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Seine-Saint-Denis : une soirée en soutien au peuple palestinien dans une école primaire de Pantin crée la polémique

En Seine-Saint-Denis, des parents d’élèves et des élus de l’opposition ont critiqué l’organisation d’une soirée en soutien au peuple palestinien par un collectif de Pantin ce jeudi 7 mars dans une école primaire. Une pétition en ligne a été lancée pour «sauver» une laïcité «en danger».

Une initiative qui fait polémique. Le collectif «Nous Sommes Pantin» et le comité de soutien Pantin-Palestine doit organiser, ce jeudi 7 mars, une soirée de «soutien au peuple palestinien» nommée «Cessez-le-feu», à Pantin, en Seine-Saint-Denis. L'événement vise à collecter des fonds pour l’Unrwa, l’office de secours et des travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens dans le Proche-Orient.

Sur ses réseaux sociaux, «Nous Sommes Pantin» a partagé une affiche de cette soirée. Toutefois, le lieu accueillant cette réunion est largement critiqué puisqu’il s’agit… de l’école élémentaire Joséphine Baker.

De ce fait, des parents d’élèves et des élus de l’opposition ont lancé une pétition en ligne, estimant que cet événement risque de «mettre en danger» la laïcité, les établissements scolaires étant le lieu de la République où ses valeurs et principes fondateurs doivent assurer leur avenir.

«Nous sortons clairement du cadre d’activités culturelles, social, sportif ou socio-éducatif permettant l’accès à l’école élémentaire pour les utilisations des locaux scolaires», ont écrit les signataires.

«Nous demandons l'annulation immédiate de cette soirée dans les locaux de l'école. Ceci mettrait en péril la neutralité et la laïcité de l'école. Protégeons nos écoles», ont-ils ajouté.

Geoffrey Carvalhinho, élu LR de Pantin et conseiller régional d’Île-de-France, a réagi sur X, se disant s’opposer «fermement» à la tenue de cette soirée, tout en appelant à un cessez-le-feu à Gaza.

«Je rappelle qu’une dizaine d’employés de l’Unrwa seraient impliqués dans l’attaque terroriste du 7 octobre 2023. Je rappelle que la France a suspendu ses versements à l’agence pour le premier trimestre 2024. Je rappelle que 17 pays ont eux aussi suspendu leur versement à l’agence. Je rappelle enfin que l’ONU et l’UE ont ouvert des enquêtes pour faire toute la lumière», a-t-il écrit.

«Nous souhaitons la paix et non les divisions. Cessez-le-feu», a-t-il conclu.

«Je ne peux m’opposer à la tenue d’une réunion politique»

Dans un mail adressé aux élus locaux, la mairie de Pantin a défendu son choix de «prêter» la salle polyvalente de l’école Joséphine-Baker. En effet, la municipalité a indiqué que la demande de prêt a été réalisée par un élu de la liste «Nous Sommes Pantin» et que «toute formation politique et élu municipal de Pantin a le droit de disposer d’une salle pour l'organisation de ses réunions».

«J’ai autorisé cette demande comme je le fais régulièrement car j’ai toujours veillé à ce que chacun puisse librement exprimer ses opinions à Pantin. Ce principe de libre expression ne préjuge en rien de la position de la majorité municipale et du Maire que je suis concernant le conflit en cours au Proche Orient», a indiqué le maire Bertrand Kern.

L’édile a indiqué par ailleurs qu’il n’a «jamais autorisé «Nous Sommes Pantin» à tracter devant les écoles, et encore moins auprès des élèves». Se disant «choqué», Bertrand Kern a condamné «fermement» cette pratique tout en demandant au collectif «de cesser toute distribution de tracts aux abords des écoles».

«Je ne peux m’opposer à la tenue d’une réunion politique, sauf en cas de risque de trouble à l’ordre public. (…) A l'heure où je vous parle, aucunes des informations que j'ai pu recueillir ne m'amène à penser qu'un tel risque est avéré», a conclu le maire de Pantin.

Une philosophe controversée peu avant dans la ville

Cette nouvelle polémique survient quelques jours après les propos de la philosophe féministe américaine Judith Butler, qui ont provoqué un tollé, et tenus lors d’une table ronde organisée à l’espace associatif des Relais de Pantin dimanche 3 mars dernier, à l’initiative du NPA, du média Paroles d’Honneur, et des associations juives pro-palestiniennes Tsedek ! et l’Union juive française pour la paix (UJFP).

Lors de son intervention, cette pionnière des études de genre dans les universités américaines avait considéré l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre dernier sur le sol israélien comme un «soulèvement». De son point de vue, il ne s’agissait ni d’«une attaque terroriste», ni d’une «attaque antisémite». Au contraire, Judith Butler avait qualifié les exactions du Hamas d’«acte de résistance armée».

Comme le précise Le Figaro, les propos de Judith Butler ont été rapportés sur le réseau social X par le média indigéniste et décolonial «Paroles d’honneur», une émanation du «QG décolonial» chapeauté notamment par la militante Houria Bouteldja, du Parti des Indigènes de la République.

«Ce n’est pas une attaque terroriste, ce n’est pas une attaque antisémite : c’était une attaque contre les Israéliens. Et vous le savez, je n’ai pas aimé cette attaque, je l’ai dit publiquement. (...) Toutefois je serais vraiment stupide si je décidais que la seule violence dans cette région est à l’encontre du peuple israélien», avait-elle ajouté.

À noter que la réunion du 3 mars à Pantin avait été programmée initialement en décembre au Cirque électrique de la Porte des Lilas à Paris, mais annulée à la demande de la municipalité. Trois députés insoumis étaient présents lors de cette rencontre avec Judith Butler. Il s’agit de Thomas Portes, de Danièle Obono et de Younous Omrajee.

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