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Le pape signe l'Exhortation

Le pape Benoît XVI (d) donne un discours le 14 septembre 2012 à son arrivée à l'aéroport de Beyrouth [Joseph Eid / AFP] Le pape Benoît XVI (d) donne un discours le 14 septembre 2012 à son arrivée à l'aéroport de Beyrouth [Joseph Eid / AFP]

Le pape Benoît XVI a demandé vendredi aux chrétiens de "ne pas avoir peur" face aux menaces qui les incitent à quitter le Moyen-Orient, en recommandant aux juifs, chrétiens et musulmans d'en "éradiquer le fondamentalisme religieux", selon lui une menace "mortelle".

Le pape, qui semblait en bonne forme, a signé l'Exhortation apostolique - ensemble de directives aux évêques d'Orient - vendredi soir à la basilique Saint-Paul de Harissa, près de Beyrouth, première étape de son voyage de trois jours au Liban.

L'Exhortation "Ecclesia in Medio Oriente" est signée au siège du patriarcat grec melkite de Harissa, site majestueux sur la côte au nord de Beyrouth, près de deux ans après le synode des évêques qui s'était tenu au Vatican à l'automne 2010, juste avant le "Printemps arabe".

Ce document insiste sur la présence ancestrale des chrétiens comme "partie intégrante" du Moyen-Orient, une "laïcité saine", le refus de la violence, la volonté de lutter contre "les stratégies tendant à un Moyen-Orient monochrome", la "gestion transparente" des finances des Eglises, l'accueil des réfugiés chrétiens et des immigrés.

Devant les évêques de toutes les confessions catholiques, venus même d'Irak ou d'Egypte, le pape a exprimé à quelque 15 millions de chrétiens qui vivent dans les 17 pays du Proche et Moyen-Orient, berceau du christianisme, sa solidarité: "Comment ne pas rendre grâce à Dieu à tout moment pour vous tous, chers chrétiens du Moyen-Orient (....) Je vous invite tous à ne pas avoir peur, à demeurer dans la vérité et à cultiver la pureté de la foi".

"Toute l'Eglise a pu ainsi entendre le cri anxieux et percevoir le regard désespéré de tant d'hommes et de femmes (...) qui vivent de fortes tensions dans la peur et l'inquiétude, qui veulent suivre le Christ (...) mais qui s'en trouvent souvent empêchés", a-t-il ajouté, dans une allusion aux menaces qui touchent les chrétiens, du Golfe à l'Irak en passant par la Syrie.

Il a invité les dirigeants à s'inspirer de l'empereur Constantin, qui avait établi la liberté de culte dans l'empire romain par l'édit de Milan en 313, et ainsi "su sortir les chrétiens de la discrimination pour leur permettre de vivre ouvertement et librement leur foi".

Dans l'Exhortation apostolique, Benoît XVI affirme que le fondamentalisme "veut prendre le pouvoir, parfois avec violence, sur la conscience de chacun et sur la religion pour des raisons politiques".

Sans pointer le doigt sur l'intégrisme islamiste, le pape "lance un appel pressant à tous les responsables religieux juifs, chrétiens et musulmans de la région, afin qu'ils cherchent par leur exemple et leur enseignement à tout mettre en oeuvre pour éradiquer cette menace qui touche indistinctement et mortellement les croyants de toutes les religions".

Selon le pape, "les incertitudes économico-politiques, l'habilité manipulatrice de certains et une compréhension déficiente de la religion entre autres, font le lit du fondamentalisme religieux".

La visite du pape intervient alors que des manifestations violentes ont éclaté à travers le Moyen-Orient contre un film, "Innocence of Muslims" ("L'Innocence des musulmans"), dont des extraits sont diffusés sur internet, dénigrant les musulmans.

Dans son adresse de bienvenue, le patriarche melkite Grégoire III Laham a insisté sur la nécessité de régler le conflit palestino-israélien: "la reconnaissance de l'Etat palestinien (...) préparerait la voie vers un vrai printemps arabe".

Il n'a pas repris la "demande instante" plus directe qui figurait dans une première version de son discours publiée sur un site de la visite: "que le Saint-Siège reconnaisse l'Etat palestinien, en accord avec les résolutions et les décisions de la communauté internationale".

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