En direct
A suivre

Terrorisme : pourquoi l'opération Sentinelle ne doit-elle plus être confiée aux militaires, selon la cour des comptes ?

Au total, 255.000 militaires ont participé à l'opération Sentinelle, depuis 2015. [Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

La cour des comptes a estimé lundi 12 septembre que la présence des militaires pour assurer l’opération anti-terroriste Sentinelle sur le territoire n’était «plus pertinente». Pourquoi ?

L’affirmation a de quoi surprendre. Lundi, les magistrats de la cour des comptes ont publié un rapport indiquant qu’il n’était «plus pertinent» de mobiliser les militaires au sein de l’opération anti-terroriste Sentinelle. Dans ce document, ayant pour but de réfléchir «au bon emploi des armées sur le territoire national», la juridiction financière a pointé plusieurs raisons pour justifier sa conclusion.

Une menace désormais intérieure

Elle a rappelé que la mission avait initialement été créée afin de répondre à une menace externe, avec des attaques pouvant être organisées «depuis le Levant (Proche-Orient, ndlr)». Or, selon elle, cette menace est désormais «devenue endogène». C’est-à-dire que les personnes susceptibles de passer à l’acte sont déjà sur le territoire national et agissent de façon isolée. Un profil souvent qualifié de «loups solitaires», que le rapport décrit comme «pas nécessairement affiliés à une organisation terroriste».

Partant de ce constat, les magistrats ont appuyé sur le fait que les militaires «ne disposent ni du renseignement intérieur, ni de pouvoirs de police, ni des armements appropriés en zone urbaine». Ainsi, ils «peuvent ne pas paraître les mieux placés», ont-ils estimé.

Recourir à l'armée doit rester une exception

La cour des comptes a aussi pointé que si les soldats, déployés pour rappel après les attentats de janvier 2015 pour protéger les «points sensibles» du pays, ont été au nombre de 7.000, avec des pics occasionnels à 10.000 en fonction du niveau de menace, ils ne sont aujourd’hui plus que 3.000 à patrouiller. Et d’estimer qu’il «ne devrait être recouru aux armées que lorsque les moyens de l’autorité civile sont estimés indisponibles, inadaptés, inexistants ou insuffisants».

Les magistrats ont estimé qu’il est de la tâche des «forces de sécurité intérieure de reprendre des secteurs d’activité qui leur reviennent en priorité et pour lesquels elles sont mieux équipées qu’en 2015». La cour des comptes a ainsi préconisé un «transfert progressif» de la mission à ces forces de sécurité intérieures (police, gendarmerie, douanes…).

Anticiper un possible engagement de la France à l'étranger

Par ailleurs, le rapport stipule qu’au regard de la situation géopolitique actuelle dans le monde, et surtout avec la guerre en Ukraine, «le scénario d’un engagement majeur en coalition» pour venir en aide à un allié est à prendre en compte. Une telle situation pouvant s’avérer de haute intensité, avec des ressources à mettre à disposition (hommes, armes), cela «nécessiterait une réduction conséquente des engagements au titre de Sentinelle».

Un coût important

Enfin, la cour des comptes étant un organe financier, le coût de l’opération est aussi mis en avant. Le rapport indique ainsi que la mobilisation des 255.000 militaires (95% issus de l’armée de Terre), de 2015 à 2021, a nécessité 3 milliards d’euros de dépense totale. Soit le «poids budgétaire le plus important des MISSINT (missions intérieures, ndlr)».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités