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JO 2024 : comment Île-de-France Mobilités va compenser l'absence des lignes 15, 16, 17, pourtant promises pour l'événement

Le chantier de la ligne 15, 16, 17 et 18 a pris au moins deux ans de retard en raison de la pandémie de Covid-19. [Ludovic MARIN / AFP]

À six mois des Jeux olympiques de Paris 2024, des interrogations subsistent sur l'organisation des transports en commun dans la capitale. Entre promesses non tenues et ponctualité déficiente sur de nombreuses lignes, Île-de-France Mobilités s'active pour compenser les difficultés du réseau.

C'est la peur d'un enfer. L'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 fait craindre le pire pour les usagers des transports en commun parisiens, régis par Île-de-France Mobilités (IDFM).

Avec une ponctualité largement en retrait sur les objectifs fixés, en raison de problèmes liés aux infrastructures vieillissantes et à un manque de personnel, l'organisation manquera également de plusieurs lignes de métro, dont les chantiers accusent plusieurs années de retard.

Un lot de promesses non tenues, représentées par la non-livraison des lignes 15, 16, 17 et CDG Express, qui ne seront pas empruntables par les touristes durant les JO.

Quelles lignes ne seront pas prêtes ?

Pour y voir plus clair, il faut lire avec attention le dossier de candidature de Paris 2024, diffusé publiquement depuis 2018, avec une première promesse hors norme pour des Jeux olympiques : «100% des spectateurs en transport en commun». Pour ce faire, la France a vendu plusieurs projets : le prolongement de la ligne 14, la construction des lignes 15, 16 et 17, ainsi que la Charles de Gaulle Express (CDG Express).

Sur ces cinq aménagements, seulement un sera prêt dans les temps : le prolongement de la ligne 14. Ce chantier colossal a coûté 1,38 milliard d'euros pour la partie nord, qui a été inaugurée en décembre 2020, et 2,8 milliards d'euros pour la partie sud, qui doit commencer son service en juin 2024. Elle ira de Saint-Denis Pleyel, près du Stade de France, à l'aéroport d'Orly, en passant par Châtelet, Gare de Lyon et Olympiades.

Pour le reste, la ligne 15, 16, 17, ainsi que le CDG Express ne seront tout simplement pas prêts. Ces métros, qui rentrent dans le projet plus global du Grand Paris Express, auraient dû servir pour les Jeux olympiques, comme l'atteste le dossier de candidature.

Ainsi, à la page 118 concernant les trajets vers les aéroports, il est indiqué que pour rejoindre Roissy-Charles de Gaulle, les «liaisons par transports publics» seront le RER B, le CDG Express et le métro 17. De même, pour accéder du Bourget au centre-ville de la capitale, la ligne 17 aurait dû être sollicitée. Au final, seul le RER B pourra assurer ces itinéraires.

Des lignes qui ne seraient prêtes que deux ans plus tard

Et ces retards vont même s'accumuler pour certaines lignes. La ligne 15 sud entre Pont-de-Sèvres et Noisy-Champs doit ouvrir fin 2025, tandis que les premières rames du métro 16 et 17 sont prévues en 2026 ou 2027. Pour la partie nord-ouest dans la ligne 15, reliant Pont de Sèvres à Saint-Denis-Pleyel, puis à Champigny, la ligne ne pourrait être livrée... qu'en 2031.

La cause de ces retards est multifactorielle. En outre, la pandémie de Covid-19 a ralenti le projet d'au moins deux ans en raison de la situation sanitaire empêchant les ouvriers d'être présents à 100% sur le chantier, mais surtout de difficultés d'approvisionnements en matière première.

Contacté par CNEWS, le Syndicat des transports d'Île-de-France (STIF) - aussi connu sous le nom d'Île-de-France Mobilités, a voulu se montrer rassurant sur l'organisation des transports en commun durant cet événement majeur.

Définir des alternatives, la priorité d'Île-de-France Mobilités

«Le prolongement de la ligne 14 était le dossier le plus important pour nous. Les lignes 15, 16 et 17 n'étaient d'ailleurs pas essentielles pour la régulation du trafic», nous assure l'organisme, qui travaille sur la question depuis huit ans désormais. «Les modalités sont en train d'être peaufinées», ajoute-t-elle.

Selon ses données, l'objectif de ces Jeux olympiques sera de «gérer une journée classique du réseau, mais en plein été». Dans le détail, IDFM recense 9 millions de déplacements quotidiens durant les périodes pleines, mais ce chiffre tombe à 6,5 millions de voyages durant la période estivale. À cette dernière donnée qui pourra déjà être amené à évoluer (de nombreux Franciliens devraient quitter la capitale au moment des Jeux), IDFM estime qu'il faudra ajouter 2 millions de voyages lors des pics, soit 8,5 millions de déplacements, ce qui correspond bien à une journée classique.

Sauf que, contrairement aux autres étés, IDFM a décidé de renforcer l'offre de transport de 15% pour la période. De même, les travaux d'infrastructure qui sont traditionnellement effectués durant cette période ne seront pas réalisés cette année. Ce qui pourrait, en théorie, rendre le trafic plus fluide qu'à l'habitude.

IDFM a également imaginé de multiples scénarios en cas de perturbations (pannes, colis ou bagages oubliés). «Tout a été modélisé, il y aura toujours un itinéraire de substitution en cas de panne. Par exemple, pour le Stade de France au-delà des RER B et D qui desservent la zone, il y a la ligne 13 et le prolongement de la 14 qui seront proposés, de même que la ligne 12. Les spectateurs auront toujours un moyen de se rendre sur les sites». Le directeur général Laurent Probst souhaite d'ailleurs empêcher la possibilité de chercher son trajet sur Google Maps ou CityMapper, si celles-ci «ne veulent pas relayer les plans de transports réalisés par IDFM». Le but étant de ne pas prendre nécessairement le trajet le plus court, mais celui qui va le mieux fluidifier le trafic, évitant ainsi de surcharger certaines lignes.

Pas de «tendance à la grève» sur cette période

De plus, le STIF soutient que les opérateurs comme la RATP mènent des négociations, comme des primes JO, pour rendre la prise de poste plus attractive. Car le problème de personnel a été identifié comme l'une des principales causes du manque de ponctualité de nombreuses lignes (la 6 et la 13, ou encore le RER B et C).

Cette semaine s'est encore déroulée une passe d'armes médiatique entre Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et d'IDFM, et Jean Castex, désormais président de la RATP. Alors que la première a de nouveau reproché des dysfonctionnements sur plusieurs lignes, l'ancien Premier ministre a affirmé que la situation allait «s'améliorer progressivement en 2024, d'ici fin mars, d'ici aux Jeux».

«On sait que les efforts sont menés mais sur certaines lignes, ce n’est pas encore suffisant», complète Île-de-France Mobilités. Tout en ajoutant qu'il n'y a pas de «tendance à la grève». «Les JO de Paris, cela reste une fête populaire, c’est une chance pour le pays et la région. On est assez confiant pour que tout le monde tire dans le même sens».

Toutefois, une autre promesse non tenue ne passe pas. Alors que le dossier de candidature promettait «un accès gratuit à l’ensemble du réseau de transport en commun pour les populations accréditées et les détenteurs de billets», lDFM a finalement rejeté l'idée et va même doubler les tarifs. Les députés socialistes défendront une proposition de loi fin février visant à geler les tarifs lors des Jeux olympiques et paralympiques.

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