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Bernard Bouveret, résistant ayant sauvé 200 juifs, est mort

Le Jurassien Bernard Bouveret, photographié ici en 2013, s'est éteint à 96 ans. Le Jurassien Bernard Bouveret, photographié ici en 2013, s'est éteint à 96 ans. [SEBASTIEN BOZON / AFP].

Il est l'homme aux 200 vies. Pas pour les avoir vécues, mais pour les avoir sauvées. Bernard Bouveret, passeur du Jura et héros discret connu pour avoir protégé des dizaines de familles juives au cours de la Seconde Guerre mondiale, s'est éteint samedi 7 novembre, à l'âge de 96 ans.

Au départ, il n'était pas mieux qu'un autre, avait-il lui-même affirmé à la CICAD, une organisation suisse de lutte contre l'antisémitisme, qui, en 2014 lui avait consacré un portrait.

Il aurait pu choisir le mauvais camp, si un soldat allemand n'avait pas un jour décidé de déchirer le petit drapeau tricolore qu'il arborait sur son vélo.

Les nazis venaient alors de s'installer dans son village de Chapelle-des-Bois (Doubs), que l'humiliation subie a fait aussitôt naître chez Bernard Bouveret un besoin profond «de faire quelque chose».

Un résistant jeune et déterminé

Le Jurassien n'a pas encore 16 ans, en 1940, qu'il s'engage dans la résistance au sein du réseau du Risoux, du nom du massif longeant la frontière avec la Suisse voisine.

Connaissant l’épaisse forêt du même nom comme personne (orthographiée «Risoud» en Suisse, NDLR) il la parcourt sur des kilomètres.

[Risoud : les passeurs de mémoire, archives de la RTS]

D'abord pour transporter des documents secrets, comme des micro-films, avant de guider des familles juives à travers des sentiers confidentiels pour éviter les troupes ennemies.

L'efficacité de Bernard Bouveret est telle qu'il devient rapidement l’un des passeurs les plus fiables du réseau.

«Il a été de ceux qui ont ouvert des chemins de liberté», a expliqué l'écrivain et professeur de lettres Gisèle Tuaillon-Nass à franceinfo, qui lui a consacré un livre en 2011.

«Une fois il y avait une dizaine de personnes, dont deux petits gamins. On les a portés sur nos épaules avec un ami qui était là puis on les a montés jusqu’à la frontière ; et puis une fois qu’ils étaient sûrs en Suisse, on les mettait sur un chemin où ils ne pouvaient plus se perdre et descendaient automatiquement sur la Suisse», lui avait-il un jour raconté. 

Déporté à Dachau

Mais malgré sa connaissance hors-pair du terrain, la résistance reste une aventure pleine de dangers.

Un jour, un de ses camarades, passeur lui aussi, perd la vie dans la forêt, touché par des balles allemandes.

Et pour Bernard Bouveret, l'effroi frappe le 6 avril 1944. Son père et lui sont arrêtés par la Gestapo et passent un mois en prison, à Dijon.

Direction l'Allemagne, dans le camp de concentration de Dachau, près de Munich, où ils passent plus d'une année, travaillant douze heures par jour à la construction de moteurs d'avion.

Les témoignages à son sujet sont unanimes : Bernard Bouveret n'a jamais eu aucun regret.

«Jamais il ne s’est mis en avant. ‘J’ai fait ci, j’ai fait ça’. Non, c’était toujours d’une grande simplicité», résume Gisèle Tuaillon-Nass pour conclure sur la vie à nulle autre pareille de ce héros si discret.

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