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Bordeaux, Nantes, Lille… Quelles sont les grandes villes qui refusent de donner des armes létales à leur police municipale ?

L’attaque au couteau qui a eu lieu à Bordeaux ce mercredi a relancé le débat sur l’armement de la police municipale. Plusieurs grandes villes refusent que ses agents puissent porter des armes létales.

Pour le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, une police municipale munie d’armes létales «n’aurait pas évité le drame» qui s’est produit mercredi soir dans sa ville. Un homme a été abattu par les forces de l’ordre, après avoir poignardé deux personnes, dont une mortellement. D’après les premiers éléments de l’enquête, l’auteur de l’attaque s’en est pris à la victime et à son ami en leur reprochant de boire de l’alcool le jour de l’Aïd-el-Fitr.

Cette drame a fait ressurgir la question de l’armement des policiers municipaux dans le débat public. À Bordeaux, l’opposition réclame une consultation de la population sur la question des armes à feu pour les agents de la police municipale, point sur lequel le maire écologiste ne souhaite pas transiger. Il estime notamment que les rôles de la police municipale et de la police nationale ne doivent pas être confondus. 

En effet, les missions et leur fonctionnement sont différents. Un agent de la police municipale est placé sous l’autorité du maire. La police municipale a pour vocation d’avoir un lien de proximité avec la population, et doit assurer le bon ordre, la sécurité et la salubrité publiques. Par exemple, un agent municipal ne peut pas effectuer de contrôle d'identité aléatoire, fouiller des véhicules ou faire des actes d'enquête. L'armement des agents n'est pas obligatoire.

Toutes les villes et communes ne possèdent d’ailleurs pas de police municipale. En 2020, la France comptait environ 24.200 policiers municipaux, parmi lesquels environ 19.300 agents armés, dont 14.150 avec une arme de catégorie B (arme de poing, pistolet à impulsion électrique...). Au total, 53% des policiers municipaux sont dotés d'une arme à feu, selon les données du ministère de l'Intérieur.

Certaines grandes villes, comme Bordeaux, font cependant le choix de ne pas donner d’armes létales aux policiers municipaux. «L'armement létal de notre police municipale serait une erreur stratégique et une fuite en avant», a déclaré Marc Etcheverry, adjoint à la sécurité de Bordeaux, auprès du Figaro. «Elle viendrait consacrer le désengagement de l'État - de la police nationale - sans remédier aux problèmes des Bordelais», a-t-il estimé. 

À Paris, pas d'armes létales mais d'autres moyens

Même son de cloche à Nantes, où les policiers municipaux réclament depuis longtemps le port d’armes létales, que la mairie socialiste leur refuse. À Lille, la maire Martine Aubry (PS) maintient également son opposition aux armes létales pour les policiers. Selon La Voix du Nord, en décembre dernier, l’édile a estimé que «le vrai sujet, c’est l’insuffisance de la police nationale», estimant que les moyens alloués par le gouvernement sont largement insuffisants. 

Paris s’est dotée d’une police municipale en 2021, mais la maire de la capitale, Anne Hidalgo, s’oppose toujours aux armes létales de ses agents, malgré des demandes récurrentes de l’opposition. Les élus de droite du groupe Changer Paris ont par ailleurs remis le sujet sur la table en février dernier, «en raison de ce qu'il se passe sur le terrain, et l'évolution du paradigme sécuritaire», et notamment à l’approche des JO de Paris. La Ville compte pour le moment sur le système de caméras piétons et l’augmentation des effectifs de sa police municipale en vue des Jeux olympiques. 

À défaut de porter une arme à feu, les agents de la police municipale de Paris, comme d’autres grandes villes, sont dotés d’un bateau de défense, de gaz lacrymogène, de menottes et de gilets pare-balles.

Si l'on prend en compte tous les types d'armes, 84% des policiers municipaux français étaient armés en 2016, selon un rapport parlementaire

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