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Île-de-France : les prisons franciliennes sont-elles vraiment surpeuplées ?

Photo d'illustration de la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne (94). La prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne (94). [© Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Alors que l'Observatoire international des prisons (OIP) et Amnesty International ont appelé mi-juin «à un plan national d’urgence contre l’indignité en prison», les établissements pénitentiaires franciliens ne semblent pas épargnés par les problèmes d'insalubrité et de surpopulation.

«En mai 2022, 71.038 personnes étaient détenues en France et le taux d’occupation moyen en maison d’arrêt était de 138,9 %», fait savoir la section française de l'Observatoire international des prisons (OIP), dans son rapport sur l’état des conditions de détention en France. Un niveau de surpopulation comparable à celui observé dans les établissements pénitentiaires franciliens.

«pas loin des 130 % de taux d'occupation»

«Nous avons 13.070 personnes détenues réparties dans les 17 établissements pénitentiaires des huit départements d’Ile-de-France», révélait Stéphane Scotto dans une interview au Parisien, ce mardi 5 juillet. Le directeur interrégional des services pénitentiaires en Ile-de-France assurait être «pas loin des 130 % de taux d’occupation» dans la région.

Une situation alarmante qui n'est pas sans conséquence, puisqu'aujourd'hui, pas moins de 111 détenus franciliens dorment à même le sol. «On ne peut se satisfaire de demander à quelqu’un de dormir sur un matelas au sol. Ce sont des indicateurs que nous suivons, il y a 111 matelas au sol au total», regrette-t-il, assurant que «leur suppression [était] un objectif».

Mais le rapport de l'OIP fait également état d'autres difficultés auxquelles sont confrontés les détenus. A la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne (94), de nombreux courriers adressés à l’OIP dénoncent par exemple «la présence de souris, cafards, punaises et puces, ainsi que la présence de rats dans les cours de promenade». Dans certaines cellules, il peut y avoir une centaine de cafards», expliquait à l'OIP une personne détenue à Nanterre en septembre 2021.

Autre problème : le manque d'activités proposées aux détenus. Selon le Conseil de l’Europe, les personnes détenues devraient pouvoir accéder à des activités hors de cellule au moins huit heures par jour. Mais en moyenne, selon le rapport de l'OIP, les personnes détenues «bénéficient de 3h40 d’activités par jour en semaine, moins d’une demi-heure le week-end, toutes activités confondues».

vers la création de nouvelles places

«Mais dans les maisons d’arrêt surpeuplées, la plupart des détenus passent en réalité vingt-deux voire vingt-trois heures sur vingt-quatre à attendre l’heure de la promenade, enfermés en cellule» dénonce l'OIP. C'est pourquoi Stéphane Scotto affirme au Parisien «s'efforcer de développer les activités, veiller à la régulation carcérale, aux aménagements de peine et aux alternatives à l’incarcération».

En outre, pour lutter contre la surpopulation, le grand patron des prisons franciliennes souligne son souhait de «favoriser l’usage de toutes les places de détention». La région Ile-de-France bénéficie en effet «de 1.500 places en province où les conditions de détention sont plus favorables». Quand cela est possible, certains détenus franciliens peuvent donc y être transférés.

En attendant, des investissements massifs sont en cours dans les établissements les plus abîmés, notamment au centre pénitentiaire de Bois-d'Arcy, dans les Yvelines (78), où l'électricité est en train d'être refaite, et bientôt à Fresnes, dans le Val-de-Marne (94). Au total, 900 places supplémentaires vont également être créées «d'ici à 2023», se félicite Stéphane Scotto, à Meaux, en Seine-et-Marne (77), à Osny, dans le Val d'Oise (95) ou encore à Fleury-Mérogis, en Essonne (91).

En 2026, le projet «Villepinte 2» devrait permettre de doubler la capacité d’accueil de cette maison d'arrêt située en Seine-Saint-Denis (93), passant de 588 détenus aujourd'hui à plus d'un millier. Enfin, plusieurs autres constructions sont prévues, comme l'avait annoncé Jean Castex en avril 2021, à Noiseau, dans le Val-de-Marne (94) ou encore à Crisenoy, en Seine-et-Marne (77). Elles seraient respectivement dotées de 800 et 1.000 places.

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