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Attentats de janvier 2015 : ouverture d'un procès historique et symbolique

Plus de cinq ans après les attaques, la justice va définir les responsabilités des accusés et écouter les victimes.

Des images qui nous hantent toujours. Entre le 7 et le 9 janvier 2015, la France et Paris a connu une série d’attentats qui l’ont marquée à jamais. Trois jours d’horreur qui ont commencé par le raid sanglant des frères Kouachi dans les locaux de Charlie Hebdo, et se sont terminés par la prise d’otages des clients de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes par Amédy Coulibaly. Avec, entre les deux, le meurtre du policier Ahmed Merabet, tout près du journal satirique, et celui de sa collègue Clarissa Jean-Philippe, à Montrouge.

Au total, dix-sept personnes ont perdu la vie pendant ces trois journées sombres. Cinq ans après, le traumatisme reste vif et c’est aux assises spéciales de Paris que se tient, à partir d’aujourd’hui, un procès historique.

144 témoins et 14 experts

Quatorze accusés (mais aucun des auteurs directs), 49 jours d’audiences, 171 tomes de procédures, 144 témoins, une dizaine d’experts… Les chiffres de cette audience impressionnent. Ils sont à la hauteur de la vague d’émotion provoquée par ces événements il y a cinq ans. Notamment cette manifestation monstre, le 11 janvier 2015, à Paris, avec le fameux slogan «je suis Charlie» en étendard.

Le procès, qui doit durer jusqu’au 10 novembre, aura une autre particularité. Fait rare, il sera intégralement filmé en raison de son «intérêt pour la constitution d’archives historiques». Toutefois, les images ne seront pas diffusées avant 50 ans, selon le code du patrimoine.

Il aura pour but de déterminer le rôle des quatorze accusés (trois sont jugés en leur absence) dans la préparation des attaques visant trois symboles forts de la société française : la liberté d’expression, les forces de l’ordre et la communauté juive. Si les trois terroristes ont tous été abattus, ce sont leurs complices présumés qui se retrouvent sur les bancs de la cour d’assises spéciale, soupçonnés à des degrés divers de soutien logistique.

Pendant deux mois et demi, ils devront donc répondre de «complicité» de crimes terroristes, passible de la prison à perpétuité, et d’«association de malfaiteurs terroriste criminelle», une charge pour laquelle les prévenus encourent vingt ans de réclusion. Un seul comparaît libre sous contrôle judiciaire pour «association de malfaiteurs» simple, un délit puni de dix ans de prison.

Les attentes des victimes

Pour les quelque 200 personnes qui se sont constituées parties civiles, ce procès est une étape clé. Certaines viendront «approcher la vérité», comme l’a confié auprès de Franceinfo le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard. En effet, «les premières semaines vont être consacrées à la parole des victimes. Elles vont pouvoir expliquer, demander, tenter de comprendre et ça c’est fondamental», a-t-il expliqué.

Michel Catalano, patron de l’imprimerie où s’étaient réfugiés les frères Kouachi, espère que le procès lui permettra de «tourner la page» de cinq années de «boule au ventre». Otage dans l’Hyper Cacher, l’ex-ambassadeur Alain Couanon regrette que ce ne soit «pas le procès de l’assassin, mais seulement de ses complices présumés. Ce n’est pas la même chose que si c’était quelqu’un que j’avais vu», a-t-il confié.

Cette «frustration» ne devrait pas être un problème, selon le procureur national antiterroriste car, même présents à leurs procès, les terroristes «restent soit silencieux, soit font des provocations». «La plupart du temps on n’en sait rien de plus», conclut-il.

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