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Qu’est-ce que la glottophobie, la discrimination dont est victime Jean Castex ?

La glottophobie est une discrimination liée à une certaine façon de parler. [©Thomas COEX / AFP]

Depuis sa nomination à Matignon, Jean Castex, originaire du Gers, est victime de glottophobie sur les réseaux sociaux en raison de son accent du sud-ouest.

Le nouveau premier Ministre, aussi maire de Prades dans les Pyrénées-Orientales, a en effet fait l’objet de plusieurs moqueries sur la Toile après avoir pris la parole ce vendredi lors de la passation de pouvoir avec Edouard Philippe et de son intervention télévisée sur TF1 au journal de 20 heures.

«Ah merde... Il a le même accent que Maïté Jean #Castex», «Par contre c'est chaud l'accent de Jean Castex», «Jean Castex a tout de même un sacré accent du sud. Et ça c'est disruptif pour un PM», «Son accent rocailleux genre 3eme mi-temps de rugby», peut-on notamment lire sur les réseaux sociaux.

Autant de commentaires qui relèvent de la glottophobie, une discrimination liée à une certaine façon de parler. Elle vise par exemple les locuteurs qui ne s’expriment pas dans la langue officielle d’un État ou qui ont un accent régional. Ce terme a été inventé dans les années 1990 par Philippe Blanchet, sociolinguiste et professeur à l’université de Rennes, auteur de «Discriminations: combattre la glottophobie» (éd. Textuel).

Selon ce dernier, la glottophobie se définit comme «le mépris, la haine, l’agression, le rejet, l’exclusion, de personnes, discrimination négative effectivement ou prétendument fondés sur le fait de considérer incorrectes, inférieures, mauvaises certaines formes linguistiques usitées par ces personnes, en général en focalisant sur les formes linguistiques», a-t-il expliqué lors d’un entretien accordé aux Éditions Assimil.

Et cette discrimination ne date pas d’hier. La glottophobie s’est répandue à partir de la Révolution française, a expliqué Philippe Blanchet, et plus précisément lors de la Terreur, en 1793, avec l’imposition du monolinguisme de langue française. «Le français, langue de Paris dans sa variété aristocratique, est érigé en pilier et en symbole quasi religieux de l’unité nationale», tandis que les autres langues sont combattues.

Elle s’est ensuite développée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, au moment où la majorité de la population parlait français, mais «des français variés», a-t-il ajouté auprès du Huffingtonpost. «Après avoir évincé les différentes langues de France, on a cherché à effacer les différentes façons de le parler».

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