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Alain Bernard cherche ceux qui, comme sa mère, auraient servi de cobayes à un chirurgien de Gap

Alain Bernard veut rassembler les patients qui se disent victimes de ce chirurgien en un collectif.[CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

Alain Bernard utilise sa voix de champion olympique pour faire entendre la souffrance de sa mère. Cette dernière se dit victime d'un chirugien qui aurait testé sur elle une technique controversée, la cimentoplastie. Le nageur français a donc lancé un appel aux autres victimes du praticien, afin qu'elles se rassemblent au sein d'un collectif pour «faire valoir leurs droits».

Selon les informations du Parisien, Eliane Bernard, 71 ans, a été opérée par un chirurgien de l'hôpital de Gap (Haute-Alpes). Ce dernier est soupçonné d'avoir expérimenté, sur elle et sur une centaine d'autres patients entre 2015 et 2017, une technique appelée cimentoplastie discale. Cela consiste à injecter du ciment dans les disques de la colonne vertébrale.

Neuf patients ont déjà porté plainte, se plaignant notamment de fuites de ciment qui entraînent douleurs et complications. Des expertises ont par ailleurs jugé cette procédure chirurgicale «non-conforme» et «non-validée en France».

Le procureur de Gap a ainsi décidé d'ouvrir une enquête préliminaire qui doit déterminer si les patients ont subis une technique expérimentale sans avoir été prévenus. En parallèle, le mis en cause a été suspendu de ses fonctions.

Eliane Bernard souffrait pour sa part d'une hernie discale. Elle explique que son chirurgien lui a prescrit une cimentoplastie discale afin d'«éviter une cruralgie (irritation ou compression du nerf fémoral, NDLR)». Le 9 janvier 2017, lors de l'opération, il lui a cimenté cinq disques.

«Il a agi sans mon consentement»

«A aucun moment il ne m'a précisé qu'il allait utiliser une nouvelle technique chirurgicale, assure-t-elle. Je n'ai jamais signé aucun document en ce sens. Il a agi sans mon consentement.» Les douleurs ont tourmenté la mère du champion olympique dès mars. Réopérée par un autre chirurgien pour pallier une fuite de ciment, elle souffre encore aujourd'hui.

«J'ai des douleurs la nuit, le matin au réveil. Pour me lever, c'est compliqué. Quand je marche, dès que ça monte, je suis obligée de m'arrêter. C'est un gros handicap», déplore-t-elle.

Parce que la souffrance de sa mère lui est «insoutenable», Alain Bernard a décidé d'agir. En réunissant les victimes de cimentoplastie discale, il espère pouvoir «dénoncer cette pratique abusive, recenser un maximum de patients lésés et recueillir leurs témoignages sur leurs douleurs, leur handicap, leur vie détruite. Pour qu'ils ne se sentent pas seuls. Les aider aussi dans leurs démarches, dans les procédures judiciaires qui vont être longues.»

Leur parole sera confrontée à celle du chirurgien incriminé, qui maintient que sa technique est valide et se dit victime d'une campagne diffamatoire. Pour l'heure, Alain Bernard indique que quatorze personnes ont répondu à son appel et encourage d'autres a faire de même : «En tant qu'ancien sportif, je sais que l'esprit du collectif peut avoir un poids très fort. L'union fait la force».

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