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Essonne : le coup de gueule des élus face au phénomène de rixes entre jeunes

Le 23 février 2021, un jeune garçon de 14 ans avait été tué à Boussy-Saint-Antoine. Le 23 février 2021, un jeune garçon de 14 ans avait été tué à Boussy-Saint-Antoine. [© Thomas COEX / AFP]

C'est le département français qui concentre le plus grand nombre de rixes : en 2020, l'Essonne a été le théâtre d'un quart des affrontements entre bandes rivales survenus dans le pays. Un constat alarmant pour le président du conseil départemental, François Durovray, et les élus locaux, qui ont appelé l'Etat à l'aide, se sentant délaissés par les pouvoirs publics.

Longjumeau, Draveil, Mennecy, Sainte-Geneviève-des-Bois, Brétigny-sur-Orge, Boussy-Saint-Antoine, Saint-Chéron, Saint-Michel-sur-Orge... Toutes ces villes ont deux points communs : celui de se trouver en Essonne (91) et celui d'avoir été le théâtre de violents affrontements entre bandes rivales. Affrontements qui ont conduit à la mort de plusieurs adolescents ces dernières années.

Le chef de l'Etat invité à venir en Essonne

Un «phénomène global», selon les élus locaux, qui ne se restreint pas à l'Essonne, mais qui touche particulièrement le département. A tel point que 176 élus essonniens, «de toutes tendances politiques», ont décidé d'interpeller l'Etat pour «dénoncer» comme le souligne le président du département François Durovray «la sous-dotation en effectifs des services publics de l’Etat».

Ensemble, dans une tribune publiée dans Le Monde au début du mois, ils ont ainsi demandé au président de la République «de commencer son nouveau mandat par un acte fort, [...] de venir dans l’Essonne et de s’engager officiellement à rehausser les effectifs des services publics de l’Etat pour les forces de l’ordre, la justice et l’éducation» et ce, afin de «donner des perspectives» aux jeunes.

«Il n’est pas acceptable que notre territoire reste si nettement sous-doté en effectifs des services publics de l’Etat», écrivent-ils, citant le manque «d’enseignants, de surveillants, de médecins scolaires ou de pédopsychiatres», qui empêche d'«offrir à nos jeunes les bases nécessaires à l’intégration et à la promotion sociales, vecteurs de cohésion et de réussite».

Ou encore le manque «de policiers et de gendarmes pour prévenir la délinquance et la violence et pour appréhender ceux qui contreviennent aux lois de la République, pourrissent la vie de nos quartiers et pervertissent les enfants de plus en plus jeunes».

Mais surtout le «déficit de magistrats pour apporter une sanction, même symbolique, aux jeunes qui ont été interpellés». Avec un constat : «les délinquants sont trop souvent remis en liberté sans aucune réponse pénale, leur laissant un sentiment d’impunité qui les pousse à poursuivre leurs méfaits».

Des annonces trop vite oubliées ?

En juin 2021, le gouvernement avait pourtant présenté un grand plan de lutte contre les rixes. Au programme : la création de postes de médiateurs dans les commissariats et gendarmeries, une veille renforcée sur les réseaux sociaux, une présence policière accrue sur le terrain et enfin, la mise en place des «interdictions de paraître» comme alternative aux poursuites, qui permettent d'éloigner un jeune d'une bande.

Quelques mois plus tôt, en mars, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti avait pris la parole après une réunion inter-ministérielle sur le phénomène des rixes entre bandes rivales. Le Garde des Sceaux avait alors estimé que «la justice des mineurs [était] à bout de souffle», annonçant qu'il avait «réformé le code de justice pénale des mineurs», jugée «beaucoup trop longue».

Grâce à cette réforme – qui devait entrer en vigueur en septembre 2021 – le ministre voyait ainsi le moyen d'accélérer «la réponse judiciaire», qui devait intervenir «très vite». Beaucoup plus vite que les délais actuels. En parallèle, Jean Castex avait également annoncé un plan spécifique pour l'Essonne, que les élus attendent encore.

129 affrontements en 2021

En 2021, 129 affrontements ont encore été recensés dans le département. «Ce sont des conflits tribaux entre deux groupes, sans lien avec le trafic de stupéfiants, c'est de la pure violence», avait expliqué à l'AFP le vice-président du département chargé de la sécurité Alexandre Touzet.

«Aujourd'hui tu vas dire quelque chose à des petits, ils s'en foutent. Ils sont "matrixés", ils sont là dans les délires de clips, ils ont un couteau dans leur sacoche...», a ainsi témoigné une jeune femme ce jeudi sur France Info.

Une violence ancrée dans les mœurs donc, avec des protagonistes de plus en jeunes, selon le préfet Eric Jalon. «On a des jeunes qui grandissent chacun dans leur quartier et se retrouvent mélangés au collège ou au lycée», relate-t-il, estimant que ces derniers auraient dû «avoir eu des activités ensemble avant d'arriver au collège».

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