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«Un consommateur qui consulte dix sites Web est pisté plus de 4.000 fois», s'alarme l'UFC-Que Choisir dans une nouvelle enquête

Des entreprises, souvent inconnues du public, sont chargées de pister les consommateurs. [Unsplash / Markus Spiske ]

L’UFC-Que Choisir a publié une enquête ce jeudi 25 janvier, alertant sur l’ampleur de la collecte et du partage de données opérée par les acteurs du Web, permettant un profilage des consommateurs.

Une étude alarmante. Dans le cadre de la journée européenne de la protection des données, l’UFC-Que Choisir a publié une enquête ce jeudi sur les acteurs du Web collectant les données des consommateurs, pour permettre un profilage de ces derniers à des fins commerciales et leur proposer des publicités ciblées.

«En conséquence, l’association exige de garantir aux consommateurs un véritable contrôle sur leurs données personnelles collectées et partagées par des entreprises en ligne», est-il écrit dans le communiqué publié sur le site de l’UFC-Que Choisir.

Et pour cause, l'association avance, d’après des tests, qu’en «consultant à peine une dizaine de sites parmi les plus fréquentés de France, les données personnelles collectées sont partagées plus de 4.000 fois».

Une technologie de pistage omniprésente

Des entreprises, souvent inconnues du public, sont chargées de pister les consommateurs et d’analyser leur comportement à des fins publicitaires. Surnommés les «marchands de données», ces mêmes entreprises sont en capacité de créer un profil publicitaire précis de chaque personne, exposant des détails même sur la situation financière du consommateur et son état de santé.

Une pratique particulièrement présente sur les réseaux sociaux, ou encore par exemple la filiale Microsoft, qui, grâce à des algorithmes, «classe les consommateurs en fonction de plus de 650.000 traits de personnalité et situations personnelles». Parmi eux, les problèmes d’argent, la dépendance au jeu de hasard, la dysfonction érectile, la dépression, gros acheteur de test de grossesse, sympathisant de syndicats, ou encore dépendance aux opioïdes, sont des traits étudiés.

«La publicité ciblée en ligne se révèle ainsi être facteur d’une consommation déraisonnée. S’y ajoute le risque concret de piratage des données et d’actes cybercriminels au détriment de la vie privée des consommateurs, qui est multiplié par la circulation constante de données personnelles entre des milliers d’entreprises», a mis en garde l’UFC-Que Choisir.

L’effacement des données est un «mirage»

Autre fait particulièrement inquiétant, si 84% des consommateurs ne sont pas favorables au pistage et à la monétisation de leurs comportements en ligne, les entreprises n’hésitent pas à utiliser des pratiques trompeuses et agressives pour obtenir leur consentement. «Elles ont par exemple fréquemment recours aux dark patterns, des interfaces conçues pour manipuler le libre choix des consommateurs (des cases pré-cochées, ou encore l’absence de boutons pour refuser le partage de données)», a décrit l'association dans son étude.

Facebook notamment, utilise une technique presque infaillible : afficher des conditions générales «inintelligibles» et «interminables» que le consommateur choisit d’accepter ou de refuser - un choix d’ailleurs biaisé puisqu’en refusant, l’accès au réseau social est impossible – qu’il ne lira jamais. Et une fois qu’il a accepté, ses données sont utilisées selon le bon vouloir des entreprises.

Néanmoins, théoriquement, les consommateurs ont le droit de demander l’effacement de leurs données, un droit bafoué selon l’UFC-Que Choisir, le qualifiant de «mirage». «Ils sont contraints de se souvenir de tous les sites Web qu’ils ont consultés, de fouiller les politiques de confidentialités pour trouver la liste de tiers avec lesquels leurs données ont été partagées, de se rendre un par un sur leurs sites (majoritairement en anglais) et de recueillir les adresses électroniques des personnes à contacter», a stipulé l’organisation.

«D’autre part, même une fois les tiers identifiés, l’enquête de l’UFC-Que Choisir montre que l’effacement de ses données est quasi-systématiquement impossible», a-t-elle ajouté. D’ailleurs, sur plus de 1.000 tiers examinés, plus de la moitié d’entre eux (54%) ne proposent aucun moyen de contact ou «ignorent» tout simplement leurs demandes. Pour le peu qui répondent, ils dissuadent les consommateurs en exigeant des démarches impossibles à réaliser comme l’envoi d’une copie de la carte d’identité.

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