En direct
A suivre

Crèches : le recrutement de personnel non diplômé inquiète les syndicats

Victimes d'une pénurie de personnel, les crèches pourront bientôt recruter plus facilement des salariés non diplômés, et les former en interne. Un assouplissement qui inquiète une partie des professionnels.

Des règles assouplies pour le recrutement des salariés de crèches. Un récent arrêté ministériel, applicable le 31 août, officialise et harmonise les dérogations accordées «à titre exceptionnel» aux établissements, pour le niveau de qualification exigé des adultes qui prennent en charge les moins de trois ans.

Ces dérogations seront applicables dans un «contexte local de pénurie», précise le texte. L'employeur, s'il peut prouver qu'il a vainement cherché un salarié qualifié pendant au moins trois semaines, pourra embaucher un candidat non qualifié selon son expérience «notamment auprès d'enfants» et sa «motivation».

Pour le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE), le risque est de «brader» les qualifications des salariés déjà en place, et de voir des mesures exceptionnelles «devenir ensuite permanentes».

Maximum 15% des effectifs

L'idée n'est pas de créer une «dérogation nouvelle», mais plutôt de «sécuriser une dérogation qui existe depuis de nombreuses années», en lui adjoignant plusieurs «verrous», se défend le ministère des Solidarités qui gère le dossier. Les recrutements hors diplôme ne seront possibles qu'«en cas d'absolue nécessité», et ne pourront concerner que 15% des effectifs au maximum.

Les nouvelles règles prévoient que le salarié novice sera formé en interne via un «parcours d'intégration» de 120 heures, puis qu'il bénéficiera d'une formation qualifiante dans un délai maximum d'un an.

«On va demander à des professionnels déjà en sous-effectifs de former des gens», s'agace Emilie Philippe, éducatrice de jeunes enfants et porte-parole du collectif «Pas de bébé à la consigne», qui se mobilise depuis plusieurs années pour demander des moyens supplémentaires et un meilleur taux d'encadrement dans les établissements.

une revalorisation des salaires réclamée

Du côté des employeurs, la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC) a en revanche salué une «clarification», qui mettra fin selon elle à une situation jusqu'ici très floue et marquée par une grande disparité  dans les dérogations accordées, différentes d'un département à l'autre.

En revanche, l'arrêté ministériel ne s'attaque pas vraiment au problème de fond, à savoir la difficulté à trouver du personnel, relève la Fédération. D'autant que les dérogations ne concernent pas les 40% de salariés qui doivent toujours être dûment diplômés --puéricultrices, auxiliaires de puériculture, éducateurs de jeunes enfants, etc.

Pour embaucher davantage, syndicats et employeurs s'accordent sur la nécessité de revaloriser les salaires, ce qui passera nécessairement par des fonds publics. Ce sujet sera bientôt abordé, assure le ministère des Solidarités.

Selon des chiffres publiés en juillet par la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF), près de la moitié des quelque 17.000 crèches manquent de personnel: plus de 9.500 places, sur quelque 471.000, sont «fermées ou inoccupées à cause d'une difficulté de recrutement».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités