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Haute-Garonne : des femmes victimes de violences conjugales «remises à la rue» après la fin de leur hébergement d'urgence

La préfecture de la Haute-Garonne a justifié la fin des prises en charge par leur durée «excédant un an», face à un dispositif d'accueil «saturé». [PASCAL PAVANI / AFP]

La préfecture de la Haute-Garonne a mis fin à l’hébergement en hôtel de 33 femmes victimes de violences conjugales, a appris l’AFP jeudi 6 juillet. Parmi elles figurent des mères accompagnées de leurs enfants.

Plusieurs associations indignées. La préfecture de la Haute-Garonne a décidé de mettre fin à l’hébergement de 33 femmes victimes de violences conjugales logées à l’hôtel, a-t-elle confirmé à l’AFP jeudi 6 juillet. 

La préfecture justifie la fin des prises en charge par leur durée «excédant un an», face à un dispositif d'accueil «saturé». 

«La volonté du préfet est de préserver l'inconditionnalité de l'accueil, mais celui-ci doit faire l'objet d'un accompagnement social, permettant de réévaluer les situations et de trouver une issue à l'hébergement d'urgence», a-t-elle soutenu.

Une centaine de personnes, essentiellement des travailleuses sociales, se sont rassemblées à la mi-journée à Toulouse pour demander la réintégration des 33 femmes dans le dispositif d'hébergement d'urgence.

Les résidentes doivent quitter les lieux sous huit jours

Les associations de protection des femmes déplorent cette décision. «Depuis trois semaines, 33 femmes – certaines accompagnées d'enfants – ont été informées par les services de l'Etat de la fin de leur hébergement à l'hôtel, sans qu'aucune solution alternative ne leur soit proposée», ont déclaré la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) d'Occitanie et la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), dans un communiqué publié mardi 4 juillet.

«Sous huit jours, elles doivent quitter l'hôtel qu'elles occupaient depuis plusieurs mois», a expliqué à l'AFP Anne-Claire Hochedel, déléguée régionale de la FAS.

Ces organismes sont indignés, et pour cause : ils craignent non seulement que ces femmes soient contraintes de retourner vivre avec leur conjoint violent, mais aussi qu’elles soient obligées de se soumettre à d'autres violences, notamment sexuelles, «pour obtenir la possibilité d'être hébergées», a précisé Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale solidarité femmes.

Des situations similaires dans l'Essonne et en Vendée

Cette dernière a lancé une enquête au sein de son réseau d'associations pour savoir si des fins de mise à l'abri avaient été constatées ailleurs en France. Françoise Brié a indiqué avoir reçu deux autres «alertes» dans l'Essonne et en Vendée, sans savoir combien de femmes sont concernées.

Selon la déléguée régionale de la FAS, ces décisions de la préfecture s'inscrivent dans une politique générale de limitation du nombre de nuitées hôtelières pour les personnes sans domicile, qui sont coûteuses pour l'Etat.

Dans le budget 2023, le gouvernement avait initialement prévu de supprimer 14.000 places d'hébergement d'urgence, mais y avait renoncé après les protestations de maires et d'associations.

L'Etat crée en parallèle des places pour les femmes victimes de violences, avec l'objectif d'en atteindre 11.000 dans l'année. La FNSF estime qu'il en faudrait 15.000.

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