Le chef du Hezbollah chiite libanais, Hassan Nasrallah, a fait une apparition lundi devant des dizaines de milliers de partisans dans la banlieue sud de Beyrouth, à l'occasion d'une manifestation à son appel pour protester contre un film anti-islam.
Le dirigeant de ce puissant mouvement vit caché depuis la fin de la guerre de l'été 2006 entre Israël et le Hezbollah. Il n'était pas apparu en public depuis la fête chiite d'Achoura, en décembre 2011.
Wassim Nasr, journaliste, diplômé de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques (CEDS) répond aux questions de DirectMatin.fr.
Hassan Narsrallah n'était pas apparu en public depuis 2008, pourquoi apparait-il maintenant ?
En tant que chef de parti islamiste, il ne peut pas passer outre cet événement. Il cherche à avoir une stature au sein du monde musulman, à réaffirmer son image ternie par le conflit syrien après la spectaculaire montée en puissance de 2006 suite à la guerre de 33 jours avec Tsahal. Il cherche à se poser en rassembleur et veut présenter le Hezbollah comme le parti de tous les opprimés.
Quel message cherche t-il à délivrer ?
Hassan Nasrallah veut dire : "Nous ne sommes pas que des chiites, on est aussi des musulmans". Il veut se poser en rassembleur. C'est aussi un moyen d'évacuer les tensions entre chiites et sunnites.
Hassan Nasrallah a-t-il encore les moyens de se poser en rassembleur ?
Je ne sais pas s'il a les moyens mais il essaye. C'est avant tout une manœuvre politique, de la rhétorique. Sur le terrain il ne se passe pas grand-chose. Il est dans une stratégie de préservation des acquis. Hassan Nasrallah veut montrer que le Hezbollah est toujours le parti le plus fort et que du coup il ne peut pas passer à côté de cette protestion.
Le Hezbollah peut-il revenir sur le devant de la scène avec ce film anti-islam ? Est-ce qu'il s'est reconstitué depuis l'attaque israélienne en 2006 ?
Non. Le Hezbollah ne reviendra sur le devant de la scène que s'il y a une guerre, si frappe il y a contre les installations nucléaires iraniennes.
Dans le collimateur d'Hassan Nasrallah : les Israéliens et les Américains. Mais pas les chrétiens. Pourquoi ?
La moitié des chrétiens au Liban sont alliés au Hezbollah. De plus le Hezbollah essaye de s'inscrire tacitement comme le protecteur des minorités - exception faite de la communauté juive - dans la région face à la montée du salafisme sunnite.
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