les négociations sont au point mort et le pays recule".

Dans l'ex-Yougoslavie, ravagée par les conflits ethniques dans les années 1990, l'UE contribue à stabiliser le Kosovo avec la mission de police et justice Eulex. Elle a récompensé le dialogue entre Serbes et Kosovars en accordant à la Serbie le statut de candidat et entamé des négociations avec le Monténégro. Mais les tensions restent encore fortes dans la région et la Macédoine ne parvient pas à ouvrir de pourparlers d'adhésion faute d'accord avec la Grèce sur son nom.

Ce prix Nobel est "une reconnaissance de l'essence même de l'élargissement: surmonter les divisions, transformer et stabiliser", a commenté le commissaire européen en charge du dossier, Stefan Füle.

-- Lassitude européenne --

Au niveau mondial, les 27 restent de loin, malgré des budgets en baisse, les premiers contributeurs dans l'aide au développement, avec 53 milliards d'euros en 2011, soit 56% du total mondial contre 20% pour les Etats-Unis. L'UE cherche à promouvoir la bonne gouvernance, mais aussi la santé et l'éducation en particulier dans les pays les moins stables comme l'Afghanistan, le Soudan ou la République démocratique du Congo.

Les Européens mènent également des missions de "prévention des conflits" en déployant militaires et civils dans la Corne de l'Afrique ou au Sahel.

L'UE tient en outre la première place pour l'aide humanitaire d'urgence, que ce soit pour des catastrophes naturelles ou pour des conflits, comme la Syrie actuellement.

Mais le prix Nobel est décerné à un moment où l'opinion éprouve une certaine lassitude à l'égard de l'élargissement, et où l'Europe s'est un peu recroquevillée sur ses problèmes internes, du fait de la crise.

"On la sent moins présente, moins percutante à l'étranger. Or, l'UE a un savoir à exporter, en particulier dans la prévention des conflits. Elle doit pour cela avoir la volonté de renforcer sa cohésion en politique étrangère" remarque Louise Arbour, présidente de l'International Crisis Group (ICG) à Bruxelles.

A la tête du "Service diplomatique européen", Catherine Ashton s'y attèle tant bien que mal. Elle représente les grandes puissances dans les difficiles négociations avec l'Iran sur son programme nucléaire controversé.

Mais la Britannique est souvent critiquée pour son manque d'initiative et son incapacité à dépasser les divisions entre les 27 sur les grands dossiers de politique étrangère, comme au Proche-Orient.

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