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Film anti-islam : les violences se poursuivent

Des manifestants lors de violences à Tunis en Tunisie le 14 septembre 2012. Des manifestants lors de violences à Tunis en Tunisie le 14 septembre 2012.[FETHI BELAID / AFP]

Trois jours après la diffusion d’un film "anti-islam", réalisé aux Etats-Unis,  les violences se sont poursuivies vendredi dans le monde.  Des dizaines de milliers de musulmans ont manifesté dans plusieurs pays. Six personnes sont décédées en Tunisie, au Soudan, au Liban et en Egypte.

Tunisie

Au cours d'affrontements très violents à Tunis, deux manifestants ont été tués par balle et 40 autres personnes ont été blessées, dont vingt policiers. Au moins un millier d'islamistes ont pris d'assaut l'ambassade américaine. Des vitres ont été brisées. Un drapeau noir et un autre blanc, aux couleurs de la mouvance salafiste a été érigé à la place du drapeau américian. Les manifestants ont aussi incendié des bâtiments de l'école américaine située à proximité de l'ambassade. Le président tunisien Moncef Marzouki a qualifié de "totalement inacceptables" ces actes de violence contre un "pays ami". De son côté le Premier ministre tunisien Ahmadi Jebali, un islamiste, s'est dit "profondément préoccupé" par ces attaques. Son gouvernement a appelé au calme.

Soudan

A Khartoum, une dizaine de manifestants sont parvenus à pénétrer dans l'ambassade des Etats-Unis en agitant des drapeaux islamistes noirs, a constaté un correspondant de l'AFP. Un manifestant a trouvé la mort, écrasé par un véhicule de la police, selon un secouriste. Le corps d'un autre a été découvert près de l'ambassade. Peu avant, 5.000 manifestants islamistes avaient mis le feu à l'ambassade d'Allemagne.
 

Egypte

Au Caire, un manifestant a été tué dans les affrontements avec les forces de l'ordre aux abords de l'ambassade américaine. 53 policiers ont été blessés, selon l'agence officielle Mena. Le président égyptien Mohamed Morsi a condamné le film tout en dénonçant les violences qu'il a engendrées. Les Frères musulmans ont retiré leur appel à manifester à travers tout le pays, mais des manifestants ont continué toute la journée à affronter la police près de l'ambassade américaine. samedi matin, un calme précaire régnait dans le centre du Caire, évacué tôt le matin après une nuit d'affrontements.

Liban

Au Liban, un manifestant a été tué, 25 autres ont été blessés dans des heurts à Tripoli (nord) tandis que des centaines d'islamistes avaient incendié un fast-food américain, selon un responsable des services de sécurité.

Syrie

En Syrie, théâtre d'un conflit meurtrier, partisans et opposants du régime ont manifesté, séparément, contre le film.

Libye

Quelques dizaines d'islamistes radicaux ont manifesté à Benghazi (est) aux cris de: "Obama, Obama, nous sommes tous des Oussama", en référence à Oussama ben Laden, l'ex chef d'Al-Qaïda. Dans cette ville une attaque mardi contre le consulat américain a fait quatre morts américains, dont l'ambassadeur.
 

Yémen

A Sanaa, où quatre personnes ont été tuées jeudi dans des heurts, les policiers ont tiré en l'air et fait usage de canons à eau et de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants rassemblés près de l'ambassade des Etats-Unis. Les personnes sur place ont brûlé le drapeau américain et ont réclamé l'expulsion de l'ambassadeur.

Irak

Des milliers de personnes sont également descendues dans la rue en Irak, dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas et à Jérusalem-Est occupé et annexé par Israël, ainsi qu'en Iran.

Asie
       
Quelque 10.000 manifestants des drapeaux américains et israéliens ont brûlé à Dacca, au Bangladesh, et tenté de s'approcher de l'ambassade des Etats-Unis. 

Au Pakistan, des manifestations dans plusieurs grandes villes ont notamment demandé la mort du réalisateur du film. Les talibans pakistanais ont appelé samedi les jeunes musulmans à travers le monde et dans leur pays, à se soulever pour protester contre ce film.

En Indonésie, environ 350 islamistes radicaux ont manifesté à Jakarta contre la "déclaration de guerre" que représente selon eux le film.

Des appels au calme

Dans ce contexte, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a qualifié le film de "répugnant", a appelé "au calme et à la raison". Le Conseil de sécurité de l'ONU a jugé "injustifiables" vendredi les violences contre des missions diplomatiques, notamment américaines, et rappelé l'obligation des pays hôtes de protéger les locaux et leur personnel.

Le pape Benoît XVI, en visite au Liban, a pour sa part demandé aux juifs, musulmans et chrétiens d'"éradiquer" le fondamentalisme.

De son côté, le président américain Barack Obama a affirmé sa fermeté. Les Etats-Unis "tiendront bon" face aux violences dirigées contre leurs ambassades et leurs ressortissants dans le monde arabo-musulman, a t-il averti.

Sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton a souligné que les pays du Printemps arabe ne s'étaient pas affranchis de la "tyrannie d'un dictateur" pour se retrouver sous celle "des foules". Elle a assuré que le gouvernement américain n'avait "absolument rien à voir" avec cette "vidéo écoeurante et condamnable".
 

La chancelière allemande Angela Merkel a condamné l'attaque contre l'ambassade d'Allemagne à Khartoum, exprimant "sa grande inquiétude" quant aux violences dans le monde arabe.
 

L'Union européenne a demandé vendredi soir aux autorités des pays frappés par ces violences d'assurer la "sécurité" des diplomates et à appeler "immédiatement à la paix et à la retenue", dans une déclaration de Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne.

Les Etats-Unis travaillent avec les pays du Proche-Orient et d'Afrique du Nord pour "renforcer" les mesures de sécurité autour de toutes leurs missions diplomatiques, notamment au Soudan et en Tunisie, a annoncé pour sa part un haut responsable du département d'Etat.

Le réalisateur n’a aucun regret

Nakoula Basseley Nakoula, un copte habitant la Californie qui affirme être le producteur du film, a déclaré vendredi à la station américaine en arabe Radio Sawa n'avoir aucun regret. "Oui, je me sens coupable" des violences provoquées par le film, a-t-il dit. Mais "l'Amérique (...) n'a rien à voir" avec ce film. Cet homme est  sous le coup d'une condamnation pour fraude.

Selon un site internet ce film aurait été tourné par un réalisateur de films porno.

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