En direct
A suivre

80 ans après, la rafle des enfants de la maison d'Izieu par la Gestapo toujours dans les mémoires

Les enfants d'Izieu peu avant la rafle de 1944. [HO / AFP]

Le 6 avril 1944, 44 enfants et 7 adultes ont été victimes d'une rafle par la Wehrmacht et la Gestapo à Izieu, seule une femme a réchappé à cette extermination nazie. 80 ans plus tard, le souvenir perdure.

Une seule survivante. Le 6 avril 1944, il y a 80 ans, la colonie de vacances d’Izieu dans l’Ain abritait 45 enfants et 7 adultes lorsque la Gestapo et la Wehrmacht les a raflés et envoyés vers les camps de la mort. 

Au printemps 1943, Sabine et Miron Zlatin, juifs polonais en exil, avaient ouvert à Izieu, une «colonie de vacances» avec le soutien du sous-préfet Pierre-Marcel Wiltzer. La maison d’Izieu y accueillait notamment des enfants juifs pour les protéger des rafles qui s'étaient multipliées à Montpellier. 

À l’époque, la ville située près de la frontière Suisse était en Zone libre mais en novembre 1942, elle est tombée sous l'occupation de l’Italie fasciste. En septembre 1943, avec la capitulation de Mussolini, la situation est alors devenue dangereuse pour les réfugiés d’Izieu. 

Son allié ayant capitulé, l’Allemagne nazie a pris possession des territoires occupés et intensifié les rafles et les persécutions contre les juifs.

Face à l’urgence de la situation, Sabine Miron a commencé à disperser les enfants pour les protéger. En déplacement à Montpellier pour trouver une solution, elle a reçu le 6 avril 1944 un télégramme d’une alliée et amie, Marie-Antoinette Cojean : «Famille malade – maladie contagieuse». Mais, il était déjà trop tard...

La dénonciation 

Juridiquement, il n'existait aucun coupable de la dénonciation des juifs d'Izieu, cependant, un homme a été fortement suspecté. Il s'agissait de Lucien Bourdon, un Franco-allemand né en 1906 en Lorraine, encore allemande. Installé dans les environs d'Izieu, il a employé l'un des enfants, Fritz Loebman, comme aide dans sa ferme. 

C'est peu de temps après le retour de ce dernier dans la colonie que la rafle est survenue en présence de Lucien Bourdon qui a accompagné la Gestapo. Dans les jours qui ont suivi, le fermier a quitté la région avec sa famille avec l'aide de l'armée allemande.

Jugé en 1947, il a été reconnu coupable d'indignité nationale et condamné à la dégradation nationale à vie. Une peine lui faisant perdre une large partie de ses droits et le mettant au ban de la société.  

Rafle et déportation 

C’était bientôt l’heure du déjeuner des enfants, le 6 avril 1944, lorsque la Gestapo et la Wehrmacht sont arrivées à Izieu, tous ont été raflés à l’exception de Léon Reifman. Il avait alors 7 ans et avec l'aide de sa grande sœur, il a pu s’enfuir en passant par une fenêtre et à trouver refuge chez les Perticoz, des voisins fermiers. 

Léa Feldblum, munie de faux papiers et qui était sur le point d’être relâchée, a dévoilé sa réelle identité, refusant d’abandonner les enfants à leur sort. Les 51 raflés ont été conduits au camp de concentration de Drancy.

Entre avril et juin 1944, tous ont progressivement été déportés. 34 enfants et 4 adultes ont été envoyés à Auschwitz-Birkenau. Les enfants sont directement envoyés vers les chambres à gaz, ainsi que les époux Reifman, déjà âgés d’une soixantaine d’années. Suzanne Reifman et Léa Feldblum, quant à elles, ont été envoyées vers le camp de travail, mais la première a refusé d’abandonner ses parents et son fils et pour mourir avec eux. 

Huit autres enfants et trois adultes ont également été envoyés dans ce camp de la mort et immédiatement gazés dans les semaines qui suivirent. Quant à Miron Zlatin et à Théo Reis et Arnold Hirsch, deux adolescents d’Izieu, ils ont été fusillés par les SS durant l’été 1944 à Tallinn en Estonie. 

Léa Feldblum a été la seule survivante de la déportation de la maison d’Izieu. Durant son incarcération, elle a servi de cobaye aux médecins nazis et a retrouvé sa liberté en janvier 1945.

Un souvenir douloureux 

80 ans après ce terrible drame, la mémoire des victimes perdure. La maison d'Izieu restée en l'état, accueille chaque année quelque 36.000 visiteurs qui découvrent la courte vie de ces enfants et des adultes qui les avaient protégés.

Peu de temps avant son décès en septembre 1994, Sabine Zlatin avait confié au micro d'Europe 1, «J’ai perdu mon mari, j’ai perdu une dose d’amour inestimable dans la mort des enfants. Je n’ai jamais oublié et c’est une plaie qui ne se fermera qu’avec ma mort». 

Ce dimanche 7 avril, Emmanuel Macron se rendra sur place pour participer à la clôture de quatre jours de commémorations.

Sept anciens enfants d'Izieu y seront présents. L'un d'eux, Samuel Pintel a confié à l'AFP : «J’ai toujours considéré que c’était nécessaire de rappeler ce qui s’était passé, j’avais aussi un engagement moral vis-à-vis de Sabine Zlatin et surtout vis-à-vis de mes copains. Je me devais de porter leur mémoire». 

Ailleurs sur le web

Dernières actualités