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Antoine Jacob : "Le Nobel de la Paix peut sauver des vies"

L'opposante birmane Aung San Suu Kyi, en juin dernier à Oslo, où elle a reçu le Prix Nobel de la Paix qui lui avait été attribué en 1991. [ASERUD, LISE / POOL / AFP]

Qui pour succéder à mère Teresa (1979), Theodore Roosevelt (1906), le dalaï-lama (1989) ou encore Barack Obama (2009) ?

Annoncé vendredi 12 octobre à Oslo, en Norvège, le prix Nobel de la paix récompensera comme chaque année la personne ou organisation qui a le mieux «œuvré au rapprochement entre les nations, à la réduction des forces armées et à la promotion de la paix», comme l’a souhaité Alfred Nobel dans son testament rédigé peu avant sa mort, en 1896. Plus qu’un simple récompense, le Nobel de la paix est un véritable sésame pour la plupart des lauréats, comme l'explique Antoine Jacob, auteur d’une Histoire du prix Nobel (éd. François Bourin).

Comment se décide l'attribution du prix ? 

C'est le comité Nobel qui décide. Il est composé de cinq personnalités norvégiennes élues pour trois ans par le Parlement norvégien. Ses membres doivent choisir parmi une liste de personnalités ou organisations qui leur a été soumise, clôturée chaque année avant le 1er février. 231 noms y figurent cette année. Les membres du comité peuvent ensuite faire appel à des experts pour les aider à faire leur choix.  

Qui peut proposer les candidats au Nobel de la Paix ?

Tous les parlementaires, membres de gouvernement et professeurs d'Université dans le domaine de la géopolitique, du droit et des sciences politiques, ainsi que les anciens lauréats du prix, les magistrats spécialisés dans le droit international et les conseillers spéciaux du Comité norvégien. Etant donné qu'une seule proposition suffit à ce qu'un nom soit inscrit sur la liste, il est d'ailleurs étonnant qu'il n'y ait que 231 candidats. En France, on sait par exemple qu'Eric Raoult (maire UMP du Raincy, ndlr) avait proposé Nicolas Sarkozy.   

A quoi sert le Prix Nobel de la Paix ?

Le Prix Nobel peut servir à conforter un processus de réconciliation, comme lorsqu'il a été attribué à Nelson Mandela et Frederik De Klerk, en 1993. Cela a contribué à consolider le processus de démantèlement du régime de l'apartheid en Afrique du Sud. On a également pu le constater en Irlande du Nord en 1998, lorsque les dirigeants catholique John Hume et protestant David Trimble ont été distingués pour avoir permis la signature de l'accord du vendredi saint, ou encore en 1994 quand Yasser Arafat, Shimon Peres et Yitzhak Rabin avaient été récompensés pour leurs efforts de Paix au Proche-Orient. Mais parfois, le prix peut aussi sauver des vies, ou du moins être utile aux personnalités en difficulté, comme l'opposante birmane Aung San Suu Kyi en 1991. Ce prix a constitué pour elle une assurance contre la junte militaire au pouvoir, qui ne pouvait plus envisager de l'éliminer car le monde entier avait les yeux tournés vers elle. Le polonais Lech Walesa, fondateur du syndicat Solidarnosc, a lui aussi pu compter sur la protection que constituait le prix Nobel (attribué en 1983, ndlr) face au régime communiste.

Le prix étant richement doté, la dimension financière a-t-elle une importance  ? 

De manière générale, tous les lauréats ont vu leur vie changer de manière positive. Mais un million d'euros, puis 900 000 cette année, cela représente une somme non négligeable. Mère Teresa a ainsi pu investir cet argent dans sa cause, tout comme Mohammed Yunus, qui a pu développer son activité de micro-crédit. On trouve par contre des exemples négatifs : en 1976, les Irlandaises Betty Williams et Mairead Corrigan avaient crée un scandale en s'offrant des manteaux de fourrure, alors qu'elles avaient promis d'utiliser l'argent pour la cause du tiers-monde. 

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