En direct
A suivre

Les Amish mis en cause dans le procès des "coupeurs de barbes"

Des membres de la communauté Amish.[MARK WILSON / AFP]

C’est un procès atypique qui s’est ouvert lundi 27 août dans l’Ohio, aux Etats-Unis. La comparution des « coupeurs de barbes » devant le juge offre aux Américains une de ces affaires insolites dont ils raffolent.

Mais la communauté Amish, d’où sont issus les malfaiteurs, aurait préféré se passer de cette mauvaise publicité. D’autant que cette affaire met en lumière les étranges us et coutumes de cette communauté qui a fait le choix de vivre cloîtrée à la marge du monde moderne.

Les faits se déroulent en 2011 dans le village Amish près de Bergholz, dans l’Ohio. Pendant un mois, cette petite communauté Amish va vivre dans la terreur. Chaque nuit, des hommes pénètrent dans les maisons pour tondre barbes et cheveux des occupants avant de les photographier. Pour les Amish, la tonte est vécue comme un véritable drame puisque d’après leur tradition, il est interdit de se raser et de se couper les cheveux après le mariage. Les agresseurs n’hésiteront pas à user de laxatifs avant de sortir ciseaux et tondeuses contre leur proie.

Briser la loi du silence

De nombreuses familles Amish ont été victimes de ces agressions. Mais conformément au rite Amish, les problèmes se règlent au sein de la communauté, et beaucoup ont rechigné à porter plainte.

Pour certains membres, il est clair que ces opérations commandos sont organisées par Sam Mullet, le chef spirituel qui fonda cette communauté en 1995. Il s’agit d’intimider ceux qui osent défier son autorité. L’homme de foi dirige en fait sa communauté comme une secte. Pression psychologique, menaces d’excommunication, droit de cuissage sur les femmes mariées, enfermements… Le « gourou » use de tous les artifices pour soumettre les membres de sa communauté à sa tyrannie.

Plusieurs membres de ce « village » de 120 habitants, tous descendants de Sam Mullet, finissent par contacter le sheriff du comté. Quinze membres sont arrêtés dont Sam Mullet. D’emblée, celui-ci s’est  insurgé contre la légalité du tribunal qui, d’après lui, n’est pas compétente dans les affaires de sa communauté. « Vous disposez de lois pour réglementer la voie publique. Si quelqu’un vous désobéit, vous le punissez. Mais moi, je n’ai pas le droit de punir les membres de mon Eglise ? » a-t-il lancé aux journalistes.

Sam Mullet a demandé à être libéré. Il s’est dit prêt à porter un bracelet électronique, et pour cela, il va devoir équiper sa maison de l’électricité, pourtant formellement interdite par l’Eglise Amish. Sam Mullet a reçu peu de soutiens de la part de ses confrères plutôt gênés par la tournure médiatique que prend cette affaire. Au contraire, cette communauté de près de 230 000 membres s’est émue de ses méthodes.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités