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Arnaque à l'assurance : quelle est cette escroquerie de plus en plus répandue ?

Les assurances doivent lutter pour se protéger contre les fausses factures éditées par les escrocs pour obtenir des remboursements indus. [DENIS CHARLET / AFP]

Une nouvelle arnaque fleurit actuellement sur les réseaux sociaux. Des escrocs proposent de fournir des fausses factures optiques, dentaires, ou de garagiste pour obtenir des remboursements indus. Une pratique de plus en plus courante qui inquiète les autorités.

Une arnaque bien ficelée. Depuis quelques semaines, les autorités suivent attentivement les réseaux sociaux à la recherche de ces nouveaux arnaqueurs 2.0 qui proposent des techniques pour frauder les assurances. Pour ce faire, les escrocs proposent de fausses factures à se faire rembourser, avec des belles sommes à la clé. Une pratique lucrative mais très risquée, puisque les fraudeurs s'exposent à une amende de 350.000 euros et jusqu'à cinq ans de prison. 

Le principe est simple : moyennant une somme d’argent, un escroc fournit une fausse facture en provenance d’un dentiste, d’un opticien, ou d’un garagiste, qu’il est ensuite possible d’envoyer à son assurance afin d’obtenir un remboursement. Ainsi, il est possible de se faire rembourser 2.300 euros pour un implant dentaire jamais réalisé, par exemple, 1.200 euros pour le pare-brise d’une voiture jamais cassé, ou encore 800 euros pour des lunettes jamais commandées.

Pour éditer leurs fausses factures, les escrocs utilisent un simple programme Excel qui leur permet de créer des faux papiers au nom de professionnels de santé ou de réparateurs automobiles. Et afin de convaincre les internautes de céder à la tentation de l’argent facile, ils exposent des vidéos explicatives de l’arnaque sur Snapchat ou Telegram, captures d’écrans des remboursements reçus et même témoignages de clients comblés à l’appui.

800.000 euros de préjudice pour un escroc

Cette nouvelle arnaque a été mise en lumière l’été dernier par l’Association de lutte contre la fraude en assurance (Alfa), qui a été alertée par de nombreuses vidéos circulant sur les réseaux sociaux, invitant les utilisateurs à répondre à des «bons plans» pour frauder les assurances. Très vite, l’Alfa a mené l’enquête et identifié plusieurs centaines de factures d’implants dentaires sous la même forme, et d’un montant de près de 4.000 euros. Chaque facture était sous le nom d’un assuré différent.

Dès lors, l’Alfa a flairé l’arnaque et a contacté tous les professionnels de santé concernés. Au total, en deux mois, 25 professionnels se sont fait usurper leur identité et le préjudice global pour les assurances a été estimé à 800.000 euros, rien que pour cet escroc. 

Mais ce n’est pas tout. Lors de son enquête, l’Alfa a également repéré d’autres annonces sur les réseaux, avec d’autres dentistes, des garagistes, des opticiens, où parfois jusqu’à 300 fausses factures par praticien étaient émises, engendrant un préjudice d’une ampleur immense. Sur certaines vidéos, des escrocs jouaient même le rôle de rabatteur en offrant de l’argent, jusqu’à 100 euros, à toute personne qui ramènerait «un client» supplémentaire.  

Risque d'usurpation d'identité

«C’est un jeu très dangereux», insiste Maxence Bizien de l’Alfa. «Les assurés communiquent beaucoup d’informations : leur carte d’identité, leur carte Vitale ou leur carte grise, des identifiants de connexion, et il y a un risque d’usurpation d’identité, que vous respectiez ou non le deal», explique-t-il. «Parfois, si vous ne reversez pas 50% des gains, ces escrocs peuvent contracter des crédits à la consommation, ou vous menacer physiquement car ils ont votre adresse», renchérit-il. «Ce ne sont pas des enfants de chœur, certains trempent aussi dans le trafic de drogue, d’armes».

Il s’agit donc d’une pratique qui peut être très lucrative mais aussi s’avérer très dangereuse puisque les assurés pris la main dans le sac sont passibles d’une condamnation pénale pour escroquerie à l’assurance, avec une amende de 375.000 euros et jusqu’à cinq années de prison.

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