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Beauvau de la sécurité : police et justice réunies ce jeudi dans un contexte tendu

Alors qu'il avait été interrompu en mars dernier en raison de la crise sanitaire, le «Beauvau de la sécurité», vaste consultation sur la police et la gendarmerie, reprend ce jeudi 27 mai avec une table ronde consacrée aux relations entre la police et la justice.

Huit jours après la manifestation des policiers à Paris, rassemblement qui avait viré au procès en laxisme de la justice, le climat autour de la table risque d'être tendu et les discussions électriques. 

Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, présent aujourd'hui aux côtés des syndicats de police au ministère de l'Intérieur, avait été hué par des manifestants.

Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat de police Alliance, avait prononcé cette formule choc : «le problème de la police, c'est la justice !», qui, si elle avait indigné une partie des magistrats, avait sur le moment été accueillie sous les applaudissements des forces de l'ordre, preuve de la défiance mutuelle.

Darmanin et Eric Dupond-Moretti en front uni

Selon son entourage, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, se montrerait néanmoins confiant du bon déroulé des discussions à venir. Sur la forme, le ton devrait vraisemblablement être plus policé entre une manifestation vindicative et une réunion officielle, plus solennelle.

De même, Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti ont pris ces derniers jours le soin de ne pas envenimer les choses en s'affichant unis. 

«Le problème de la police, c'est la faiblesse des moyens de la justice», a rappelé le ministre de l'Intérieur dans une interview au Parisien. «La justice sans la police, c'est l'impuissance», a répondu en écho le ministre de la Justice au Journal du dimanche.

Sur le fond, les syndicats de policiers entendent quoi qu'il en soit se saisir de la réunion d'aujourd'hui pour faire avancer leurs revendications.

Les policiers ne veulent rien lâcher

Sans surprise, ils devraient ainsi continuer à pousser ce jeudi pour davantage de sévérité contre les agresseurs de policiers. Le meurtre du brigadier Eric Masson, tué à Avignon le 5 mai dernier, et avant lui celui de Stéphanie M. à Rambouillet ayant par ailleurs beaucoup choqué les esprits.

A la suite de ces drames, Jean Castex, avait fait voter par les députés plusieurs dispositions comme l'allongement à trente ans de la mesure de sûreté des condamnés à perpétuité pour un crime sur un policier ou un gendarme. La chambre basse avait également validé la limitation des réductions de peine pour les agresseurs des forces de l'ordre et la fin des rappels à la loi.

Reste que pour la plupart des syndicats de police, ces avancées sont toujours jugées insuffisantes. A la veille de la reprise du Beauvau de la Sécurité, le syndicat SCPN, organisation regroupant des commissaires de la Police Nationale a ainsi émis un communiqué pour mettre les choses au clair.

Dans sa note, le SCPN écrit notamment que, pour lui, «la vérité est que la Police et la Justice ne sont plus en mesure de traiter le contentieux de masse, la petite et moyenne délinquance, avec des milliers de procédures prescrites ou traitées par des voies de substitution ou d’alternatives».

D'après le SCPN, «les solutions ne peuvent donc aller que vers des mesures de simplification de la procédure pénale», soit «tout le contraire des réformes précédentes, et d’améliorer et renforcer la réponse pénale». Ce faisant, il émet toute une série de mesures de simplifications procédurales et d'autres pour renforcer et améliorer la réponse pénale.

Pour les Français, il semble d'ailleurs plus que temps d'agir. Un sondage CSA, dévoilé en exclusivité par CNEWS ce jeudi 27 mai, révèle ainsi que plus de huit Français sur dix (81 %) jugent la justice trop laxiste.

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