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Salon de l’agriculture 2024 : «On veut vivre, pas survivre», «encore des belles paroles»… Les agriculteurs réagissent aux annonces d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a fait 5 grandes annonces aux agriculteurs. [Christophe Petit Tesson/Pool via REUTERS]

Le 60ᵉ salon de l’agriculture a démarré par des heurts entre manifestants et CRS, alors que le président de la République venait à la rencontre des agriculteurs lors de ce rassemblement annuel. Durant cette visite, Emmanuel Macron a annoncé des mesures… qui ne convainquent pas les principaux intéressés.

Des agriculteurs peu convaincus. Emmanuel Macron a annoncé cinq grandes mesures lors de sa visite au Salon de l’agriculture. Ce dimanche, CNEWS est allé à la rencontre des principaux intéressés.

Si beaucoup d’agriculteurs n’ont pas eu la possibilité d’entendre ces annonces, trop occupés par leurs bêtes ou leurs clients, ceux qui en ont eu l'occasion sont loin d'être convaincus. C'est notamment le cas de Clément Simian-Buissonnet, éleveur laitier dans les Hautes-Pyrénées et président des Jeunes Agriculteurs 65. 

«Il y a eu des choses de dites mais il y avait un peu le feu dans le Salon donc il (Ndlr. Emmanuel Macron) était obligé de faire des annonces un peu plus concrètes. Maintenant, il va falloir les mettre en place. Cela fait un mois qu’ils font des annonces, on attend, on attend et il n’y a rien de mis en place. C’est dommage d’en arriver à des extrêmes comme hier matin pour être écouté», a déploré le jeune éleveur. 

«On veut vivre, pas survivre», a ajouté Thomas, fils d'éleveur laitier présent au Salon pour aider son père. 

Même son de cloche, plus loin dans le salon, chez François Anthoene, producteur de Cognac en Charente-Maritime. «Les prix planchers, ce n'est pas intéressant. Il faut que chacun arrive à gagner sa vie. Quand on produit un kilo de pommes de terre par exemple, c'est au producteur de donner sa marge. C'est à lui de fixer ses prix. Actuellement, c'est l'inverse, c'est l'acheteur qui fixe et le producteur n'a pas le choix. Il faut que l'on revienne à la démarche producteur-vente directe parce qu'en passant par les grosses distributions, ça ne marche plus», a-t-il estimé. 

«On en a marre, ce sont encore de belles paroles», a ajouté un autre agriculteur, qui préfère rester anonyme, et qui a estimé qu'Emmanuel Macron «parlait mais n'agissait pas».

Le Salon de l'Agriculture n'est pas le bon lieu pour des annonces

«Globalement, tout n'est pas nul mais il y a une grosse exaspération qui est là», a pour sa part estimé Hélène, en étude agroalimentaire et fille d'un céréalier berrichon, qui ajoute : «les agriculteurs étaient énervés. Je ne pense pas que ce soit le meilleur endroit pour en parler calmement, surtout après les débordements qu'il y a eu». 

Une position que soutient sa sœur, Victoire, qui est actuellement en Terminale dans un lycée agricole. «Il y a une telle exaspération que c'est difficile d'en sortir quelque chose de bien, après les sujets sont là. Tant que cela ne reste pas qu'au Salon, c'est bien. La communication est rétablie et je pense qu'il y a vraiment quelque chose de positif qui peut en sortir mais là pour le moment, c'est trop neuf».

La concurrence déloyale au cœur des revendications

Mais au-delà de ces grandes annonces, les agriculteurs présents au Salon de l'agriculture souhaitent ardemment la fin de la concurrence déloyale, créée notamment par les accords avec l'Amérique et la Nouvelle-Zélande

«Ce que l’on voudrait dans la viande, c’est vendre nos produits à juste prix parce que nos charges ont été multipliées par trois et la viande n’a augmenté que de 10/20 centimes et donc on n’arrive plus à joindre les deux bouts», a expliqué à CNEWS, Rosanne Lemaitre, éleveuse de vaches charolaises.

«On veut du concret pour vivre de notre production. Ce qu’on voudrait, c'est ne plus avoir de concurrence déloyale avec ces produits qui viennent d’Amérique et d’ailleurs. Il y a moyen de faire avec l’Union européenne et on s’en sortirait pas plus mal», a-t-elle ajouté. 

Une opinion partagée par Guy Bourbouloux, éleveur de Limousine. «Je me suis installé dans les années 80, je n'ai jamais manifesté de ma vie parce que je considérais qu'à l'époque, je gagnais bien ma vie, aujourd'hui ce n'est plus le cas», a-t-il confié à CNEWS avant d'expliquer ne pas comprendre l'accord avec la Nouvelle-Zélande.

«Je comprends que cela ne puisse pas se régler du jour au lendemain, parce que l'Europe est une grosse institution et qu'il faut du temps pour pouvoir prendre des décisions mais ils auraient dû le voir beaucoup plus tôt que ça n'allait pas nous apporter de bonnes choses.»

Si les esprits s'étaient apaisés ce dimanche au Salon international de l'agriculture, la gronde des agriculteurs est toujours présente et ces derniers sont prêts à se battre pour se faire entendre et obtenir satisfaction. 

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