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A Paris, la longue attente pour la réouverture des parcs et jardins

La mairie demande la réouverture de ces espaces verts, refusée par le gouvernement.[© ERIC PIERMONT / AFP]

«On nous dit d'attendre, alors on attend» : Florence Carlos admire depuis le portail les allées du parc Floral, toujours fermé comme tous les parcs et jardins de Paris, au centre d'un bras de fer entre le gouvernement et la maire de la capitale.

«Quelque part, ça nous manque (...) de marcher, regarder les fleurs, les plantes, la verdure, la nature», confie Florence Carlos, 63 ans, tandis qu'à quelques chemins d'elle, des groupes affluent au bois de Vincennes (dans l'est de Paris), rouvert lundi 11 mai, pour jouer sur l'herbe, bronzer à la faveur d'une après-midi clémente. 

Assise sur un banc devant l'entrée du parc Floral, la sexagénaire, admire le paysage de loin, et regrette la «promenade, (parce que) ça fait du bien», «ça aide à s'évader» et «ça change de la maison».

Les refus du gouvernement

Mais, comme les plus de 2 millions de Parisiens, elle devra attendre le feu vert du gouvernement, qui continue de balayer d'un revers de la main les demandes réitérées de la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, de rouvrir les parcs et jardins de la capitale.

Convaincue que leur accès relève d'«une question de santé publique», l'édile s'étonne qu'on puisse «prendre le métro mais pas marcher dans un parc». 

«Ne pas laisser les Parisiens aller dans les parcs et jardins ça veut dire les laisser s'agglutiner sur les trottoirs et dans la rue», insiste son adjointe aux Espaces verts, Pénélope Komitès.

Preuve s'il en faut : depuis le déconfinement lundi, les forces de l'ordre sont intervenues à plusieurs reprises pour évacuer les quais du Canal Saint-Martin et les escaliers du Sacré Coeur, où des dizaines de Parisiens amassés sur des bouts de trottoirs ou des marches, célébraient leurs retrouvailles sans respecter les règles sanitaires.

«Paris est situé en zone rouge», a rappelé mercredi la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, au lendemain d'un refus ferme du ministre de la Santé.

«Ces parcs – et on l'a vu avec ce qui s'est passé sur les berges du Canal Saint-Martin – peuvent favoriser les regroupements de personnes, les croisement de flux, a ajouté jeudi le secrétaire d'Etat Laurent Nunez sur LCI. Et donc, dans la période actuelle, cette réouverture serait synonyme de danger sanitaire. C'est pour cela qu'ils sont interdits à ce stade jusqu'au 2 juin, nous verrons après.»

«Des enfants sages»

Après de vives protestations, le département au nord de la capitale a lui gagné son bras de fer. Le préfet de Seine-Saint-Denis a ainsi autorisé la réouverture du Parc Georges Valbon (à La Courneuve) à partir de jeudi, à titre expérimental.

«Pourquoi ce qui est apparemment opportun en Seine-Saint-Denis ne le serait pas à Paris ?», interroge Pénélope Komitès. «Les Parisiens sont tout à fait capables de comprendre (...) et suffisamment intelligents pour respecter les gestes barrières», insiste l'élue.

Depuis une dizaine de jours, la mairie de Paris propose au gouvernement de n'ouvrir que les parcs et jardins qui n'ont pas d'aires de jeux pour les enfants (soit 160 sur 400 environ), et les neuf grands parcs (Montsouris, Monceau, Buttes-Chaumont, entre autres).

Pour éviter tout attroupement, la mairie propose de n'autoriser que les promenades, interdire les pique-nique, rendre obligatoire le port du masque et limiter le nombre de personnes à l'intérieur au même moment.

«On y a droit comme tout le monde», souffle Christian Drouot, 66 ans. «Si ça se passe bien, on aura plaisir à aller gambader», souffle le jeune retraité, qui au cours des ses dernières ballades, sur des allées à l'abri des regards, s'est émerveillé en regardant «des lilas, la glycine, les fleurs pousser».

A la faveur du confinement, de la diminution de bruit et de pollution, paons, insectes, papillons, hirondelles, abeilles, fauvettes, pinsons, et bernaches ont repris toute leur place au milieu d'un parc Floral, déserté.

Un spectacle qu'envie Christian Drouot, mais «ce sera pour plus tard, si on le mérite». Et pour cela, suggère-t-il, «il faut être des enfants sages».

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