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Didier van Cauwelaert : "transmettre les émotions"

Didier van Cauwelaert publie son nouveau roman, "Jules". Didier van Cauwelaert publie son nouveau roman, "Jules".[© Astrid di Crollalanza]

Un chien comme trait d’union. Didier van Cauwelaert livre avec "Jules" un roman enthousiaste et enthousiasmant sur deux êtres que la ténacité d’un chien guide va réunir. L’auteur prolifique et prisé du public, récompensé par de nombreux prix littéraires, répond à une envie qu’il avait depuis de longues années. 

 

Dans "Jules", l’un de vos personnages est un chien guide. 

J’ai connu les chiens guides quand, petit, mon père organisait pour le Lions Clubs des soirées destinées à financer les chiens d’aveugles. C’est là que j’ai connu les chiens, leurs maîtres et leurs moniteurs. C’est un monde qui m’a fasciné et qui continue de me fasciner. Cela faisait très longtemps que je voulais en parler dans mes romans. J’avais envie de montrer les rapports d’une jeune femme avec son chien mais je n’avais pas encore trouvé le sujet déclencheur.

 

Vous êtes-vous documenté ?

Quand j’enregistrais mes livres pour les non-voyants, j’avais rencontré la journaliste Sophie Massieu qui fait des reportages pour Arte avec son chien guide. J’avais aussi prêté attention à la loi de 2008 qui interdit de séparer le chien guide de son maître. J’ai cherché ensuite qui était l’homme dans cette triangulaire et quand j’ai vu la guérite de macarons à Orly, j’ai eu une révélation.

 

Ce roman parle d’individus en reconstruction. Un fil rouge dans votre œuvre.

Je préfère montrer comment des gens qui sont tombés au fond du gouffre arrivent à en remonter plutôt que le contraire. Mes confrères écrivent plus souvent sur cela d’ailleurs : la perte des illusions, l’échec programmé… Je trouve ça plus intéressant de transmettre des ondes de résilience et de reconstruction.

 

Dans la vie, vous êtes un optimiste convaincu…

Non. Je suis ni pessimiste ni optimiste, je ne suis pas hémiplégique. Je suis lucide et confiant. Je ne me cache rien. Je sais que souvent les choses sont pires que ce qu’on croit mais il y a toujours un moyen de rebondir… Il y a toujours des solutions. Mais ce n’est pas de l’optimisme ça, c’est de la confiance fondée sur la lucidité. Le danger d’être optimiste c’est qu’on risque d’être déçu. Et quand on est pessimiste, on risque d’être bouffé par les toxines qu’on génère et de ne plus voir le positif autour de soi. Je n’aime pas les mots en « iste ». Ce sont des écrans à la vraie vie. Il faut regarder, accueillir  et convertir au sens de "convertisseur d’émotion". C’est-à-dire faire du beau, du drôle, du bon avec ce qui est sinistre, dur et mauvais.

 

Vous êtes un auteur très prolifique.

Cela répond à une demande intérieure, à mon imaginaire. Un besoin d’écriture, de convertir et transmettre les émotions.

 

Quand et à quel rythme travaillez-vous ?

Le plus tôt possible, vers 5h du matin. En me prenant par surprise. Et là, j’ai la chance de pouvoir travailler 15h d’affilée. Cela n’arrive pas tout le temps bien sûr mais si je fais une semaine à 15h par jour, là il se passe des choses. Mais alors, c’est sans voir personne, sans téléphone… C’est de la concentration maximum. C’est une écriture très dense parce que je refais beaucoup…

 

Vous êtes un auteur précoce. Comment avez-vous découvert votre vocation ? Cela est-il passé par de grands chocs littéraires ?

C’était une insatisfaction par rapport à la réalité. J’ai commencé par écrire et ensuite j’ai eu des chocs de lecture. Des auteurs qui réussissaient complètement ce que j’espérais arriver à faire. Romain Gary, Marcel Aymé… Une manière d’imbriquer du surnaturel dans du réalisme.

 

Avez-vous encore des coups de cœur pour des ouvrages de littérature contemporaine ?

Je ne suis pas un grand lecteur faute de temps mais j’hume, je flaire. J’aime découvrir, admirer, donc je suis content quand ça m’arrive.

 

Etes-vous au travail sur un prochain roman ?

Non, ça travaille dans ma tête sur plusieurs sujets mais je ne suis pas encore au travail. En revanche, je viens de terminer le second tome du "Dictionnaire de l’impossible".

"Jules", de Didier van Cauwelaert, Editions Albin Michel, 19,50 €.

 

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