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«Le Prix du berceau» : «usines» à bébés, repas rationnés... Ce que contient le livre choc sur la gestion des crèches privées

A paraître ce vendredi 8 septembre, le livre «Le prix du berceau» (Ed. Seuil) épingle les pratiques de certaines crèches privées, telles que le rationnement des repas et le surbooking.

Que se passe-t-il dans les crèches privées françaises ? Aux éditions du Seuil, le livre «Le prix du berceau», à paraître ce vendredi 8 septembre, dénonce les pratiques de ces établissements, décrits comme des «usines» à bébés motivées avant tout par le rendement, parfois au détriment du bien-être des enfants.

Cet ouvrage paraît cinq mois après la publication d'un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la prévention de la maltraitance dans les crèches.

Dans «Le prix du berceau», il est question de repas rationnés, de soins minutés mais aussi de «surbooking», lorsque le nombre de places disponibles est inférieur à celui des enfants présents.

Le livre s'appuie sur près de 200 interviews et témoignages de cadres, employés et parents. Le journaliste indépendant Mathieu Périsse, co-auteur de l'ouvrage, décrit «un système déshumanisé» qui, «par des injonctions à la rentabilité», transforme les enfants «en chiffres là où on était initialement sur un service à la personne».

Sur RTL, il a assuré que, dans ces entreprises, pour certaines «adossées à des fonds d'investissements», «tout est fait pour réaliser des économies». Elles «mettent en place des mesures pour optimiser la gestion de leurs crèches», notamment en restreignant les fournitures et en gérant le personnel «à flux tendu». De l'avis de Mathieu Périsse, cette «optimisation», n'est pas sans rappeler celle révélée par le scandale Orpéa.

Dans le livre «Les Fossoyeurs», paru en janvier 2022, Victor Castanet décrivait les malversations financières et mauvais traitements infligés aux résidents et salariés du géant des maisons de retraite. Mathieu Périsse note dans les deux cas la même «course à la profitabilité» et «le même côté déshumanisant, avec cette impression pour le personnel de terrain que tout est géré de la même manière, sans tenir compte des spécificités de chaque établissement».

Des enfants «la faim au ventre»

Daphné Gastaldi, co-autrice du «Prix du berceau», estime de son côté que «tout n'est pas comparable» entre les Ehpad et les crèches, «notamment parce que les enfants ne sont pas en pension complète et qu'il ne s'agit pas de personnes isolées».

Les exemples cités dans le livre restent glaçants, à l'image de cette crèche des Bouches-du-Rhône dont certains enfants sortaient «la faim au ventre». L'enquête des parents avait fini par révéler qu'il manquait «entre trois et cinq repas deux jours par semaine», une «erreur humaine», selon l'entreprise.

Près de Lyon une autre, adepte du surbooking, accueillait plus d'enfants que ce qui est légalement prévu. Au point qu'un responsable du groupe s'était inquiété en interne d'un risque «pour la sécurité».

D'après un rapport publié en 2021 par Matignon, les crèches privées représentent environ 20% des places disponibles, soit 80.000 au total. Quatre grands groupes occupent principalement le marché - Grandir (Les Petits Chaperons rouges), Babilou, La Maison Bleue, People & Baby - et réalisent un chiffre d'affaires compris entre 1,1 et 1,4 milliard d'euros.

Un bébé de 11 mois mort en 2022

En juin 2022, le groupe People & Baby s'était retrouvé sous le feu des projecteurs après la mort d'un bébé de 11 mois à Lyon. L'Igas avait été missionné par l'exécutif à la suite de ce drame, afin d'enquêter sur la qualité de l'accueil et la prévention de la maltraitance dans les crèches, privées comme publiques.

Les conclusions du rapport stipulaient notamment que les «leçons tirées en 2022» lors du scandale Orpea pouvaient «être très largement appliquées au secteur des crèches». Les personnes auditionnées avaient souligné une évolution du secteur conduisant «à une dégradation progressive de la qualité de l'accueil au profit de logiques financières».

Ce mercredi 6 septembre, dans la grande interview de CNEWS et Europe 1, le coordinateur politique de La France insoumise, Manuel Bompard, a appelé à l'ouverture d'une «commission d'enquête parlementaire pour qu'on enquête sur ce qu'il se passe réellement dans ces crèches lucratives privées, dont le coût de fonctionnement est de 15% supérieur aux crèches publiques et dans lesquelles il y a manifestement des situations de maltraitance».

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a quant à lui estimé qu'il «faut être capable de faire davantage de contrôles et dans tous les secteurs : les problématiques ne sont pas les mêmes selon qu'on s'adresse à une crèche publique, privée, associative ou micro-crèche».

Rappelant que «200 millions d'euros ont été mis sur la table pour augmenter des rémunérations» dans le secteur, Olivier Véran a toutefois ajouté : «on n'est pas au bout de l'effort». «Il y a des problèmes qui peuvent être structurels dans la filière de la petite enfance, notamment l'attractivité des métiers, et des mesures fortes ont déjà été prises en matière de formation, en matière de qualité, en matière de rémunération», a-t-il déclaré.

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