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Référendum : les Parisiens appelés à voter pour une tarification spéciale pour les SUV

Les Parisiens sont invités à se rendre aux urnes ce dimanche 4 février pour se prononcer sur une tarification spéciale de stationnement qui s'appliquerait aux SUV.

Certains automobilistes devront-ils payer plus cher leur stationnement à Paris ? La réponse devrait être connue d’ici à ce soir, alors qu'1,3 millions d’électeurs parisiens sont invités à se rendre dans l'un des 38 lieux de vote ce dimanche 4 février entre 9h et 19h, pour répondre à la question suivante : «Pour ou contre la création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ?»

Sont spécifiquement ciblées les voitures dites SUV, sigle anglais de Sport Utility Vehicle, aux caractéristiques combinant «celles d'une voiture de tourisme avec celles d'un véhicule utilitaire», et les 4x4. 

«La taille et le poids moyens des véhicules n'ont eu de cesse d'augmenter en raison du développement exponentiel des SUV. Ces derniers, qui représentent désormais 40 % des ventes, présentent de nombreux problèmes de pollution, de sécurité et de partage équitable de l’espace public», explique la municipalité sur son Internet, pour motiver cette votation. Selon la mairie, les voitures ont gagné en moyenne environ 250 kg depuis 1990. 

«Plus c'est gros, plus ça pollue», justifiait en outre début décembre la maire PS Anne Hidalgo, faisant aussi valoir un argument de «sécurité routière», les accidents impliquant un SUV étant selon la mairie «deux fois plus mortels pour les piétons qu'avec une voiture standard». La maire avait aussi mis en avant un «meilleur partage de l'espace public», les grosses voitures étant pointées du doigt comme prenant plus de place sur la chaussée. 

De vives réactions chez les opposants

Sans surprise, les associations d'automobilistes fustigent l'initiative. «Plus ou moins de SUV, la question est terriblement amateure» car le sigle est une «appellation marketing» qui «ne veut rien dire», réagit Yves Carra, porte-parole du Mobilité Club France. Selon lui, «les SUV compacts n'entreront pas dans la taxation», contrairement aux berlines familiales et aux break. 

Pour l'opposition de droite, la votation parisienne «démontre l'étendue de la manipulation de la Ville, qui cible les SUV dans sa communication alors qu'en réalité, tout type de véhicule est susceptible d'être concerné par les normes soumises au vote». Quant à l'accusation de pollution, «un SUV moderne neuf» ne «pollue pas plus, voire même moins, qu'un petit véhicule diesel d'avant 2011», souligne l'association 40 millions d'automobilistes. 

«S'il était réellement question de limiter la pollution, une distinction serait faite entre véhicules thermiques et véhicules hybrides ou électriques», acquiesce la députée MoDem Maud Gatel, opposante de la maire en poste.

«Seules les personnes qui ne sont pas concernées par ces mesures votent. (...) Anne Hidalgo pense seulement à séduire son électorat», déplore quant à lui Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d'automobilistes. 

Jusqu’à 18 euros de l’heure dans certains arrondissements 

Si le «pour» l'emporte, les visiteurs de la capitale dont le véhicule thermique ou hybride rechargeable dépasse 1,6 tonne, ou deux tonnes pour un véhicule électrique, devront payer 18 euros l'heure pour les arrondissements centraux, 12 euros pour les arrondissements extérieurs.

En théorie, ne seraient pas concernés «les résidents parisiens et les professionnels sédentaires stationnés dans leur zone de stationnement autorisé, les chauffeurs de taxi dans les stations dédiées, les artisans, professionnels de santé» et les personnes handicapées, énumère la mairie. Une disposition critiquée par Maud Gatel. L'élue centriste lui reproche d'épargner les Parisiens, «alors même que les SUV "résidents" à Paris, non-concernés par la mesure, représentent 26,6% du parc selon l'agence AAA Data». 

A Paris, selon Anne Hidalgo et son adjoint (EELV) aux mobilités David Belliard, la surtaxation concernerait «à peu près 10% du parc» et pourrait rapporter environ 35 millions de recettes supplémentaires. 

Cette votation s’inscrit dans une volonté plus globale de diminution de l’usage des véhicules pilotée par la mairie, avec entre autres la piétonisation quais de Seine, le passage de la limitation de 50 km/h à 30 km/h ou, plus récemment, l’interdiction de la circulation générale rue de Rivoli. «Depuis dix ans, la place de la voiture individuelle a diminué à Paris du fait d'une politique volontariste de la municipalité», peut-on lire sur le site.

Ce n’est pas la première fois que la mairie de Paris propose à ses administrés de s’exprimer sur un sujet à trait à la mobilité. En avril 2023, les Parisiens s’étaient prononcés sur l’interdiction des trottinettes en libre-service dans la capitale. La votation avait mobilisé 103.000 personnes, soit 7% des électeurs de la capitale, pour un coût de 390.000 euros.

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