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Sécurité des pharmaciens : 366 agressions enregistrées en 2022, soit une par jour en moyenne

Le bilan annuel sur la sécurité des pharmaciens en 2022, dévoilé ce dimanche 4 juin, traduit une situation jugée «préoccupante» par l'Ordre national de la profession avec, en moyenne, un pharmacien agressé chaque jour en France.

Après avoir connu une forte augmentation durant la crise sanitaire liée au Covid-19, le nombre d'agressions subies par les pharmaciens est revenu à un niveau d'avant pandémie. Mais le bilan 2022, publié ce dimanche 4 juin par le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, montre que le phénomène reste conséquent, puisque 366 incidents ont été documentés l'année dernière. En moyenne, cela représente une agression déclarée chaque jour.

Ces violences, dont 14 ont été commises en outre-mer, regroupent des atteintes physiques, verbales, mais aussi des vols. Dans le détail, 355 agressions se sont produites en officine (dont 10 en outre-mer), 6 en laboratoire de biologie médicale et 5 en pharmacies à usage intérieur (PUI - dont 4 en outre-mer).

Les violences verbales et physiques à l'encontre des pharmaciens représentent, en officine, 70% des déclarations reçues par l'Ordre. Elles sont «principalement liées à un refus de dispensation» et, proportionnellement, sont en progression depuis deux ans, précise le bilan. Les déclarations concernant les PUI et laboratoires de biologie médicale font «exclusivement état d'injures et de menaces orales».

La part des agressions liées au Covid-19 a logiquement fortement baissé pour atteindre 8%, contre 28% en 2021. Les chiffres de 2022 semblent globalement bien inférieurs à ceux enregistrés durant la pandémie (avec un pic à 600 agressions à l'époque), mais l'Ordre des pharmaciens met en garde contre un effet trompe l'oeil puisque «les données traduisent néanmoins une augmentation de 17% par rapport à 2019».

Peu de plaintes déposées

Le bilan souligne par ailleurs le fait qu'aucun territoire n'est épargné par le phénomène, sachant que 30% des agressions ont été enregistrées dans des officines localisées «dans des communes de 5.000 habitants». Une situation jugée «préoccupante», aussi bien pour la sécurité des pharmaciens que pour celle des patients.

Afin de préserver «la sérénité de l'exercice pharmaceutique», l'Ordre encourage les professionnels à porter plainte à chaque fois qu'un tel incident se produit. En 2022, seuls 35% des pharmaciens l'ont fait. Dans 44% des cas, la victime n'a pas souhaité déposer plainte «par manque de temps, par peur des représailles, par absence de l'identité de l'agresseur ou justement parce que le patient est connu», ou encore parce qu'elle a estimé la démarche «inutile».

Adressant tout son «soutien» aux pharmaciens agressés, la présidente du Conseil national de l'Ordre, Carine Wolf-Thal, a appelé à refuser ensemble «de laisser les actes de violence se banaliser à l'encontre des pharmaciens, dévoués à la santé publique et à l'accompagnement quotidien des patients, parfois seul professionnel de santé encore accessible pour la population».

Pour «assurer aux pharmaciens des conditions d'exercice plus sereines», l'institution plaide pour la mise en place de plusieurs mesures telles que «la formation aux situations de conflits pour les professionnels de santé, la sensibilisation du grand public au respect des professionnels, la déclinaison locale et généralisée de mesures prévues par le protocole national de 2011, ou encore l'information systématique du professionnel des suites données à sa plainte, avec la plus grande fermeté pour les agresseurs».

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