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Paris : «Si la Ville venait à interdire les trottinettes électriques, elle ferait figure d'exception», assure Lime

Une «votation» doit être organisée le 2 avril pour décider du maintien ou non des trottinettes électriques en free-floating à Paris. Une «votation» doit être organisée le 2 avril pour décider du maintien ou non des trottinettes électriques en free-floating à Paris. [© Philippe LOPEZ / AFP]

Sur la sellette depuis que la maire de Paris Anne Hidalgo a évoqué la possible non-reconduction de leur contrat, les 3 opérateurs de trottinettes électriques en free-floating Dott, Lime et Tier sont inquiets. Parmi eux, le plus ancien Lime – par la voix de sa directrice des affaires publiques Garance Lefèvre – défend son modèle.

Depuis que la maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé mi-janvier l'organisation d'une «votation» pour laisser les Parisiens choisir si oui ou non les trottinettes électriques en free-floating avaient bien leur place dans la capitale, les 3 opérateurs concernés – Dott, Lime et Tier – n'ont pas caché leurs inquiétudes.

Chez Lime, la directrice des affaires publiques du groupe Garance Lefèvre explique à quel point ce service de mobilité partagée s'est parfaitement implanté à Paris et assure être «très favorable à une régulation équilibrée» plutôt qu'à une interdiction pure et simple de ce mode de transports aujourd'hui très plébiscité.

Où en est Lime depuis son installation à Paris ?

Lime est un acteur pionnier du marché parisien, présent depuis 2018 avec des trottinettes électriques. Nous avons ensuite remporté l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) en 2020.

C'est à partir de ce moment-là que nous avons déployé une flotte de 5.000 trottinettes dans le cadre d'une convention d'occupation du domaine public, avec des places de stationnement dédiées et un certain nombre de règles mises en place pour qu'il y ait une cohérence à la fois sur le plan social et sur le plan environnemental.

Depuis le lancement, il y a eu une adoption très nette de ce mode de transport, avec 400.000 utilisateurs aujourd'hui. Soit un trajet qui démarre toutes les 4 secondes à Paris. Et malgré le Covid, et les épisodes de confinement successifs, chaque fin de confinement était synonyme d'un rebond d'activité. On ne cesse de battre des records d'utilisation.

Nous avons d'ailleurs réalisé une étude Ipsos, dans laquelle 88 % des Parisiens estiment que les trottinettes [électriques en free-floating, ndlr] sont une partie essentielle de l'offre de transport à Paris.

Le 24 novembre dernier, vous avez annoncé mettre en place une série de 11 mesures pour une meilleure régulation des trottinettes électriques en free-floating à Paris. Où en êtes-vous de leur déploiement ?

Nous avons été reçus par la Mairie de Paris à l'automne car la fin de notre contrat approche. La Mairie nous a fait part de son bilan, à la fois sur ce qui allait bien et sur les points à améliorer, et nous a demandé de faire des propositions d'amélioration de notre service.

Depuis, certaines d'entre elles ont déjà été mises en place, comme l'immatriculation de toute la flotte de trottinettes ou encore la vérification de l'âge des utilisateurs avec leur pièce d'identité. Mais il y a un certain nombre de propositions pour lesquelles nous n'avons pas eu de retour et qui sont pourtant dépendantes de la Ville, comme le lancement d'une plus grande campagne de communication.

D'autres enfin vont bientôt être mises en place, comme le renforcement des sanctions en cas de circulation sur le trottoir ou à deux sur la trottinette. Nous développons une technologie – baptisée «Lime Vision» – qui va graduellement être déployé sur l'ensemble de nos trottinettes et empêchera ce type de comportements. Nous nous sommes engagés à les bannir.

Justement, vous êtes principalement attaqués sur les questions de sécurité. Que répondez-vous à ces critiques ?

Nous ne pouvons pas nous substituer à la police, nous faisons ce qui est en notre pouvoir. En cas d'incident, nous pouvons ensuite donner des renseignements à la police, pour leur indiquer qui utilisait la trottinette à cette date et à cet endroit précis. Mais avant d'en arriver là, il y a toute la partie prévention. Nous nous efforçons de sensibiliser aux bonnes pratiques, au respect du Code de la route, aux questions de sécurité.

Ce qu'il faut avoir bien en tête quant à l'augmentation du nombre d'accidents, c'est que les chiffres doivent être mis en perspective. Les chiffres de la sécurité routière disent que les accidents [d'engins de déplacement personnel dont les trottinettes électriques, ndlr] ont augmenté de 180 %. C’est vrai, mais dans le même temps, l'usage a augmenté de 480 %. Ce n'est pas du tout proportionnel.

Concernant la votation qui doit être organisée le dimanche 2 avril prochain, vous et les autres opérateurs avez exprimé vos inquiétudes. Qu'en est-il aujourd'hui ?

La votation a été annoncée le 14 janvier par la maire de Paris Anne Hidalgo, et depuis, nous n'avons eu aucune informations concernant les modalités et les contours de ce scrutin. Nous avons compris qu'il aurait lieu plutôt dans les bureaux de vote physiques, mais ce n'est pas clair. Nous ne savons pas si le plus grand nombre de Parisiens pourront voter, et notamment en ligne. C'est un point sur lequel nous avons formulé une demande. L'enjeu est celui de la représentativité du scrutin.

Cette votation est vraiment l'occasion pour la Ville de faire un véritable exercice de démocratie participative, mais nous avons peu d'informations à ce jour. Notamment jusqu'à quand on peut s'inscrire sur les listes électorales ? Nous ne savons pas. Comment la question sera-t-elle formulée ? Nous ne savons pas non plus. Or, la formulation de la question sera décisive. Nous pensons que question devrait être : "est ce qu'il faut davantage réguler les trottinettes ou les interdire ?".

Car oui, nous sommes ouverts à la mise en place de conditions plus strictes. Celles définies il y a plus de deux ans, presque à la Préhistoire de la trottinette [électrique partagée, ndlr], sont obsolètes. Aujourd'hui, nous avons l'exemple de la Ville de Lyon, qui a mis en place des standards plus élevés de régulation, comme c'est aussi le cas de Grenoble ou encore Marseille.

Nous avons formulé des propositions pour plus de régulations, car un cadre régulé de la pratique contribue à faire que l'espace public est mieux partagé entre les différents modes de déplacement, et nous sommes très favorables à une régulation équilibrée et qui permette le développement de notre activité, dans un juste partage de l'espace public. Mais nous n'avons pas eu de nouvelles.

Perdre le marché parisien serait un vrai coup dur pour vous ?

Paris est un marché important, mais c'est surtout une vitrine en termes de développement et d'adoption des mobilités douces partagées. La ville a été la pionnière de la régulation et de l'accueil de ces modes de mobilités-là. Elle a depuis été copiée par énormément de villes. Aujourd'hui, si Paris venait à interdire ce mode de déplacement, elle ferait figure d'exception.

Lyon, Grenoble, Bordeaux, Madrid, toutes ces villles ont copié Paris. Aujourd'hui, des villes comme Oslo, Rome et Londres ont à leur tour mis en place la sélection d'opérateurs avec un cadre très strict qui fonctionne bien et permet de suivre l'activité, tout en faisant en sorte qu'elle serve les enjeux de politique publique de la ville.

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