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L'Angleterre n'en a pas fini avec l'affaire des écoutes

L'ancienne directrice de News International Rebekah Brooks (d) et son mari Charlie Brooks (g) quitte le tribunal à Londres le 13 juin 2012[AFP]

L'affaire des écoutes continue d'empoisonner la vie politique britannique avec la première comparution en justice de Rebekah Brooks, la reine déchue des tabloïdes et l'apparition de fissures dans la coalition au pouvoir sur le sort d'un ministre accusé de favoritisme envers l'empire Murdoch.

Le Premier ministre David Cameron a réitéré mercredi devant les députés son soutien total à son ministre de la Culture Jeremy Hunt, accusé d'avoir outrepassé son rôle en intervenant en faveur du groupe Murdoch dans sa tentative d'achat -avortée- de la totalité du bouquet satellitaire BSKyB.

M. Cameron a refusé tout net pour la deuxième fois l'enquête réclamée par le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband en vue de déterminer si M. Hunt a contrevenu au code de bonne conduite ministériel.

Son soutien inconditionnel à M. Hunt, resté en place alors que son conseiller a démissionné pour ses liens compromettants avec un lobbyiste du groupe Murdoch, crée des tensions au sein de la coalition avec les libéraux démocrates.

Le chef des "lib-dem" Nick Clegg a demandé mardi aux députés de son groupe de s'abstenir au cours d'un vote mercredi sur une motion du parti travailliste réclamant une enquête sur M. Hunt.

Leur abstention ne fera pas basculer le vote, mais elle mine l'autorité de M. Cameron. Ed Miliband n'a pas manqué de souligner l'absence du vice-Premier ministre Nick Clegg des bancs du gouvernement, mercredi.

Cependant, Nick Clegg avait une excuse en or : il était entendu par la commission Leveson sur les liens entre le monde politique et les médias, centrée pour une bonne part sur le groupe Murdoch.

Le magnat australien des médias, courtisé depuis 30 ans par les deux grands partis politiques pour son rôle supposé de "faiseur de rois", est en quelques mois devenu l'homme à éviter.

Son fleuron, le journal dominical News of the World, premier tirage de la presse britannique, est soupçonné d'avoir fait écouter environ 800 personnes au début des années 2000 afin d'alimenter sa machine à scoops.

Mercredi matin, Rebekah Brooks, ex-directrice de News International, la branche britannique de l'empire Murdoch, quatre de ses collaborateurs et son mari comparaissaient devant la justice dans le cadre de l'enquête sur ce scandale.

L'implication de Rebekah Brooks et de son époux, amis personnels de David Cameron, est une nouvelle épine dans le pied du Premier ministre. Il a déjà essuyé un feu de critiques pour avoir embauché en 2007 l'ex-rédacteur en chef du News of the World Andy Coulson, devenu son conseiller à Downing Street avant de démissionner en plein scandale en janvier 2011.

La flamboyante rousse de 44 ans, présentée comme la "cinquième fille de Rupert Murdoch", est inculpée ainsi que cinq co-accusés d'"entrave au cours de la justice". Elle a tenté de soustraire sept caisses de documents des archives de News International en juillet 2011 et a essayé, avec l'aide notamment de son mari, de "dissimuler à la police des documents, des ordinateurs et du matériel électronique". Elle comparaîtra de nouveau avec les cinq co-accusés le 22 juin.

Ces comparutions sont les premières depuis la réouverture début 2011 de l'enquête sur les écoutes, qui a conduit à l'arrestation d'une cinquantaine de personnes.

Les Cameron et les Brooks étaient liés au point de passer ensemble le réveillon de Noël 2010. L'audition de Rebekah Brooks devant la commission sur les médias il y a un mois a même révélé que le Premier ministre lui envoyait des textos signés "lol" pour "lots of love".

Autant de questions délicates pour David Cameron, qui sera à son tour sur la sellette jeudi, au moment de son audition devant la commission sur l'éthique des médias.

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