En direct
A suivre

Paris : fini le tout béton, les logements sociaux sont désormais construits en pierre de taille

Les carrières de Rocamat sont situées à une cinquantaine de kilomètres au nord de Paris. Les carrières de Rocamat sont situées à une cinquantaine de kilomètres au nord de Paris. [© CNEWS]

A Paris, la pierre de taille n'est plus réservée aux immeubles haussmanniens, et permet désormais de construire ou de réhabiliter des logements sociaux. Pour les bailleurs sociaux, c'est l'assurance de fabriquer en local, avec des produits géosourcés et d'être efficient écologiquement parlant.

Fini le tout béton, la crise énergétique et les considérations écologiques sont passées par là, la pierre de taille redevient le matériau le plus plébiscité pour les nouvelles constructions. Y compris pour certains logements sociaux parisiens, construits ou réhabilités à l'aide de ce produit noble par excellence.

La pierre à nouveau plébiscitée à Paris

C'est le cas d'un immeuble neuf construit au 16, rue Jean Bart, à quelques pas du Jardin du Luxembourg, dans le 6e, dont la façade en pierre s'accorde désormais parfaitement aux immeubles haussmanniens qui l'entourent, ou encore d'un autre situé au 52, rue des Cévennes, dans le 15e. Même chose du côté de la ZAC Beaujon, dans le 8e.

Là, au 210 rue du Faubourg Saint Honoré, un immeuble de logements sociaux ainsi qu'un commissariat ont été réalisés en pierre de taille. Pour l'architecte Sarah Kabbaj, de l'agence NRAU, c'est avant tout un choix esthétique, qui permettait «une bonne insertion architecturale» du projet dans le quartier «à côté des immeubles haussmanniens».

Mais c'est aussi un choix écologique. «La pierre est un matériau très pérenne, plus qualitatif. Sans parler du bilan carbone bien meilleur que le béton ou la brique par exemple», souligne l'architecte, qui explique que seul le bois pourrait être une alternative écologique, sauf que celui-ci «vieillit mal en façade». Avant de lancer : «et puis, on a la chance d'avoir la pierre à côté de chez nous, donc autant l'utiliser».

Un choix défendu par Elogie-Siemp, l'un des bailleurs sociaux de la Ville de Paris, propriétaire de cet immeuble. «On a été séduit par le projet, et oui, la pierre de taille coûte plus cher, mais c'est aussi un pari sur l'avenir», assure Valérie de Brem, la présidente d'Elogie-Siemp, qui se dit prête à dépenser plus – jusqu'à 50 % plus cher pour la pierre de taille – si le projet en vaut la peine.

Des carrières à seulement 60 km de Paris

Et qui mieux que ceux qui travaillent dans ces carrières pour en parler. A Saint-Maximin, dans l'Oise (60), ce sont les carrières de pierre qui ont servi à ériger le château de Versailles, la Madeleine ou encore les Invalides, qui servent aujourd'hui à construire logements sociaux et commissariats.

Un savoir-faire ancestral «à seulement 60 km de Paris», se félicite Jean-Louis Marpillat, le président des carrières Rocamat, installées depuis 1853 dans cette petite commune communiste. Ici, on vante la qualité de la pierre de calcaire, 100 % naturelle et minérale, extraite et transformée sur place, mais surtout ses atouts environnementaux.

Deux fois moins polluante que le béton, la pierre de taille présente l'avantage d'avoir un «coût énergétique très faible», explique Jean-Louis Marpillat. «Pas besoin de cuisson, pas besoin de traitement, il n'y a que de la découpe», se targue le président de Rocamat, qui se réjouit de savoir que les pierres de ses carrières continuent d'être utilisées partout dans Paris.

C'est le cas pour l'Hôtel de la Marine, récemment restauré sur la place de la Concorde, mais aussi pour le Louvre des Antiquaires, rue de Rivoli, où des pans entiers de murs sont remplacés par de nouveaux. Plus impressionnant encore, les pierres de Rocamat vont servir à reconstruire les terrasses, les gouttières et certaines statues de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Un choix énergétique et esthétique donc, que Ian Brossat, l'adjoint à la mairie de Paris chargé du logement, défend lui aussi. «Nous portons deux volontés : celle de faire du logement social dans les arrondissements déficitaires et celle de faire du logement social de qualité», rappelle l'élu communiste, que se dit «très heureux» que la pierre «qui a servi à bâtir le Louvre et le Château de Versailles puisse aujourd'hui servir à construire certains de nos programmes de logements sociaux».

D'autres projets de construction ou réhabilitation en pierre de taille sont d'ailleurs en cours, avec une pension de famille rue de la Gaité, dans le 14e, et un autre programme rue Ramey, dans le 18e. Un moyen de rendre plus attractifs les logements sociaux, loin des clichés dont ils pourraient souffrir, même s'il y a toujours 200.000 personnes en liste d'attente pour obtenir un logement social à Paris, pour 250.000 logements sociaux existants.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités